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Trois Ans Dans Une Chambre à Gaz D'Auschwitz

Trois Ans Dans Une Chambre à Gaz D'Auschwitz

Titel: Trois Ans Dans Une Chambre à Gaz D'Auschwitz Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Filip Muller
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de ses amis devraient en faire partie. Dobrowolny accepta, mais, invoquant les risques qu’il prenait, il augmenta ses exigences. Langer qui avait fait part de ce projet d’évasion à quelques détenus, fut mis en garde contre les promesses de Dobrowolny, car les liens de camaraderie du passé n’avaient plus aucun sens à Auschwitz. Nul ne pouvait garantir que ce dernier tiendrait parole. Langer cependant négligea ces avertissements et réussit à convaincre Daniel Obstbaum que l’on pouvait se fier à Dobrowolny. On convint donc d’un jour pour l’évasion, mais en ce qui concerne le marché, nul ne sut jamais ce qu’il advint de la rémunération. À l’heure dite Dobrowolny conduisit Langer, Obstbaum et les trois autres détenus au poste de garde à l’extérieur du camp. On n’en sut jamais davantage.
    Le soir en revenant avec les autres commandos du service du travail, nous constatâmes seulement que des détenus étaient exposés, morts, à côté de l’orchestre. En m’approchant, je vis un spectacle affreux. Les corps des trois hommes morts avaient été installés sur des tabourets en bois ; on les avait adossés à des bêches plantées derrière eux dans le sol. Je reconnus Fero Langer et Daniel Obstbaum. Ils avaient les yeux crevés. Leurs vêtements portaient les traces sanglantes de coups de feu. À titre d’avertissement et pour l’exemple, on avait planté derrière eux un écriteau avec cette inscription : « Hourra ! Nous sommes de retour ! » Quant à Dobrowolny, il fut gratifié d’une semaine de congé spécial pour avoir arrêté cinq fugitifs…
     
    *
     
    Ma première séance de travail à Birkenau eut lieu par une chaude journée d’été. Dès les premières heures du matin, les équipes de travail s’étiraient en longues colonnes, sur la route poussiéreuse du camp. Le chef d’équipe principal Brück conduisait le détachement de près de 200 hommes, affecté au travail dans le crématoire. Notre équipe était divisée en quatre groupes, chacun d’eux étant destiné à un four différent. Un cinquième groupe, appelé équipe de démolition, était chargé de faire disparaître les dernières traces des fosses d’incinération dans le bunker, en nivelant le terrain ; ces fosses étaient en effet devenues inutiles depuis la construction des nouveaux fours.
    Le chef d’équipe principal Brück était un homme d’une cinquantaine d’années, à la silhouette longue et efflanquée ; il marchait légèrement courbé en avant. Son visage anguleux et ridé, aux pommettes saillantes, le regard vif de ses yeux perçants donnaient à penser qu’il avait acquis dans le passé une longue expérience des prisons nazies et des camps de concentration. Au printemps, il avait été transféré du camp de Buchenwald à celui de Birkenau, chargé de familiariser les détenus du commando spécial avec les nouvelles installations, et de veiller à son bon fonctionnement.
    Au moment du départ, les hommes se mirent à chanter : Auf der Heide blüht ein kleines Blumelein… (Une petite fleur s’épanouit dans la lande), chanson dont les échos résonnaient dans la campagne sous le soleil ardent de l’été. Au rythme de cette ritournelle, notre équipe se scinda en trois groupes. Le premier se dirigea sur la gauche, vers les fours crématoires IV et V. Il était suivi à courte distance par l’équipe de démolition. Le troisième groupe, dont je faisais partie, tourna à droite. La présence du chef d’équipe Morawa que j’aperçus dans les premiers rangs n’augurait rien de bon. Je me demandai s’il se comporterait avec autant de brutalité que dans la section du crématoire d’Auschwitz. Nous passâmes devant le camp des femmes, le F.K.L. À gauche, derrière les barbelés, on voyait des silhouettes décharnées, occupées à charrier de la terre avec des brouettes.
    Mon attention fut attirée par deux bâtiments surmontés d’une cheminée, situés à droite et à gauche de l’allée, à l’extrémité du camp de Birkenau. Ils se trouvaient derrière le réseau de barbelés s’étendant des deux côtés de la route. Nous tournâmes sur la gauche pour aboutir dans une cour à laquelle on accédait par un portail en fer. Nous nous trouvions à quelques mètres seulement du bâtiment à un seul étage du crématoire II. Les murs de briques rouges ne devaient pas être très souvent nettoyés. Sur l’un des côtés de cette construction un bâtiment

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