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Serge Fiori : s'enlever du chemin

Serge Fiori : s'enlever du chemin

Titel: Serge Fiori : s'enlever du chemin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Thériault
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Denis Grondin, du légendaire journal Pop Rock. Dès
le lendemain matin, l’album joue sur la plupart des chaînes des bandes AM et FM. Au volant de son tacot, Serge
entend tourner Pour un instant à la radio. Ému, il s’arrête
au bord de la route et éclate en sanglots. Pour la première
fois, il prend conscience qu’il pourrait bien devenir une star   : «   J’entrais dans des magasins de disques et partout, il y avait des piles de disques de nous   ! J’en prenais un, je
regardais la pochette et je me disais   : “Aie, c’est moi ça   !”
C’était comme irréel, tous ces gens qui payaient leur disque de moi au comptoir   !   »
    Il réalise que sa vie vient de changer, irrévocablement.
Plus rien ne sera plus jamais pareil, toute son existence va
être bouleversée, même sa vie personnelle   : ce jour-là, Serge Fiori devient un homme public et Lucie, qui voyait déjà
son conjoint lui échapper, se demande maintenant ce qu’il
adviendra de leur couple. Elle ne s’est jamais plainte et n’a
jamais blâmé son amoureux, mais les difficultés sont bien
réelles. Et elle n’est pas la seule à devoir s’adapter   : Marie,
la compagne de Michel, et Jacqueline, celle de Louis, se
posent les mêmes questions et éprouvent des doutes similaires. Quelques semaines après la sortie de l’album, dans
le sillage de son succès fulgurant, les trois femmes parlent,
sur le plateau de l’émission Femmes d’aujourd’hui, à la télé
de Radio-Canada, des difficultés que comporte la vie avec
une star.
    Harmonium vendra, en quelques mois, plus de cent
mille albums   ; le groupe décide de partir en tournée.
    À Toronto, lors d’un spectacle promotionnel organisé
par Quality records, les critiques sont unanimes   : Harmonium est encensé. Mieux encore, lors d’entrevues, Serge s’exprime dans un anglais impeccable, ce qui ravit et
charme les Ontariens   : ces derniers découvrent en Fiori un
homme profond, d’un humour intelligent et rare.
    Il est vrai que sur scène, au Québec, Serge est lié directement à son public et vit là ses plus grands moments de
bonheur. Charmer et transporter la foule devient sa raison d’être   ; lui offrir un pays à travers sa foi et sa musique
constitue son objectif. En présence des spectateurs, son
cœur s’ouvre, son cerveau fonctionne à plein régime   : c’est
l’apothéose   ! Cette connexion qu’il entretient avec chacun
de ses fans devient son moteur. Il se remémore que le moment le plus intense, presque orgasmique, c’est quand il
gravissait les marches pour monter sur la scène, gonflé à
bloc et transporté par l’impatience d’un public qui l’acclamait avant même qu’il ait joué sa première note. Les lumières s’éteignaient   ; dans le noir, il s’avançait lentement sur
scène, profitant de chaque seconde de cet instant d’extase.
Il contemplait les milliers d’allumettes qui scintillaient
dans la nuit, distinguait les silhouettes de centaines de
spectateurs qui ne le voyaient pas encore avant de lancer
le premier accord d’ Aujourd’hui je dis bonjour à la vie .
    La relation organique qui s’amorçait alors entre le groupe et son public durait plusieurs heures, sans interruption,
sans hiatus, sans fausse note. Tout se mettait en place dès
les premières mesures   ; le public entonnait les chansons
avec son idole et la communion se produisait aussitôt,
dans une relation que Serge qualifiera plus tard de spirituelle. Sur la scène aussi, le bonheur se révélait complet.
Porté par la musique, le trio échangeait des regards béats
et complices, des sourires de plénitude   ; l’harmonie était
parfaite. Cet espace de liberté donnait des ailes à Serge,
et il entretenait son public en se lançant, entre les pièces,
dans de longs et hilarants monologues improvisés, dont il
ignorait la chute au moment de lancer les premiers mots.
Il n’est pas étonnant, après quelques années de fréquentation des Meunier, Saïa et compagnie, qu’il ait développé
ce sens de l’humour qui devint en quelque sorte la marque
de commerce des spectacles d’Harmonium. Lorsqu’arrivait la dernière pièce du spectacle, Un musicien parmi
tant d’autres , le refrain «   où est allé tout ce monde qui avait
quek’chose à raconter   » se transformait, porté par la voix
des milliers de fans, en véritable hymne à la nation   ; le
groupe n’arrivait plus à mettre un terme à la

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