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Toute l’histoire du monde

Titel: Toute l’histoire du monde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Claude Barreau , Guillaume Bigot
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nobles et hommes nouveaux. Beaucoup d’émigrés se décidèrent à revenir.
    Mais qu’on ne s’y trompe pas : Bonaparte restait l’incarnation de la Révolution. En mars 1804, il fit enlever outre-Rhin et exécuter le duc d’Enghien (probablement innocent) pour l’exemple. Il ramena cependant la paix en Vendée. Mais, chez les rois d’Europe, Bonaparte, devenu Napoléon, était perçu – qu’on nous pardonne l’anachronisme – comme une sorte de chef de l’Armée rouge ! L’anachronisme est à récuser comme vérité, nous l’avons dit, mais il peut illustrer une comparaison.
    D’ailleurs, l’Angleterre avait rompu la paix d’Amiens dès mai 1803 et, en 1805, elle réussit à regrouper les monarchies continentales dans une troisième coalition.
    Au Consulat succéda l’Empire en mai 1804. Ce n’était pas une mauvaise idée : l’empire romain avait bien remplacé la république romaine !
    Mais Napoléon voulut se faire sacrer comme les anciens rois. Il exigea pour ce faire, non l’archevêque de Reims, mais le pape en personne. Pie VII s’exécuta. La cérémonie eut lieu le 2 décembre 1804 en la cathédrale
    Notre-Dame. Le sacre a été une exagération de parvenu. Une anecdote en révèle le sens caché.
    Napoléon était dans la sacristie avec des membres de sa famille. Pendant ce temps, dans la nef, les grands de ce monde, dont le pape, attendaient. Alors il dit à son frère aîné : « Joseph, Giuseppe, si Papa nous voyait ! »
    En effet, l’Empire, issu de la Révolution méritocratique, ne pouvait être héréditaire (pas plus que ne le put l’empire romain). Le principe d’hérédité est absolument contraire au principe d’égalité, fondement de la Révolution ! Sur ce seul point, Napoléon se trompa. Même devenu père, il ne réussit jamais à s’approprier l’hérédité. Preuve supplémentaire qu’il incarnait la Révolution. Malgré le sacre, la véritable monarchie lui échappa toujours.
    En attendant, il essaya d’envahir l’Angleterre. Sa flotte ayant été détruite par Nelson à Trafalgar (l’amiral anglais y fut tué), Bonaparte ne pouvait plus franchir la mer. Depuis Boulogne, où il avait réuni la Grande Armée, il se retourna alors contre les Autrichiens et les Russes, puis les Prussiens, qu’il foudroya.
    En 1806 et 1807, Bonaparte devint à jamais Napoléon – « le dieu de la guerre en personne », écrit Clausewitz, qui le combattit, dans son livre De la guerre. Le philosophe allemand Hegel, qui le regarda passer, crut alors voir « l’esprit du monde concentré en un point, sur un cheval » !
    Quelques semaines après avoir en vain défié l’Angleterre à Boulogne, Napoléon était en Bavière. Il arriva par des manœuvres rapides à enfermer l’armée autrichienne dans la ville d’Ulm, où elle capitula et se rendit, général en tête, à l’Empereur. Puis le conquérant entra dans Vienne, la capitale impériale.
    Une autre armée autrichienne et l’armée russe se concentraient en Moravie (République tchèque actuelle). Devant Austerlitz, Napoléon réussit à faire croire au tsar Alexandre et à l’empereur François II qu’il avait peur : en leur abandonnant les hauteurs de Pratzen, il leur instilla l’idée de tourner l’armée française par sa droite. Quand il vit les troupes russes et autrichiennes défiler sur le plateau en direction de la route de Vienne, il s’écria : « Cette armée est à moi ! », et, la bousculant par le flanc, il prit les hauteurs et l’écrasa. Le tsar se retira. L’empereur germanique s’abaissa, venant au bivouac du capitaine révolutionnaire quémander la paix. Livrée le 2 décembre 1805, la bataille d’Auterlitz est un chef-d’œuvre stratégique digne de celui d’Hannibal à Cannes, vingt siècles plus tôt, et semblablement meurtrier pour les vaincus – des milliers et des milliers de morts…
    La Prusse, entrée à contre-temps dans la coalition, tout exaltée par le souvenir de Frédéric II et les discours de sa reine, fut anéantie en octobre 1806, à Iéna et à Auersted.
    Le 27 octobre 1806, la Grande Armée, Napoléon en tête, effectuait un défilé triomphal sous la porte de Brandebourg, devant les Berlinois stupéfaits. À l’exception de la Garde, en grande tenue, les soldats français marchaient au pas de route, couverts de poussière, des poulets rôtis piqués sur leurs baïonnettes.
    Restait la Russie. Les Français furent accueillis en libérateurs à

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