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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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de diviser les différents groupes raciaux et nous montrions qu ’ ils pouvaient travailler ensemble. La perspective d ’ un front uni réunissant Africains et Indiens, modérés et radicaux, inquiétait beaucoup les nationalistes. Ils affirmaient que la campagne était provoquée et dirigée par des agitateurs communistes. Le ministre de la Justice déclara qu ’ il ferait bientôt voter une loi pour lutter contre les campagnes de défi, une menace qu ’ il mit en application au cours de la session parlementaire de 1953, avec le vote de la Public Safety Act (Loi sur la sécurité publique) qui donnait au gouvernement le pouvoir de déclarer la loi martiale et de détenir les gens sans jugement   ; et le Criminai Laws Amendement Act (Amendement aux lois réprimant le crime), qui autorisait les châtiments corporels pour ceux qui participaient à la Campagne de défi. Le gouvernement utilisa un certain nombre de moyens clandestins pour interrompre la campagne. Des propagandistes gouvernementaux ne cessaient de répéter que les responsables vivaient dans le confort pendant que les masses languissaient en prison. Cette allégation bien loin de la vérité réussit cependant à se répandre. Le gouvernement infiltra aussi des espions et des agents provocateurs dans l ’ organisation. L ’ ANC accueillait pratiquement tous ceux qui voulaient venir militer. Nos volontaires avaient beau être passés au crible avant d ’ être choisis pour participer à la campagne, la police réussissait à pénétrer non seulement les branches locales mais aussi certains groupes de volontaires. Quand j ’ ai été arrêté et envoyé à Marshall Square, j ’ ai remarqué parmi les volontaires deux types dont un que je n ’ avais jamais vu. Il ne portait pas la tenue habituelle des prisonniers mais un costume, une cravate, un pardessus et une écharpe de soie. Qui va en prison habillé comme ça   ? Il s ’ appelait Ramaila, et le troisième jour, quand on devait nous libérer, il a tout simplement disparu.
    On remarquait le deuxième, qui s ’ appelait Makhanda, à son allure militaire. Nous nous trouvions dans la cour et nous étions de très bonne humeur. Les volontaires défilaient devant Yusuf et moi et nous saluaient. Makhanda, qui était grand et mince, marchait comme un soldat et il nous a fait un salut sec et élégant. Beaucoup l ’ ont taquiné en lui disant qu ’ il devait être policier pour saluer aussi bien.
    Auparavant, Makhanda avait travaillé comme concierge au quartier général de l ’ ANC. Il était très débrouillard et très populaire parmi les volontaires parce qu ’ il se sauvait pour aller chercher du poisson frit et des frites quand quelqu ’ un avait faim. Mais plus tard, lors d ’ un procès, nous avons découvert que Makhanda et Ramaila étaient tous deux des espions de la police. Ramaila déposa en disant qu ’ il avait infiltré les rangs des volontaires, et le loyal Makhanda était en réalité l ’ inspecteur Motloung.
    En général, les Africains qui travaillaient comme espions contre leurs propres frères le faisaient pour de l ’ argent. En Afrique du Sud, beaucoup de Noirs jugeaient toute tentative pour changer l ’ homme blanc comme téméraire et vouée à l ’ échec   ; l ’ homme blanc était trop intelligent et trop fort. Ces espions nous considéraient non comme une menace à la structure du pouvoir blanc, mais comme une menace aux intérêts des Noirs, car les Blancs maltraitaient tous les Noirs à cause de quelques agitateurs.
    Cependant, il y avait beaucoup de policiers noirs qui nous aidaient secrètement. Il s ’ agissait de types convenables qui se retrouvaient dans une impasse. Ils restaient loyaux envers leurs employeurs car ils avaient besoin de conserver leur emploi pour entretenir leur famille, mais ils étaient favorables à notre cause. Nous avions un arrangement avec quelques membres africains de la police de sécurité, qui nous informaient quand il allait y avoir une descente de police. Ces hommes étaient des patriotes qui risquaient leur vie pour aider la lutte.
    Le gouvernement n ’ était pas notre seul adversaire. Certains, qui auraient pu nous aider, nous faisaient obstacle. Au plus fort de la Campagne de défi, l ’ United Party nous envoya deux de ses députés pour nous presser d ’ arrêter. Ils nous dirent que si nous suspendions la campagne, en réponse à un appel de J.G.N. Strauss, le chef de l ’ United Party, cela aiderait le

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