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Will

Will

Titel: Will Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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destinés.
    — Quel pape ? »
    Je le regarde fixement. « Le pape – le chef de
notre sainte mère l’Église.
    — Will, il y a deux papes. »
    Idiot comme il est, j’ai l’habitude d’entendre les pires
absurdités sortir de sa bouche. « Bien sûr que non, lui dis-je.
    — Si. »
    Il semble bien sûr de lui.
    Je lève deux doigts – les doigts dont je me sers pour
tendre une corde – et répète : « Deux papes ? Je parie tout
un jambon sur pied que ce n’est pas ce que tu voulais dire. Ce n’est pas
possible.
    — Et pourtant si, m’assure-t-il. Cela arrive tout le
temps.
    — Dis-moi, Odo, tu as encore fixé le soleil
récemment ? » Je secoue lentement la tête. « Deux papes !
A-t-on déjà entendu une chose pareille ? Ensuite, tu vas me dire que la
lune est un bol de lait caillé. »
    Odo me gratifie d’un de ses petits sourires satisfaits.
« Je ne sais pas pour la lune, mais il arrive parfois que l’Église ait à
choisir entre deux papes. Et c’est le cas actuellement. Vivant dans la forêt
comme vous le faites, ça ne m’étonne guère que vous n’en ayez pas entendu
parler.
    — Par tous les saints, comment en est-on arrivé
là ? »
    Je le tiens. Une ride apparaît sur le front lisse d’Odo.
« Je ne sais pas exactement ce qui est arrivé.
    — Ah ! Tu vois ! Tu veux jouer au plus fin
avec moi, moine, mais je ne te laisserai pas gagner.
    — Non, non, insiste-t-il, il y a vraiment deux
papes. » C’est simplement, soutient-il, que le compte rendu d’un tel
événement survenu si loin d’ici est difficile à obtenir, et encore plus à
croire. Ce qu’on peut tenir pour certain, c’est qu’il y a eu un désaccord entre
les pouvoirs qui régissent la Sainte Église. « La question de la
succession papale s’est posée, m’explique-t-il. Comment c’est arrivé cette
fois, je ne saurais le dire. Mais rois et empereurs essaient toujours
d’influencer la décision.
    — Ça au moins, je puis le croire. » Effectivement,
ce dernier point ne m’étonne pas outre mesure. C’est toujours la même chose
avec les rois, quel que soit leur acabit ; rien de ce qui les concerne ne
me surprend plus. Mais tandis qu’Odo me parlait, j’ai commencé à nourrir l’ombre
d’un soupçon que cet événement étrange et l’apparition de l’anneau et de la
lettre en Elfael pouvaient avoir une origine commune, ou une fin commune. Si je
découvrais la vérité de l’un, je pourrais bien dévoiler celle de l’autre.
    « Sans doute est-ce ce qui a causé le désaccord cette
fois.
    — Continue. J’écoute.
    — Quelle que soit la manière dont il est survenu, ce
désaccord a engendré un conflit dans lequel chaque camp adverse a choisi son
propre successeur, qui prétend être le pontife légitime.
    — Deux papes. Le monde ne cessera-t-il jamais de
m’étonner ? »
    Odo est en train de jouer avec le petit morceau de parchemin
devant lui. « C’est ce qui m’y a fait penser. » Il me tend le petit
lambeau de peau. Là, dans un coin, quelqu’un a dessiné un blason. J’y jette un
coup d’œil, puis m’apprête à le lui rendre. Ma main s’arrête à mi-chemin et se
crispe brusquement sur le parchemin. « Attends ! »
    J’étudie le dessin de plus près. « J’ai déjà vu ça.
C’était sur l’anneau. Odo, sais-tu à qui sont ces armoiries ?
    — Ce sont celles du pape Clément, me répond-il. En tout
cas, c’est ce que l’abbé a dit.
    — L’abbé Hugo t’a dit cela ? »
    Odo hoche la tête.
    Je l’observe avec une excitation que je n’ai pas ressentie
depuis des mois. Odo ne m’a jamais menti. C’est peut-être là sa vertu
singulière. Je réfléchis à ses paroles avant de reprendre. « Mais vois-tu,
dis-je lentement, ce n’est pas Clément que nous reconnaissons comme le chef de
l’Église. C’est Urbain.
    — C’est bien le problème. Certains soutiennent Urbain,
d’autres Clément.
    — Oui, tu l’as déjà dit. Maintenant, Odo, mon scribe
fidèle, dis-moi la vérité.
    — Toujours, Will.
    — Quel pape le baron de Braose
soutient-il ? »
    Il répond sans hésitation, d’un ton atone, presque moqueur.
    « Clément, évidemment. »
    Ses mots font jaillir une très petite étincelle d’espoir
dans mon cœur vide. « À la façon dont tu le dis, on pourrait croire que ça
ne te convient pas outre mesure.
    — Il ne m’appartient pas d’approuver ou de
désapprouver, riposte-t-il.
    — Peut-être

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