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Services Spéciaux - Algérie 1955-1957

Services Spéciaux - Algérie 1955-1957

Titel: Services Spéciaux - Algérie 1955-1957 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Aussaresses
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malgré l’interdiction de Paul Teitgen, de peur de risquer la destruction du quart de la ville.
    Gévaudan bavardait en compagnie de Faulques, l’OR du 1 er REP. Je leur fis part de mon sentiment.
    —  Ainsi, vous pensez que ce sont les cocos ? demanda Gévaudan.
    —  C’est une piste parmi d’autres. Je n’ai pas de preuves. C’est juste une intuition, une hypothèse de travail.
    —  Mais qui chez les cocos ?
    —  Leur Service Action. L’équipe d’André Moine.
    Tous se regardèrent en hochant la tête.
    —  Ça tient la route ! trancha Gévaudan. Le lendemain, lorsque je revis Massu, nous en avons reparlé.
    —  Qu’est-ce que c’est que cette histoire de Service Action des cocos ? demanda-t-il.
    —  Je pense que les communistes disposent de l’équivalent de notre Service Action. C’est-à-dire qu’ils ont une cellule secrète d’intervention avec des experts en armes et explosifs. Cette cellule est placée sous l’autorité d’André Moine.
    —  Qui est-ce ?
    —  Un ancien syndicaliste qui dirige les opérations violentes auxquelles est associé le parti. Ce ne serait pas la première fois que les communistes sont mêiés à des attentats. Il y a eu l’arme utilisée dans l’opération du 6 octobre où vous étiez visé : une mitraillette Sten qui faisait partie du stock dérobé par l’aspirant Maillot 67 . Et puis, il y a eu Iveton. Voilà un an et demi, j’avais même trouvé des fels planqués au siège du parti, à Philippeville.
    —  Et vous attendez quoi pour l’arrêter, cet André Moine ?
    Je commençai à orienter mes recherches du côté du PCA, ce qui eut pour effet de terroriser ses responsables et de les pousser à la clandestinité. Ainsi, certains d’entre eux restèrent en plongée jusqu’au mois de juin,
    Parat et Gévaudan avançaient de leur côté. En fait, c’est un modeste inspecteur de la police scientifique qui résolut l’énigme.
    Les auteurs de l’attentat avaient laissé leur materiel sur place. C’est ce matériel qui les dénonça. En examinant le fil électrique qui avait servi pour la mise à feu et qui avait quatorze brins au lieu des dix-neuf du modèle le plus courant, l’inspecteur suivit une piste qui le conduisit jusqu’à un ouvrier modèle, soudeur à l’arsenal. C’était un pied-noir qui avait fait la guerre d’Indochine. Interrogé, il finit par parler. Parat et Gévaudan, influencés par ce que je leur avais dit, le prenaient pour un communiste. Vexé, il préféra avouer plutôt que de passer pour ce qu’il détestait le plus.
    Comme il était très bon nageur, il avait été accepté dans le club sportif très chic du docteur Kovacs. Un dénommé Philippe Castillle était également membre de ce club. Quelques jours plus tard, on l’arrêta. C’était lui, l’auteur de l’attentat.
    Mes soupçons visant le Parti communiste algérien n’étaient pas fondés. Quand j’appris que Philippe Castille était dans le coup, je fus abasourdi. On a dit beaucoup de choses à propos de cet attentat contre Salan, et notamment qu’il avait pu être organisé par les services français ou par Israël. En fait, c’était moi qui avais formé Castille, un ancien du 11 e Choc que je connaissais bien, même si je ne l’avais pas revu depuis longtemps, au maniement du bazooka.
    Ce genre d’engins, des Panzerfaust pris aux Allemands, nous en avions reçu plusieurs centaines à Montlouis. Personne n’en détenait le mode d’emploi. Nous les avions démontés et Castille était devenu un expert. Jusqu’au jour où l’on nous avait informés que certains Panzerfaust auraient été habilement piégés, de sorte que, dans le doute, il avait fallu tous les détruire.
    Les parents de Castille et lui-même avaient été dans la Résistance. Par suite d’une réduction d’effectifs, il n’était pas resté à Saint-Cyr où on l’avait admis. Cet ancien boy-scout s’était retrouvé sous mes ordres, sergent au 11 e Choc. Puis il s’était marié avec une jeune fille d’une famille aisée de la région de Perpignan et il avait été embauché à un niveau important chez Renault, à Alger. Il était devenu l’ami du docteur Kovacs, ancien médecin d’un bataillon d’infanterie qui avait fait campagne en Italie. Kovacs lui fit partager ses idées. Ils s’étaient persuadés, bien à tort, que l’appartenance maçonnique notoire de Salan l’inclinerait tôt ou tard à favoriser l’indépendance de l’Algérie.

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