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Trois Ans Dans Une Chambre à Gaz D'Auschwitz

Trois Ans Dans Une Chambre à Gaz D'Auschwitz

Titel: Trois Ans Dans Une Chambre à Gaz D'Auschwitz Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Filip Muller
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cendres à la pelle et les transportaient jusqu’au dépôt des scories. Les autres pilonnaient les restes en les pulvérisant.
    Un petit groupe de détenus chargeaient sur des camions les vêtements abandonnés dans le vestiaire, les souliers et autres biens personnels des victimes et effectuaient d’autres menus travaux. Le restant des détenus étaient employés au crématoire IV où se poursuivait le travail habituel.
    Cette répartition des tâches était cependant fréquemment modifiée lorsque, dans un secteur quelconque, des effectifs nouveaux devenaient indispensables. Il arrivait assez souvent que des chauffeurs fussent détachés dans un commando de corvée au crématoire pour débarrasser le vestiaire ou pour traîner des corps.
    La répartition du travail de l’équipe de nuit était semblable à celle de l’équipe de jour. L’effectif du commando était cependant la plupart du temps réduit de moitié ; dans un dessein de sécurité antiaérienne, on n’allumait aucun feu de nuit dans les fosses. Les chauffeurs devaient alors commencer les opérations d’incinération au lever du jour.
    Dans une troisième fosse, on nous faisait dresser un nouveau bûcher. On superposait des morceaux de planches sciées, des pièces de bois, de vieilles traverses de chemin de fer. On ajoutait des copeaux de sciure et l’on recouvrait le tout de branches de sapin desséchées ; sur cette masse de combustible, les porteurs de cadavres entassaient environ 400 morts sur quatre rangées, allongés les uns à côté des autres, le visage tourné vers le haut. La couche suivante, servant de matériel de combustion, était composée comme la précédente et recouverte de ramilles de sapin. On disposait par-dessus une nouvelle couche d’environ 400 cadavres alignés sur quatre rangées, les uns à côté des autres. Après répétition de ce « mode de travail », une nouvelle fois, on avait finalement entassé 1200 morts en trois couches successives. Entre-temps, les chauffeurs avaient enduit d’huile et de méthanol des morceaux d’étoffe et des chiffons et ils devaient mettre le feu en plusieurs endroits convenus.
    Tous ces préparatifs d’élimination des restes des victimes assassinées se faisaient à une cadence infernale. Les S.S. nous harcelaient sans répit et nous accablaient d’invectives furieuses. Finalement, le bûcher se dressait comme un tumulus géant de la mort à un demi-mètre au-dessus du niveau de la fosse. Après quoi, les chauffeurs couraient de tous côtés avec de longues torches enflammées qu’ils enfonçaient profondément en de multiples endroits du foyer. Ces torches étaient constituées par des tiges de fer munies d’une poignée à l’extrémité desquelles on enroulait des chiffons imbibés d’huile.
    Peu de temps après, de petites colonnes de fumée s’élevaient en divers endroits au-dessus de la masse. Le feu se propageait rapidement et commençait à crépiter. Lorsque les chiffons et les torchons s’enflammaient, des déflagrations se produisaient. Des volutes de fumée de plus en plus épaisses se répandaient au-dessus de ce royaume de la mort.
    Moll apparaissait de temps en temps dans son uniforme blanc qui contrastait étrangement avec le sombre environnement des fosses ; il venait s’assurer que tout se passait normalement. Sa poitrine était ornée d’une décoration : la croix du Mérite de la guerre avec les glaives. Le Führer lui avait décerné cette distinction honorifique pour son activité infatigable et son dévouement dans l’exercice de ses fonctions au camp d’anéantissement de Birkenau. On disait même que cette décoration avait un caractère tout à fait exceptionnel…
    Lorsque Moll était accompagné de ses adjoints, Eckardt, Kell et le Sturmann Kurschuss, qui étaient le plus souvent pris de boisson, ses acolytes criaient encore plus fort que le chef ; ils nous harcelaient davantage, faisaient de la surenchère pour obtenir un rythme de travail encore accru. Ils voulaient ainsi montrer que dans l’exécution des affaires difficiles, ils étaient capables comme leur supérieur d’agir sans s’embarrasser de scrupules. En revanche, Gorges et Busch se comportaient plus posément et, en présence de leur chef, s’en tenaient strictement à l’accomplissement des ordres reçus.
    Les sentinelles S.S. qui se tenaient dans les miradors au-delà du réseau des barbelés, dans le secteur des fosses, étaient en général des gens

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