Sur ordre royal
l’instant où elle finissait de parler, une main glissée dans un gantelet écarta le rideau en cuir du côté de Roslynn et le visage de Trefor, si semblable à celui de Madoc à part ses perçants yeux bleus, apparut dans l’ouverture.
— Salutations, mes dames.
Il haussa les sourcils en reconnaissant Roslynn.
— En particulier à vous, dame Roslynn.
Son cheval s’agitait nerveusement sous lui, mais cela ne semblait pas le déranger.
— Puisque vous avez profité de l’hospitalité de mon frère, vous devez venir profiter de la mienne.
Dame Eloïse répondit la première, prenant son air le plus digne.
— Merci pour l’invitation. Cependant, nous préférerions poursuivre notre voyage.
Un sourire fendit le visage de Trefor, une imitation cruelle de celui de Madoc.
— Je suis navré de vous décevoir, mais vous allez rester avec moi quand même.
Roslynn et sa mère répondirent en même temps et avec les mêmes mots, même si elles se référaient à des personnes différentes.
— Mon époux…
Trefor les interrompit d’un rire âpre, qui n’avait rien à voir avec le rire doux et grave de Madoc.
— Vos époux ? L’un se terre dans son domainecomme un crapaud dans un trou, et l’autre sait qu’il n’a pas intérêt à se battre quand ses hommes et lui sont surpassés en nombre à trois pour un.
Il élargit les yeux avec une feinte surprise.
— Vous semblez choquée, dame Roslynn. Pensiez-vous que je n’avais que la troupe que j’ai amenée avec moi le jour du banquet ? Comme si j’irais à Llanpowell avec tous mes hommes !
Il prit une expression sinistre.
— Et comme j’en ai beaucoup plus avec moi maintenant, vous allez m’accompagner à Pontymwr.
— Où vous avez sans doute l’intention de nous rançonner, brigand que vous êtes, l’accusa Roslynn.
Trefor haussa de nouveau les sourcils.
— C’est une idée. Je n’y avais pas pensé.
Roslynn s’efforça de ne pas paniquer.
— Qu’alliez-vous faire, alors ? demanda-t-elle, tandis qu’une réponse sinistre lui venait à l’esprit.
Elle ne serait pas la première femme à être utilisée pour se venger d’un époux.
— Eh bien, organiser une petite visite pour la jeune épousée de mon frère, répondit Trefor avec un sourire aussi froid que la mer du Nord. Et pour ses charmants parents également. A présent, nous ferions mieux de nous mettre en chemin. Les routes peuvent être traîtresses, une fois la nuit tombée.
Il leva la main, cria quelque chose en gallois et le chariot s’ébranla.
Roslynn tendit la main pour prendre celle de sa mère.
— Soyez courageuse, ma fille, dit dame Eloïse, même si son visage était pâle et tiré.
Roslynn parvint à lui adresser un sourire qui se voulait réconfortant.
— Je le serai. Après tout, je suis la fille de dame Eloïse et de sire James de Briston, non ?
***
Roslynn avait supposé que Pontymwr serait comme Llanpowell, en plus petit et peut-être moins bien entretenu.
Elle était loin du compte. Le château, s’il pouvait être appelé ainsi, ne faisait même pas la moitié de celui de Madoc. Il ne comportait qu’une muraille loin d’être aussi haute et, même s’il y avait un chemin de ronde de bois sur le pourtour, il ne comportait pas de tours, pas même près des étroites portes. Une fois à l’intérieur des remparts, il était aisé de voir que le seul bâtiment en pierre était le donjon rond, qui paraissait très ancien.
Au contraire de Llanpowell, la cour n’était pas pavée et elle était pleine de trous boueux. Les quelques bâtiments de bois, dont les écuries, avaient l’air de pouvoir s’effondrer à tout moment.
Malheureusement, il y avait beaucoup d’hommes sur les remparts et dans la cour, indiquant à Roslynn que Trefor devait dépenser la majeure partie des revenus de son domaine, quels qu’ils soient, à employer des soldats. A en juger par leur allure et leurs tenues, c’étaient tous des mercenaires.
La portière du chariot s’ouvrit et Trefor se pencha à l’intérieur.
— Par ici, je vous prie, dit-il en tendant la main à Roslynn, s’attendant visiblement qu’elle la prenne.
Mais elle aurait préféré toucher une sangsue.
Elle l’ignora et saisit le cadre de la portière pour descendre. Sa mère fit de même.
Si leur réaction contraria Trefor, il n’en montra rien tandis qu’il les guidait sur les marches arrondies qui formaient la base du donjon. Le père de Roslynn les
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