Un long chemin vers la liberte
parti à battre les nationalistes aux prochaines élections. Nous avons rejeté cette proposition et Strauss nous a attaqués avec la même morgue que les nationalistes.
Nous avons aussi été attaqués par un groupe minoritaire dans l ’ ANC et qui s ’ appelait le National Minded Bloc (le Bloc national ouvert). Dirigé par Selope Thema, un ancien membre de la direction nationale, ce groupe avait immédiatement quitté l ’ ANC quand J.B. Marks avait été élu président de l ’ ANC pour le Transvaal. Thema, qui dirigeait le journal Bantu World, critiquait violemment la campagne dans ses articles en affirmant que les communistes avaient pris le pouvoir dans l ’ ANC et que les Indiens exploitaient les Africains. Il soutenait que les communistes étaient plus dangereux maintenant que leur organisation était interdite parce qu ’ ils travaillaient clandestinement, et que les intérêts économiques des Indiens étaient en contradiction avec ceux des Africains. Bien qu ’ il fût minoritaire dans l ’ ANC, ses conceptions recevaient un accueil favorable auprès de certains membres radicaux de la Ligue de la jeunesse.
En mai, au milieu de la Campagne de défi, J.B. Marks subit une interdiction, en application de la loi de 1950 sur l ’ interdiction du communisme, pour « avoir poursuivi les objectifs du communisme ». L ’ interdiction était un arrêté du gouvernement qui, en général, entraînait une démission forcée des organisations indiquées et l ’ interdiction d ’ assister à toute réunion. Une sorte d ’ emprisonnement en liberté. Pour imposer une interdiction, le gouvernement n ’ avait besoin d ’ aucune preuve ni d ’ avancer aucune accusation ; un décret du ministre de la Justice suffisait. C ’ était une stratégie destinée à retirer un individu de la lutte en le laissant vivre une existence étroitement définie, en dehors de la politique. Violer ou ignorer un ordre d ’ interdiction revenait à chercher la prison.
En octobre de la même année, à la conférence du Transvaal, on a proposé mon nom pour remplacer J.B. Marks, qui avait recommandé que je lui succède. J ’ étais président national de la Ligue de la jeunesse, et le favori pour remplacer Marks, mais un groupe de l ’ ANC du Transvaal qui se faisait appeler « Bafabegiya » (Ceux qui meurent en dansant) s ’ est opposé à ma candidature. Ce groupe se composait principalement d ’ anciens communistes devenus des nationalistes extrémistes. Ils cherchaient à couper tout lien avec les militants indiens, et poussaient l ’ ANC à se diriger vers une stratégie d ’ affrontement. Ils étaient dirigés par MacDonald Maseko, un ancien communiste président de la branche d ’ Orlando de l ’ ANC pendant la Campagne de défi, et Sperepere Marupeng, ancien responsable de l ’ organisation de la Campagne de défi dans le Witwatersrand. Tous deux avaient l ’ intention de se présenter à la présidence de l ’ ANC pour le Transvaal.
Marupeng était considéré comme une sorte de démagogue. Il avait l ’ habitude de porter une tenue kaki de style militaire surchargée d ’ épaulettes et de boutons dorés et il tenait un stick dans la main comme le célèbre général Montgomery. Il se dressait devant la foule des meetings, le stick coincé sous l ’ aisselle et disait : « J ’ en ai assez d ’ attendre la liberté. Je veux la liberté maintenant ! Je vais aller voir Malan et je vais lui montrer ce que je veux. » Il frappait la tribune avec son stick et s ’ écriait : « Je veux la liberté maintenant ! »
A cause de discours de ce genre, Marupeng était devenu extrêmement populaire pendant la Campagne de défi, mais la popularité n ’ est qu ’ un élément dans une élection. Il pensait que son récent succès lui vaudrait d ’ être élu à la présidence. Avant le scrutin, quand on a appris que je serais candidat, je suis allé le voir et je lui ai dit : J ’ aimerais que tu te présentes à la direction afin qu ’ on travaille ensemble quand je serai président. Il a pris ça comme un affront, comme si je voulais le rabaisser, et il a refusé, en maintenant sa candidature au poste de président. Mais il avait mal calculé et j ’ ai remporté l ’ élection avec une majorité écrasante.
Le 30 juillet 1952, au plus fort de la Campagne de défi, je travaillais dans mon bureau au cabinet d ’ avocats de H.M. Basner quand la police arriva avec
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