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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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dans le bosquet. Du moins, pas tout de suite.
    Il faisait complètement noir, à présent. On nous mena sans douceur en direction de la rivière, sans que nous atteignions jamais de berge. Ce fut à nouveau un soulagement. Pour peu qu’on me balance d’un quai en guise d’offrande sur le pouce à je ne sais quel dieu des eaux, je n’aurais plus qu’à remettre aussitôt mon âme entre ses mains d’algues. Ne sachant pas nager, je ne pourrais pas m’en sortir. Je n’avais guère d’espoir pour les recrues non plus, qui devaient avoir subi à peu près le même entraînement aquatique que moi.
    Nous avancions péniblement, encerclés par les guerriers. Ces derniers semblaient plutôt réjouis d’avoir quelqu’un de qui se moquer. Ils ne nous firent pas plus de mal que ça, mais nous ne tentâmes pas non plus le diable jusqu’à leur demander qui était leur chef, ni quand nous ferions halte pour casser une croûte.
    Au bout de ce qui nous sembla des heures, nous arrivâmes dans un village. Constructions rectangulaires de bois et torchis, aux toits fortement pentus plongeant presque jusqu’à terre. Quelques visages au teint pâle nous observant à la lueur de torches fumeuses. Un bœuf mugissant.
    Nos gardiens nous menèrent jusqu’à une porte ouvrant sur le côté d’un bâtiment, et nous poussèrent dans une étable accolée à angle droit à la maison ou ferme principale. Le bétail en était parti depuis peu : nous le comprîmes à l’odeur. On nous poussa dans un lieu pourvu d’une travée centrale, de compartiments délimités par des poteaux, et de mangeoires contenant du foin. Tout au fond, il n’y avait pas de compartiments, mais un âtre vide. Nous entendîmes une lourde barre verrouiller la porte de l’extérieur. L’exploration de cette chambre d’amis repoussante ne prit guère de temps. Nous nous assîmes sur nos talons et examinâmes les alentours.
    — Et maintenant, Falco ?
    Nous venions d’atteindre le degré de catastrophe auquel les gens n’ont d’autre recours que de se tourner vers moi. Le moment où ils allaient sans doute me rappeler que l’expédition jusqu’à la Lupia était une idée à moi.
    — On va attendre de voir ce qui se passe. (Mon ton n’était pas très assuré.) Cela dit, je ne pense pas qu’on nous demande lequel des avocats éminemment éloquents de la région nous souhaiterions engager.
    — Comment ça se fait qu’ils ont su où nous trouver, Falco ?
    — À mon avis, Dubnus les a prévenus.
    Nous nous préparâmes à supporter une longue attente, sans guère d’espoir quant à l’issue.
    — Peut-être qu’une belle vierge va venir nous apporter un seau de soupe, tomber amoureuse de moi et nous aider à prendre la fuite, lança rêveusement Ascanius, le pire maigrichon, le plus sordidement crasseux de tous nos jeunes soldats.
    — Guère la peine d’attendre même un dîner, Ascanius.
    À mi-longueur du bâtiment, il y avait un volet. Des enfants blonds l’ouvrirent et nous contemplèrent sans un mot, fascinés. Le manège lassa vite Helvetius qui se leva pour aller leur tirer le panneau de bois au nez. Il annonça que les grands guerriers étaient en train de discuter tranquillement en groupes. Il rentra vite la tête à l’intérieur, craignant que la vue de ses cheveux grisonnants de Romain ne leur donne des idées de meurtre.
    Ils devaient attendre quelqu’un. L’individu en question arriva au bout d’à peu près une heure. Le brouhaha des discussions s’accrut, prenant une note plus enjouée. Tous poursuivirent leurs bavardages d’une manière qui me rappela ces repas lors desquels les membres de ma famille se chamaillaient quant à l’anniversaire de la grand-tante Atia, les uns le situant en mai, les autres en juin. Le meneur des débats lui-même dut en avoir par-dessus les oreilles, car en fin de compte, il ouvrit la porte à la volée et s’engouffra dans l’étable pour venir jeter un coup d’œil à ses prisonniers.
    Il devait avoisiner les 50 ans. À mesure que ses cheveux blond-roux se clairsemaient et blanchissaient, il avait dû en accroître la longueur pour compenser. De longues mèches pendaient dans son sillage. Xanthus aurait été épouvanté. L’homme avait aussi une longue moustache qui avait grand besoin d’une pommade nourrissante, surmontée d’un nez rouge bulbeux et d’une paire d’yeux d’un gris pâle plutôt délavé. C’était un costaud à tous les égards : larges épaules, gros os,

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