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Trois Ans Dans Une Chambre à Gaz D'Auschwitz

Trois Ans Dans Une Chambre à Gaz D'Auschwitz

Titel: Trois Ans Dans Une Chambre à Gaz D'Auschwitz Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Filip Muller
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bord de la fosse. Un groupe de détenus les chargeait sur des lorries, un autre groupe les déversait dans une excavation où ils étaient brûlés.
    Parmi les détenus qui travaillaient ici, je remarquai deux camarades du lycée de Trnava. Je pus m’entretenir avec eux lorsque le Hauptscharführer Moll et L’Oberscharführer Quackernack se rendirent dans leurs baraques, près des maisons rurales. J’appris qu’ils travaillaient depuis le printemps 1942 près des bunkers. Les 80 détenus du commando spécial avaient déjà enfoui des centaines de cadavres dans les fosses collectives. Premiers témoins des exécutions massives, ils avaient entre-temps été tous éliminés par le S.S. Moll.
    Pour revenir aux installations crématoires d’Auschwitz elles restèrent cependant toujours en service malgré les difficultés de fonctionnement de la cheminée. Dans les premiers mois de 1943, ce crématoire servit à la formation d’une nouvelle équipe de chauffeurs qui devaient être affectés au four crématoire en cours de construction à Birkenau. Ce commando était composé d’une vingtaine de juifs et de trois Polonais qui furent initiés à ce travail par le chef d’équipe Morawa.
    La plupart d’entre eux avaient été déportés à Auschwitz à la fin de 1942 dans un convoi en provenance du ghetto polonais de Ciechanow. Leur sort se décida à l’arrivée du convoi sur la rampe du crématoire. À cette époque, les S.S. sélectionnaient de nouveaux esclaves pour le commando spécial et recherchaient des hommes jeunes et robustes. Ils usaient de tous les moyens de tromperie à leur disposition pour l’équiper. C’est ainsi que mon ami Stanislas Jankowski tomba dans leurs traquenards. On lui affirma un jour qu’il pouvait recevoir un bon salaire en allant travailler à 200 km, à l’usine de chaussures Bata, pour laquelle on recherchait des volontaires. Il se présenta sans méfiance, mais lorsqu’il fut conduit un peu plus tard au four crématoire, il était trop tard.
    Les bruits qui couraient, concernant la construction de quatre nouveaux fours à Birkenau, se confirmèrent dans le milieu du mois de juillet 1943, lorsque l’installation crématoire d’Auschwitz fut définitivement abandonnée. Huit S.S., originaires d’Ukraine, furent les derniers à y être incinérés. En raison de leur nationalité, ils craignaient d’être un jour fusillés ou gazés, et ils s’évadèrent. Mais ils furent traqués dans les montagnes et ils périrent tous les huit au cours d’une fusillade. En fouillant dans leurs poches, Schwartz trouva trois grenades à main. Il les dissimula dans l’une des nombreuses urnes funéraires des crématoires. Quelques semaines après notre transfert impromptu à Birkenau, nous eûmes l’occasion d’emporter ces urnes avec nous. Ces grenades étaient les premières armes à tomber en notre possession.
    Une paix de cimetière régnait maintenant au-dessus de l’ancienne usine de mort d’Auschwitz, qui devait initialement servir d’entrepôt de raves…
    Des dizaines de milliers de juifs de Haute-Silésie, de Slovaquie, de Hollande, de Yougoslavie, des ghettos de Theresienstadt, de Ciechanow et de Grodno y avaient été sacrifiés et incinérés. Leurs cendres furent dispersées dans la nature. Parfois l’urne funéraire contenant les restes d’un détenu non juif était expédiée à sa famille. En réalité, les proches du défunt recevaient une poignée de cendres prélevées au hasard dans un four crématoire.
    Les six fours d’Auschwitz et la petite chambre à gaz avaient servi à expérimenter et à parfaire une innommable méthode d’extermination massive d’êtres humains. Seuls les murs sinistres du bâtiment entouré de remblais de terre escarpés demeuraient les témoins silencieux d’actes indicibles.
     
    *
     
    Nous n’étions plus ici d’aucune utilité et dûmes notre survie au fait que quatre nouveaux fours crématoires avaient été mis en service, entre-temps, à Birkenau.
    Nous prîmes congé de Jakob Kozelczuk, l’agent préposé au chauffage de l’abri du bloc 11, le « Bunker-Jakob ». Jakob était arrivé à Auschwitz au début de 1943. C’était un géant, athlétique et musclé et on prétendait qu’il avait été le partenaire de Max Schmeling. Il paradait souvent le dimanche après-midi, montrant sa force herculéenne aux détenus et aux S.S. en pliant en U dans son dos des barres de fer. Sa robustesse lui attirait le respect

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