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Un jour, je serai Roi

Un jour, je serai Roi

Titel: Un jour, je serai Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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tomber ainsi. Les femmes, ce n’est pas ce qui manquait, promit-il. Et le vin les rendait belles. La luxure progressait, l’art et la sculpture s’effaçaient. Depuis longtemps, on n’en parlait plus. Voigny, élève et disciple soumis de Marolles, respectueux jusqu’alors des conventions de son rang, était tombé dans le piège comme le faon délaissé par sa mère.
    — Qu’en est-il vraiment de votre situation, Antoine ? s’inquiète Toussaint.
    Le spectacle désolant du désespéré donne du relief au projet d’un homme, hier, soumis à la loi des puissants, orphelin et esclave de sa condition, mais gouvernant désormais le destin de la descendance certifiée du marquis de La Place. Sous la couenne tendre et fragile du cadet, dans ce corps élevé au lait, secouru jusqu’à ce jour dès le premier danger, pétri de protection, le poison de la malédiction pénètre peu à peu.
    — Je n’ai plus rien, pleurniche le garçon. J’ai engagé ce qui ne m’appartenait pas. J’ai volé ma famille, menti à mon père en lui cachant ce qu’était devenue ma vie…
    Delaforge jouit en répondant :
    — Votre père… N’est-ce pas son rôle de vous secourir ?
    Antoine relève la tête. Il ferait pitié au cœur le plus dur.
    — Il me répudiera en apprenant que j’ai vendu les bijoux qui lui venaient de ma mère. Car, avant-hier, j’ai commis cela aussi. Mais j’espérais tant de notre dernière partie ! Avec dix mille livres, j’aurais pu supplier cet usurier de me rendre mon bien. Maintenant, c’est fini…
    — Allons, jubile l’autre sans le montrer, quelqu’un de la qualité de votre père aura la noblesse de vous pardonner. Parlez-lui du prêteur et…
    — Vous ne comprenez pas ! Vous le connaissez si mal…
    — Il est vrai que ce n’est pas mon père, murmure Toussaint en serrant le poing.
    — C’est votre chance, rétorque l’héritier ruiné.
    — Et François, votre aîné ?
    — Il ne montre que du mépris, me traite de poule mouillée parce que j’ai le dégoût des armes et se moque de mon attirance pour les arts et la sculpture.
    Antoine secoue la tête :
    — Ces… choses qui me passionnaient et que j’ai abandonnées si vite pour m’adonner à des passions regrettables…
    Attention, songe Delaforge. Dans un instant, ce lâche m’accusera d’être responsable de sa déchéance.
    — Si votre famille refuse de vous venir en aide, glisse-t-il à voix basse, tournez-vous vers moi et voyez-moi comme un frère.
    Va-t-il se lever ? Hurler que son mal vient de lui ?
    — Vous êtes déjà si bon, et je vous dois tant. Merci, Toussaint, mais il est trop tard. J’arrive au bout de mon errance…
    Le garçon se lève, décidé à partir. Peut-être songe-t-il à mettre fin à sa vie. Mais ce n’est pas ainsi que Delaforge voit les choses.
    — Résumons, relance ce dernier comme au jeu. Il vous manque de l’argent. Eh bien, il suffit d’en trouver…
    — Cent mille livres. Plus ce que je vous dois.
    — Diable ! Cent mille. Je n’ai guère de telles disponibilités pour vous sauver.
    — Et je le refuserais ! Un Voigny ne mendie pas…
    L’orgueil se montre… Que sait-il de la misère, le fils bien né ?
    — Mais je connais un moyen d’obtenir rapidement ce qui vous fait défaut.
    L’œil du perdant s’allume, l’espoir revient. Un joueur s’accroche toujours à l’impossible.
    — Parlez ! supplie-t-il. À quoi pensez-vous ?
    — Je sais même comment réconcilier cette gêne passagère avec votre passion pour l’art.
    Le sujet qu’il tenait, hier, en adoration ressurgit. Antoine revient de si loin qu’il lui faut réfléchir. La sculpture, ce domaine sans bassesse, sans souillures, ce rêve qu’il a délaissé… Et on lui parle d’un moyen d’effacer sa faute ? De revenir comme avant…
    — Le Vau me proposerait-il enfin quelque chose ?
    — Tout doux, Antoine. L’architecte du roi n’a rien à voir dans ce à quoi je pense. C’est une démarche personnelle, risquée, où moi-même, pour vous aider, je me mettrais en danger.
    — Ah ! Dieu ! vous feriez encore quelque chose pour moi ?
    — La solution à vos problèmes.
    Présentée ainsi, l’offre a de quoi séduire.
    — Il faudrait que vous partiez pour l’Italie.
    — L’Italie ?
    — Nous y allons pour chercher du marbre.
    — Du marbre. Et… en quoi puis-je vous servir ?
    — Il n’y a pas que ça. Je parle, sous le sceau du secret, d’autres chargements. Et voici qui vous intéressera. La

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