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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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grosse tête, grandes mains. Il portait un pantalon de laine marron, une tunique à manches longues, une cape verte et une broche ronde en or, qui non seulement épinglait le tout, mais se soulevait et s’abaissait de façon spectaculaire, soulignant à quel point son torse se gonflait à chaque inspiration. Certains des autres avaient peut-être l’air mal nourri, mais ce gaillard-là était en forme.
    Sa garde personnelle le suivait. Des hommes plus jeunes, qui auraient tous pu poser en guise de modèles pour la statue du Noble Barbare à condition qu’on les engraisse un peu et qu’on leur apprenne à arborer un regard celte lourd d’amertume. En l’état, ils avaient le regard aussi vide que n’importe quel jeune villageois. Pour la plupart, ils se passaient de tunique, histoire de prouver à quel point ils étaient résistants – ou pauvres. Ils crachaient beaucoup par principe, et nous adressèrent des regards flambants chaque fois qu’ils se souvinrent qu’ils étaient là pour afficher leur mépris envers les prisonniers. Tous étaient équipés d’immenses épées germaines, apparemment destinées à leur servir d’appui pendant que le chef s’occupait. Ce dernier avait l’air du type toujours à deux doigts de repartir baguenauder à quelque autre affaire, et sa mine légèrement illuminée lui conférait du caractère. Même à Rome, il arrive que cette lueur un peu dérangée fonctionne en faveur d’un candidat aux élections.
    Nous nous sentions abattus et gênés ; aussi, voyant que le chef ne faisait pas mine d’engager la conversation, restâmes-nous où nous étions, assis en rang de part et d’autre de la travée. Nous le laissâmes se balader d’un bout à l’autre. Aucun de nous ne dit mot. Nous avions faim, sommeil, et le laissions transparaître, sans aller jusqu’à afficher notre désarroi. Un individu doté d’une fière souche romaine qui le galvanise est capable d’avoir l’air belliqueux, même accroupi dans soixante centimètres de fumier tassé. En tout cas, Helvetius y parvint. Il est vrai qu’il avait l’avantage d’être centurion, grade de snob.
    Le chef était quelqu’un qui marchait lentement, d’un pas qui ébranlait le sol. Il alla et vint, puis se retourna vers nous. Il émit un petit bruit dental sec, comme s’il crachait un pépin de framboise. Cela semblait être son appréciation de notre groupe, or elle exprimait audiblement du mépris. Je m’étonnai qu’il ait trouvé deux dents entre lesquelles cracher ce son, car de grands trous bien visibles ponctuaient ses gencives.
    — Quelqu’un devrait lui dire de pas faire ça, lança Ascanius d’un ton sarcastique. C’est sûrement comme ça qu’il a perdu les autres.
    Le regard du chef s’arrêta sur notre plaisantin. Nous nous rendîmes tous compte qu’il avait compris.
    Je me levai pour servir de porte-parole.
    — Nous venons en amis, annonçai-je. (M. Didius Falco, l’éternel innocent plein d’espoir.) Nous sommes en route pour aller voir Veleda, votre célèbre prophétesse.
    Le nom de Veleda produisit autant d’effet que si je tâchais d’intéresser un charognard aux vertus de la salade.
    — Vous venez en amis ? (Le chef dressa le menton, croisa les bras. La pose faisait un peu cliché, mais en la circonstance, il y avait droit.) Des Romains en Germanie libre. (Son accent latin était épouvantable, mais assez bon quand même pour se payer la tête d’un groupe de renégats prisonniers.) Vous n’avez pas la parole. Nous sommes les Bructères, nous apprit dédaigneusement le chef. Nous, on l’a !
    Il émit à nouveau son petit bruit dégoûté, puis sortit à grandes enjambées.
    — Ce coup-là, c’est sûr, lança l’incorrigible Ascanius, il va annuler la vierge. Pas de dîner ce soir, les gars !
    Et il avait raison, en plus.

50
    La belle vierge devait avoir à faire le lendemain, car elle nous envoya sa sœur à la place. Cette dernière était galbée comme un piquet de tente, aussi jolie qu’un cul de rocher, et dépourvue de personnalité. Cela ne nous aurait sans doute pas démoralisés si, pour couronner le tout, elle n’avait pas été la plus mauvaise cuisinière des deux.
    — Merci, ma chère, saluai-je courtoisement pendant que les autres faisaient la grimace. Nous sommes ravis de faire ta connaissance, ainsi que celle de ta gracieuse marmite de bouillie.
    Elle avait apporté quatre écuelles pour vingt-deux, ainsi qu’un chaudron de métal tiède plein

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