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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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sommeil fraternellement surveillé.
    Au début de février 1945, une équipe composée de S. S. et d’un médecin passe un soir dans les blocks de Klinker, tous consignés : « Le camp va être évacué, disent-ils… Que ceux qui ne se sentent pas la force de partir à pied se fassent connaître. » Cruel dilemme pour chacun ! Sur les trois mille cinq cents détenus de Klinker, quatre cents environ choisissent le train. Le 13 février, ils sont rassemblés sur la place d’appel avec leur couverture et leur gamelle, puis ils partent pour le grand camp. On saura plus tard qu’ils n’y sont restés que quelques heures. Certains disent en avoir vu entrer à l’Industriehof, là où se trouvent la chambre à gaz et le crématoire de Sachsenhausen. En fait, la plupart sont repartis en transport vers Mauthausen pour y être exterminés.
    À Klinker, l’activité se poursuit, fortement perturbée par les alertes aériennes. Un jour, un bombardier allié est touché par la D. C. A. allemande. Trois parachutes s’ouvrent dans le ciel et, quelques minutes après, les aviateurs touchent terre à l’intérieur du kommando, vers la fonderie. Ils s’empressent de jeter aux détenus les cigarettes qu’ils ont dans leurs poches. Des Russes, malgré les coups de pied des gardiens, touchent les combinaisons de vol et narguent les S. S. en criant : «  Prima Material ! » (beau matériel). Les aviateurs sont emmenés rapidement et l’on pense qu’ils ont été fusillés à Sachsenhausen par les nazis, ivres de colère et de rage.
    À Klinker cependant, la recrudescence des raids encourage les détenus, car elle laisse pressentir l’écroulement du Reich hitlérien, la fin des souffrances. Mais, dernier et plus terrible des paradoxes qui abondent dans l’histoire de Klinker, le 10 avril 1945 c’est un bombardement allié sur la région qui pulvérise l’usine et le kommando, tue des centaines de détenus dont nombre de Français. Klinker n’est plus qu’un tas de briques fumantes.
LES HOMMES NOIRS DU SCHWARZKOMMANDO
    D’abord installé dans le camp annexe de Klinker, puis transféré vers la mi-1944 dans celui de Heinkel, le Schwarzkommando est redouté de tous les détenus. Il signifie le plus souvent une mort rapide dans des conditions atroces. Tziganes et personnes âgées le composent en grande partie, deux catégories particulièrement vouées à l’extermination par les S. S. Ces hommes sont condamnés à désagréger à la main des batteries électriques et de grosses piles sèches hors d’usage pour en retirer le cuivre, le zinc, le charbon. La poudre noire du dépolarisant des piles, le bioxyde de manganèse, s’incruste dans leur peau de manière quasiment indélébile. Ce sont les « hommes en noir » qui donnent leur nom au Schwarzkommando, le « kommando noir ».
    Dès les premiers jours, Robert Franqueville souffre de violents maux de tête. Il est oppressé : « Nous respirons un air chargé de poussière de charbon, imprégné d’acide, qui ne tarde pas à mettre les poumons dans un état lamentable. Aucun tablier protecteur, pas de gants… Au bout d’une semaine, la peau des doigts est complètement brûlée par l’acide qui s’échappe des batteries. La moindre écorchure s’infecte et devient furoncle ou phlegmon. Nos effets s’en vont en lambeaux et la crasse noire qui nous défigure ne part légèrement qu’avec du sable. Après trois mois, je suis méconnaissable… »
    Aimable Lesigne se plaint lui aussi de ses doigts rongés par l’acide, mais il redoute en plus la douche du soir. Elle n’enlève pas le noir et est source de brimades supplémentaires : « Les gardiens alternent l’eau brûlante et glacée sans que nous puissions échapper aux jets. Puis, les pieds nus, nous traversons la cour vers un poste d’inspection : celui qui a les pieds sales reçoit la schlague. Pour l’éviter, nous avançons dès la sortie des douches en sautant sur un pied et c’est l’autre, resté propre, que nous présentons à l’inspection… » Les S. S. s’en satisfont, car ils n’ignorent pas que cette marche à cloche-pied contribue à affaiblir leurs victimes auxquelles ils réclament cependant des rendements de plus en plus grands : pour hâter leur élimination « naturelle ».
    La situation empire encore quand le Schwarzkommando vient à Heinkel après le bombardement d’avril 1944 et l’arrêt de la construction des avions. On lui affecte le hall 5,

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