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Thalie et les âmes d'élite

Thalie et les âmes d'élite

Titel: Thalie et les âmes d'élite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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Quatre bonnes semaines.
    — Habituellement, elles sont régulières ?
    — Elles ont parfois un jour ou deux de retard.
    L’omnipraticienne prenait des notes de sa petite écriture serrée. Les futures parturientes constituaient une fraction croissante de sa clientèle.
    — Et à part cela, d’autres symptômes ?
    — Des haut-le-cœur le matin, mais là, cela va mieux.
    —Je me sens devenir un peu plus tante gâteau à chaque seconde qui passe. Viens de l’autre côté de ce rideau, je vais t’examiner.
    Vingt minutes plus tard, la future maman s’assurait que sa robe tombait bien et remettait ses chaussures. Thalie dit avec un sourire :
    — Ne t’inquiète de rien, tu es en parfaite santé, les choses se passeront bien.
    La jeune femme marqua une pause avant de continuer:
    — Comment Mathieu prend-il ce nouveau développement?
    — Très bien. Tu comprends, avant la fin de ses études, il préférait retarder... les choses. Maintenant, il paraît pressé d’avoir une famille. Mais là, je parle à mon médecin ou à ma belle-sœur ?
    — Le médecin prend un court congé, le temps de te dire de ne pas aborder le sujet auquel tu viens de faire allusion à la légère. La plupart de mes collègues risquent de pousser des hauts cris en entendant parler de contrôle de la famille. Je ne te parle même pas des confesseurs. Cependant, non seulement ta belle-sœur ne condamne rien, mais elle approuve. Surtout, elle se réjouit de la nouvelle. Félicitations à tous les deux.
    Elles échangèrent des bises, debout au milieu de la salle de consultation.

    — Je téléphonerai ce soir pour dire un mot au futur père... Dis-moi, est-ce qu’il souffre encore de ses insomnies ?
    — Il dort peu, beaucoup moins que moi. Mais tout de même, les choses vont mieux. En me levant, je le trouve peut-être une fois par semaine déjà absorbé dans ses dossiers.
    Le médecin hocha la tête, un peu rassurée, puis reconduisit sa parente à la porte. En saluant Elise, Flavie affichait un tel air de contentement que la réceptionniste se retint pour ne pas lui offrir aussi ses félicitations.

    *****
    Lorsque le bruit d’une porte ouverte puis refermée lui parvint, un peu après sept heures trente, Mathieu s’apprêtait à retirer la poêle à frire vide de la cuisinière au charbon. A la place, il y posa les deux tranches de viande en criant :
    — Je suis dans la cuisine.
    Quelques instants plus tard, la jeune femme s’arrêtait à l’entrée de la pièce.
    — Tu n’aurais pas dû... Ce n’est pas un travail pour un homme.
    — Franchement, tu me prends pour un goujat. Tu as une longue journée dans le corps, alors que je suis revenu tôt. La veste et la cravate abandonnées dans le petit boudoir transformé en bureau, les manches de sa chemise roulées jusqu’aux coudes, il montrait un corps robuste, énergique.
    Dans cette tenue, l’absence du majeur droit paraissait plus apparente encore, tout comme le lacis de cicatrices sur l’avant-bras.

    Tous les deux restèrent immobiles, les yeux dans les yeux.
    — Alors ? demanda-t-il.
    — C’est cela. Je suis enceinte.
    Il ouvrit très grand les bras et la jeune femme s’y précipita.
    Après un baiser, il la serra contre sa poitrine très fort, au risque de faire tomber son chapeau. Une odeur de brûlé le rappela à l’ordre.
    — Les steaks ! s’écria Flavie.
    Mathieu se pencha sur la poêle et contempla la viande un peu noircie.
    — Ou bien nous nous risquons à manger cela, ou nous allons au restaurant. Il ne reste plus rien dans la glacière.
    Peu compétents devant le gros poêle à charbon, ils avaient pris l’habitude de sortir pour manger, depuis le début de juillet.
    — Mangeons à la maison. Maintenant, nous devrons faire attention à nos dépenses. Je ne pourrai pas travailler bien longtemps encore.
    Son mari avait beau lui montrer les chiffres, elle avait beau savoir lire les colonnes, la gamine de L’Ancienne-Lorette n’était jamais bien loin de la jeune femme de la Haute-Ville.
    — Non seulement tu vas laisser mon cousin Edouard à son triste sort, mais nous allons très bien nous tirer d’affaire.
    Nous mangerons cette viande un peu carbonisée, mais seulement parce que je n’ai aucune envie de remettre ma veste. La journée a été longue et collante.
    Rassurée, Flavie demanda, un peu moqueuse :
    — Et les pommes de terre ?
    — Si je me fie aux patientes leçons de Gertrude, elles seront juste à point.
    — Alors, je vais mettre

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