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Services Spéciaux - Algérie 1955-1957

Services Spéciaux - Algérie 1955-1957

Titel: Services Spéciaux - Algérie 1955-1957 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Aussaresses
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cartouches. Il voulait que son légionnaire passe un bon moment. Les cartouches furent démontées. Il suffisait d’enlever d’une certaine manière la poudre propulsive pour garantir l’explosion des armes qui les tireraient. Ce genre de manipulations représentait l’ABC de notre métier.
    Le lendemain, Damon convoqua le légionnaire dans son bureau, sous prétexte de lui confier un pli urgent. Il lui remit assez de grenades et de cartouches pour qu’il puisse occuper la permission de quarante-huit heures qu’il lui tendit signée.
    —  Il faut que tu donnes tout ça d’un coup à la maquerelle. Installe-toi carrément au bordel et passes-y le temps qu’il faudra. Surtout, pas question de faire ta distribution en plusieurs fois. Tu as bien compris ? Quand la fête sera finie, tu rentres vite et tu te tiens peinard.
    —  À vos ordres mon capitaine ! fit le légionnaire, ravi.
    Dans les jours qui suivirent, on assista à un véritable massacre. Un type, au marché de Bab el-Oued, en plein centre d’Alger, avait sorti une des grenades de Damon pour la lancer dans la foule. L’homme fut déchiqueté par l’engin qui lui explosa au niveau du foie.
    Un autre, sur une plage d’Alger, essaya de jeter une grenade de même provenance par la fenêtre ouverte d’une maison qui surplombait la plage et où était installé un petit PC : il y laissa une main.
    Quant à la maquerelle, elle me fut ramenée par le régiment qui était dans le secteur et je la fis exécuter.
    Parfois, le FLN essayait de se venger, mais il osait rarement attaquer des parachutistes. Il ne pouvait, de toute façon, frapper qu’à l’aveuglette : son service de renseignements n’a en effet jamais réussi à comprendre la manière dont nous opérions. Ils s’en prenaient par nécessité aux chefs d’unités dont les noms apparaissaient dans les journaux. C’est ainsi, par exemple, qu’un attentat fut monté contre Bigeard en plein centre d’Alger. Le tueur avait une description sommaire : un blond aux yeux bleus, costaud, avec cinq galons panachés sur la poitrine. Le jour où il s’approcha de sa victime, Bigeard se promenait avec Mayer. Même taille, même tenue léopard, même cheveux blonds, mêmes yeux bleus, cinq galons tous les deux. Le fellagha eut un instant d’hésitation avant de se décider à tirer sur les deux hommes. Cet instant d’hésitation fut décisif car Bigeard fumait. Comme il manquait de cigarettes et que Mayer n’en avait pas non plus, ils changèrent brusquement de direction pour entrer dans un bureau de tabac. Le tueur attendait qu’ils ressortent lorsqu’une patrouille arriva. Peu après, une autre équipe de tueurs chargée de faire le même travail cribla de balles un sergent-major 64 qui ressemblait vaguement à Bigeard.
    Mais personne ne s’en prit jamais à moi. Mon nom n ’ apparaissait pas dans la presse, je ne donnais pas d’interviews, j’évitais les photographes et je rasais les murs. Dans la journée, je passais pour un bureaucrate de plus. J’étais la discrétion même et, mis à part l’entourage de Massu ainsi qu’une poignée d’officiers de la 10 e DP, nul n’a jamais soupçonné que j’étais le chef d’orchestre de la contre-terreur.
    Dans la journée, je ne prenais même pas la peine d’être armé. J’avais bien connu en Indochine le commandant Clauson, un phénomène qui avait commandé le 1 er Choc. J’avais été frappé par le fait qu’il disait toujours qu’en présence de son bataillon, il n’avait pas besoin d’être armé. Je faisais comme lui.
    Même à l’état-major de la 10 e division parachutiste, il s’est trouvé des gens qui ne comprirent pas tout de suite ce qui se passait. L’attitude de Godard les avait laissés en dehors du noyau dur de la répression et, du reste, cette situation leur pesait. Ainsi Massu me dit-il un jour :
    —  Vous savez, Le Mire se plaint de ne pas participer à la bataille d’Alger. Vous ne pourriez pas lui trouver quelque chose ?
    —  Je vais y réfléchir, mon général, répondis-je de manière évasive.
    Henri Le Mire dirigeait le 2 e bureau 65 de la division, assisté par le capitaine Jean Graziani. Comme Godard avait refusé d’engager l’état-major, ils n’étaient pas débordés de travail.
    Il se trouva qu’un colonel chargé de la sécurité militaire vint au bureau quelques jours plus tard :
    —  Voilà, bredouilla-t-il, un peu gêné. C’est à propos des gens du FLN que vous

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