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Titus

Titus

Titel: Titus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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crois avoir en ma personne un prisonnier de guerre, sans plus. Mais, en réalité, je viens à toi en messager porteur de grandes nouvelles.
    Il s’est interrompu alors que Vespasien se penchait vers lui, le visage exprimant la curiosité.
    — Si je n’étais pas envoyé de Dieu, a continué Josèphe, crois-tu que moi, qui connais la loi des Juifs et comment, selon elle, il convient aux généraux de mourir, je serais devant toi, enchaîné mais vivant ?
    J’ai vu Vespasien grimacer comme si, tout à coup, Josèphe le décevait en cherchant à se justifier d’avoir préféré la vie à la mort. J’ai craint qu’à cet instant il ne repousse le prisonnier hors de la tente. Mais Josèphe a repris :
    — Tu m’envoies à Néron ? À quoi bon ? Penses-tu que ceux qui doivent succéder à Néron se maintiendront au pouvoir ? Ils en seront chassés. Ils mourront et c’est toi, Vespasien, qui seras César. Toi, puis ton fils Titus, ici présent.
    Il s’est tu, comme pour laisser à Vespasien et à Titus le temps de prendre conscience de l’importance de sa prophétie, faite au nom de son dieu.
    — Maintenant, a-t-il enfin ajouté, fais serrer mes chaînes plus fort et garde-moi pour toi. Car tu es maître absolu non seulement de ma personne, César, mais de la terre, de la mer et de toute la race humaine.
    Il s’était exprimé avec tant de vigueur et de solennité que je n’ai pas douté de sa prophétie après qu’il eut encore dit :
    — Quant à moi, je demande à être puni d’une garde plus rigoureuse si je suis trouvé coupable de légèreté envers la parole de Dieu.
     
    Vespasien et Titus semblaient avoir été subjugués et, sans même réfléchir, me souvenant des accusations de la femme qui l’avait dénoncé, j’ai interpellé Josèphe : sa prophétie n’était peut-être que le moyen de sauver sa peau, d’échapper au sort de tout vaincu. Car si son dieu lui parlait, lui révélait l’avenir, que ne lui avait-il prédit que Jotapata serait vaincue et détruite après un siège de quarante-sept jours ?
    Il n’a même pas daigné me regarder et n’a pas hésité à me répondre, non sans dédain. Il avait en effet annoncé la défaite. Elle surviendrait après quarante-sept jours, avait-il même précisé, mais aucun des habitants de Jotapata n’avait voulu le croire. Il leur avait dit aussi que la plupart d’entre eux périraient et que lui, leur général, serait pris vivant par les Romains.
    — Dans les fers et sous bonne garde ! a alors lancé Vespasien en me confiant Josèphe Ben Matthias.
    J’ai su qu’il avait ordonné à Titus d’interroger les quelques survivants juifs afin de s’assurer que Josèphe les avait bien avertis de la défaite qui les attendait.
    Ils confirmèrent les prophéties réitérées de leur général.
    Alors Flavius Vespasien demanda que, tout en le gardant enchaîné, on traitât Josèphe Ben Matthias avec bonté et prévenance.

 
     
9
    Dans les jours qui ont suivi j’ai compris que Flavius Vespasien croyait à la prophétie de Josèphe Ben Matthias et rêvait de devenir l’empereur du genre humain.
    Les prédictions de Josèphe l’avaient métamorphosé, de même que sa femme Cénis. À Césarée, ils entrèrent dans le palais d’Agrippa et de sa sœur Bérénice en souverains rendant visite au roi et à la reine d’un petit royaume allié.
    J’avais connu Vespasien en général madré comme un paysan. Il était toujours aussi silencieux et prudent, mais comme un félin aux aguets. Cénis, l’affranchie, se comportait déjà en impératrice dédaigneuse à l’égard de Bérénice, dont la beauté éblouissait ceux qui l’approchaient.
    Titus, lui, la suivait pas à pas, comme s’il avait été envoûté par cette silhouette dont les voiles bleus ou roses, blancs plus rarement, laissaient deviner les hanches larges, la taille marquée, les seins ronds. Pour le Romain que j’étais, elle avait l’attrait des femmes d’Orient aux cuisses fortes entre lesquelles on a envie de s’enfouir.
    Je savais que Titus éprouvait les mêmes désirs, mais Bérénice jouait avec lui, se dérobant quand il levait les mains pour la saisir, et il n’osait s’emparer d’elle comme un soldat le fait des femmes d’un peuple vaincu.
    Moi, je me perdais dans le palais de Césarée, entraîné par Mara, l’une des suivantes de Bérénice dont la jeunesse et le profil me rappelaient Léda, la fille de Yohanna Ben Zacchari.
    Comme je

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