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Romandie

Romandie

Titel: Romandie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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par
démagogie, sont souvent les complices actifs ou passifs des révolutionnaires
étrangers, dont les Fazy et les Druey comptent se servir pour arriver au pouvoir.
J’ose espérer, ma chère Charlotte, que les Lausannois sont, eux aussi, sur le
qui-vive, dit M me  Laviron.
    — Oh ! les Lausannois, chère amie, n’ont, pour l’instant,
qu’une préoccupation, la construction du Grand-Pont. Il était temps que les
travaux commencent, car on tergiverse pour des questions de gros sous depuis
que les plans d’Adrien Pichard ont été adoptés, en décembre 1836, dit M me  de Fontsalte.
    La conversation étant lancée sur les embellissements de
Lausanne, chacun, dans le brouhaha des échanges, apporta sa contribution.
    La capitale du canton de Vaud, important carrefour
commercial en concurrence avec Vevey, comptait maintenant près de quinze mille
habitants. La ville aux sept collines, aux rues pentues, parfois pavées, pâtissait,
à cheval sur le Flon, d’une situation qui faisait son charme. Le Flon, gros
ruisseau venu du Jorat, traversait les communes du Mont et d’Epallinges, avant
d’entrer dans Lausanne et d’aller se jeter dans le Léman, près de la Maladière,
dans la plaine de Vudy. Il coupait la ville en deux par une profonde ravine. Depuis
qu’un membre du Grand Conseil vaudois, M. Correvon, avait déclaré avec
sérieux, en 1838, que sur la route de l’Italie à Calais subsistait « un
point intolérable, la traversée du Flon [131]  », on
sentait l’urgence de mettre en train le plan d’aménagement de Lausanne. Il y
régnait en effet, d’un bout de l’année à l’autre, une intense circulation, qui
provoquait sur les voies principales d’énormes embouteillages et de fréquents
accidents. Plus de mille chars traversaient chaque jour la ville, passage
obligé sur les itinéraires Jura-Valais et Genève-Berne. À l’intérieur de la
cité, pour se rendre de Saint-François ou de Montbenon à Saint-Laurent, c’est-à-dire
des quartiers sud à ceux du nord, les convois devaient descendre un chemin
abrupt jusqu’au Flon, franchir le ruisseau à gué et remonter, sur la rive
opposée, par une pente raide. Le projet, préparé par l’ingénieur cantonal
Adrien Pichard [132] ,
neveu du landammann Pidou, diplômé à Paris de l’École polytechnique et de l’École
impériale des ponts et chaussées, paraissait grandiose et audacieux. Il
consistait à lancer sur le ravin du Flon un pont de cent quatre-vingts mètres
de portée, établi à vingt-cinq mètres au-dessus du ruisseau, sur une double
rangée d’arches. Il en coûterait, disait-on, cent trente mille francs à la
ville de Lausanne et deux cent soixante-dix-sept mille francs au canton de Vaud.
De plus, pour éviter aux Lausannois l’inconvénient des charrois qui rendaient
leurs rues bruyantes et dangereuses, l’ingénieur avait fait admettre la
création, autour de la ville, d’une grande route de ceinture, que le percement
d’un tunnel sous la Barre et le comblement du vallon de la Louve rendraient « presque
horizontale ».
    C’est sur les plans d’Adrien Pichard qu’avait déjà été
construit le grand pénitencier de Béthusy. Conçu comme les plus modernes prisons
des États-Unis il était, depuis son inauguration, en 1824, fréquemment visité
par des architectes européens, curieux de voir ce superbe édifice d’avant-garde.
C’est encore Pichard qui avait encouragé l’architecte Henri Fraisse à édifier
la nouvelle Grenette de Lausanne. Avec ses quatre-vingt-quatorze colonnes
carrées en grès, hautes de dix mètres, et ses quarante-deux mètres de côté, elle
servait non seulement de halle aux grains, sa destination première, mais aussi,
certains jours, sous tentures et girandoles, de salle des fêtes et banquets.
    La cité, qui accueillait chaque année de plus en plus de
touristes, pouvait maintenant les héberger dans un palace comparable aux grands
hôtels de Londres ou de Paris, l’hôtel Gibbon, du nom d’un des plus prestigieux
historiens britanniques, auteur de l ’Histoire de la décadence et de la chute
de l’Empire romain, qui avait passé de nombreuses années à Lausanne chez
son ami Georges Deyverdun.
    Cet établissement de cent quarante lits offrait, au sommet d’une
succession de terrasses, « une vue incomparable sur le lac et les Alpes ».
Il avait été bâti en deux ans par Henri Fraisse, place Saint-François, sur l’emplacement
d’un grand parc, propriété de M

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