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Services Spéciaux - Algérie 1955-1957

Services Spéciaux - Algérie 1955-1957

Titel: Services Spéciaux - Algérie 1955-1957 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Aussaresses
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le tracassait :
    —  Alors, Mayer, racontez-moi un peu ce qui s’est passé. Parce qu’il y a quelque chose que je ne comprends pas très bien dans cette histoire.
    —  C’est pourtant très simple : nous étions informés de l’attaque avec beaucoup de précision, mon général. Demandez plutôt à l’officier de renseignements, le capitaine Aussaresses.
    —  Qui est-ce, celui-là ?
    —  Un officier des services spéciaux qui a été parachutiste de la France libre et qu’on nous a envoyé.
    Massu m’a fait venir.
    —  Comment diable avez-vous fait pour obtenir le renseignement ?
    —  J’ai fait ce qu’il fallait et j’ai été aidé.
    —  Par qui ?
    —  Notamment par la police.
    Massu poussa un grognement et remonta dans son hélicoptère sans commentaires. J’ignorais, ce jour-là, à quel point il m’avait repéré.
    Nous avons reçu peu après un message du général Lorillot, commandant supérieur militaire en Algérie. Il voulait rencontrer les officiers proposables pour l’avancement, mais aucun de nous ne fut promu. Il n’y eut aucune récompense pour aucun des hommes de la demi-brigade. Nous avions arraché des milliers de civils à un sort funeste mais la République ne nous connaissait plus.
    Brigitte Friang, une journaliste, par ailleurs ancienne des services spéciaux, vint faire un reportage. Elle connaissait bien Prosper et Monette.
    Mayer et moi nous avions confiance en elle, aussi je m’occupai de la briefer.
    Après le départ de Brigitte, je rendis compte à Prosper.
    —  Alors, vous lui avez dit quoi ? me demanda-t-il.
    —  Eh bien, la vérité, mon colonel.
    —  La vérité ?
    —  Oui, la vérité. Je lui ai dit que la population musulmane approuvait notre action et nous soutenait massivement.
    Mayer se tordit de rire. Mais lorsque l’article parut, force fut de constater que le papier nous était très défavorable. Brigitte envoya un mot à Mayer pour s’excuser : on avait trafiqué son reportage, du coup elle démissionna du journal.
    Pendant les neuf mois qui suivirent, nous fûmes à peu près tranquilles à Philippeville. Comme la plupart des délinquants de droit commun étaient aussi membres du FLN, bon nombre d’entre eux avaient trouvé la mort le 20 août et les jours d’après. De ce fait, la ville devint tellement calme que le juge Voglimacci put prendre un peu de repos.

Le petit Messaoud
    À l’automne, compte tenu des événements qui venaient de se produire et qui pouvaient susciter des représailles, j’ai jugé plus prudent de renvoyer ma famille en France. Beaucoup d’officiers agissaient de même car il n’était pas rare que le FLN s’en prenne à l’entourage des officiers. Tous les moyens étaient bons.
    Au cours d’une réunion tenue avec le commissaire Filiberti, un de ses collègues, le commissaire Blanc, nous avait dit que, si nous voulions en finir, la meilleure solution était de mettre à prix la tête de nos principaux adversaires. Je trouvai l’idée très bonne. Et Filiberti fut de mon avis.
    Sept noms furent retenus, dont Zighoud Youssef et Gharsallah Messaoud. Nous avons rédigé un tract pour chacun de ces hommes. Par acquit de conscience, Issolah l’a traduit en arabe mais ce n’était pas nécessaire car, parmi les musulmans instruits, plus nombreux étaient ceux qui lisaient le français que l’arabe.
    Le plus important, c’étaient les photos et la somme promise pour la récompense.
    Le commissaire n’avait pas de crédits pour fabriquer les tracts. Encore moins pour payer les primes.
    Nous nous sommes adressés au service de propagande du gouvernement général qui nous a tiré sept fois cinq mille exemplaires. L’ALAT 37 nous a fourni un appareil.
    Nous avions choisi des points de largage stratégiques : le quartier arabe de Philippeville pour l’ensemble des tracts, la falaise qui dominait le terrain d’aviation pour celui concernant le petit Messaoud.
    Nous n’avons pas oublié s’arroser le bordel de Philippeville dont la tenancière était un agent fidèle du commissaire. Cette musulmane allait jusqu’à fermer son établissement le Vendredi saint. Après le largage, elle est d’ailleurs arrivée en courant au commissariat pour dire à Filiberti que les tracts avaient eu un grand succès auprès de ses filles. Elles avaient reconnu plusieurs de leurs habitués.
    Les hommes du petit Messaoud, voyant les tracts, commencèrent à regarder leur chef d’une manière si bizarre

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