Services Spéciaux - Algérie 1955-1957
mon fichier, permettaient aux patrouilles d’établir des listes fiables de gens à rechercher.
Alger et ses environs furent divisés en quatre zones, chacune confiée à l’un des régiments d’infanterie parachutiste : le 1 er RCP, le 1 er REP, les 2 e et 3 e RPC.
Mon régiment, le 1 er RCP de Georges Mayer, était implanté à Maison-Carrée. Son OR était le capitaine Assémat, qui m’avait succédé.
Le 1 er REP était placé sous les ordres d’Albert Brothier 61 , secondé par le lieutenant-colonel Jeanpierre 62 qui lui succéda rapidement. Son OR était le capitaine Faulques, installé à la villa Sésini. Le 1 er REP était le successeur du 1 er bataillon étranger de parachutistes, constitué en 1948 et décimé lors de la retraite de Cao Bang, en octobre 1950.
Le 2 e RPC était placé sous l’autorité du colonel Albert Fossey-François 63 . C’était un personnage truculent et chaleureux. Ancien étudiant en lettres, il avait travaillé dans l’édition et l’imprimerie avant d’entrer dans les services spéciaux pendant la guerre. En Indochine, il commandait l’un des trois bataillons de mon régiment. Son officier de renseignements était le lieutenant Deiber. Fossey-François avait succédé au lieutenant-colonel Château-Jobert, dit Conan, qui commandait le 2 e RPC pendant l’opération de Suez. C’était un officier qui avait été formé en Angleterre, puis parachuté en France et en Hollande. En Indochine, il avait été le second de Bollardière.
Le 3 e RPC, quant à lui, était commandé par le lieutenant-colonel Marcel Bigeard, assisté du capitaine Jacques Allaire comme OR. Allaire, tout comme son chef, s’était illustré à Diên Bien Phû.
Un régiment d’artillerie parachutiste, commandé par le lieutenant-colonel Perrin – qui était avec moi au Service Action –, et une unité du génie complétaient les effectifs de la division.
Il existait enfin une structure territoriale classique pour le secteur Alger-Sahel que commandait te colonel Jean Marey. Là se trouvait le 9 e zouaves, commandé par le colonel Bargeot assisté, en qualité d’OR, du capitaine Sirvent qui, avec son détachement, agissait pour l’essentiel dans ta Casbah, ce qui nous rendait grand service.
Il fut décidé avec le commissaire Parat qu’un policier de la PJ serait détaché auprès de chaque officier de renseignements. Cela se fit sans difficulté car j’avais agi de sorte que policiers et militaires s’entendent à merveille. Lors des sorties, les policiers s’habillaient d’ailleurs en léopard et rien ne pouvait les distinguer de leurs camarades de la 10 e division.
Ces tenues léopard, qui avaient été créées spécialement pour les parachutistes d’Algérie, étaient seyantes. Nous les donnions à retoucher aux tailleurs qui rétrécissaient les pantalons trop larges pour en faire des fuseaux à la mode de cette époque. Elles faisaient des jaloux dans les autres régiments.
L’action des parachutistes devait être voyante pour démoraliser le FLN et rassurer la population. Ces tenues de camouflage, paradoxalement, y ont largement contribué.
Chaque régiment avait envoyé deux officiers à la préfecture. La population le sut très vite et les renseignements, qui avaient commencé à affluer dès les premiers jours, furent de plus en plus nombreux et précis. Il y avait une grande quantité d’informations à traiter. Nous opérions de fructueux échanges avec les policiers. En règle générale, il s’agissait de dénonciations, souvent destinées à assouvir des rancunes personnelles. Parfois, elles n’arrivaient que d’une manière indirecte.
Ainsi le premier renseignement à me parvenir fut-il transmis par Henri Damon que j’avais connu dans les services spéciaux. Jedburgh comme moi, il avait été capturé par la Milice près de Reims et torturé. Il n’avait pu que crier, comme on nous l’avait conseillé. Ses cris alertèrent son coéquipier qui liquida les miliciens. En 1946, Damon m’avait aidé à Pezoux, dans le Loir-et-Cher, lorsque je constituais le fichier des réservistes du Service Action. Nous fumes ensuite affectés à la Centrale : lui à la Section Politique, moi au Service Action. Ses bureaux étaient installés boulevard Suchet. Il avait découvert un trafic d’or organisé par les Soviétiques. Quelques jours après cette trouvaille, deux de ses collaborateurs avaient été tués et, tandis que lui-même montait tranquillement les
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