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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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n’ait pas été glacée, et que les serviteurs de l’impératrice aient l’habitude de tenir les chaudières très propres.
    Elle était encore coincée comme un bouffon de cirque la tête dans un tonneau. Elle se baissa sur les coudes et poussa la porte de la chaudière par laquelle on enfournait les bûches. Elle s’ouvrit avec un grincement de métal. Toujours dans le noir, elle trouva la porte de bois de la chaufferie et pria qu’elle ne soit pas fermée à clé. Elle l’était. Combien de temps lui faudrait-il pour découper la serrure ? Était-ce seulement possible ? De dépit, elle lança un coup de poing au panneau de bois.
    La porte s’ouvrit à la volée et la lumière jaillit comme des flammes. Un visage apparut, pareil à un démon aux portes de l’enfer. Un fantôme, le spectre d’un damné, Siméon.
    — Maîtresse, chuchota le vieil eunuque, permettez-moi de vous aider.
    Il lui tendit ses mains frêles mais d’une force surprenante. Comme un serpent en soie rouge couverte de poussière, Maria se glissa dans la réserve adjacente à la chaufferie.
    — Siméon, vous êtes vraiment l’ange de ma délivrance. Est-ce exact, pour notre Mère ?
    Siméon semblait inquiet mais non au désespoir.
    — Oui, ils lui ont rasé la tête et ils l’ont envoyée hors de la ville. Mais je pense qu’elle reviendra dans peu de temps. La ville s’est insurgée pour la défendre. Maîtresse, ajouta-t-il visiblement soucieux, votre Tauro-Scythe a été conduit au Néorion. Je crains que son exécution n’ait déjà eu lieu.
    — Ce n’est pas possible. Pas possible…
    « Non, se dit-elle. La lumière ne s’est pas éteinte. Non. » Elle posa les yeux sur les centaines de pots de crèmes adoucissantes, de produits de beauté et de maquillage que Zoé avait entassés dans la réserve.
    — Siméon, chuchota-t-elle, il faut que je me rende présentable. Et je vais avoir besoin de votre aide.
    Siméon inclina la tête avec une grâce intemporelle.
    * *
*
    Haraldr remua les doigts. La douleur monta jusqu’en haut de son bras. Il remua les orteils. C’était un début. Le poison avait laissé son corps entier insensible. Il ne savait pas du tout depuis combien de temps il était sans connaissance. La première fois qu’il s’était éveillé, il ne pouvait ni voir ni entendre. Il ne pouvait pas encore voir, mais il entendait enfin – et il le regretta car il comprit aussitôt où il se trouvait : au Néorion. Il sentit des coups de poignard qui lui perçaient les yeux, mais fut incapable de lever les bras pour toucher ses orbites. Ses bras étaient encore insensibles mais ses doigts avaient remué. Et il avait toujours sa langue – mais si sèche et si gonflée qu’il pouvait à peine respirer. « Laisse-moi vivre, Odin, laisse-moi vivre pour que je détruise Rome. Comme Samson aveugle, je ferai tomber les piliers. » Maria l’avait mis en garde. Par Dieu le Père, si seulement il pouvait la toucher ! Il revivait au souvenir de son regard et de son contact.
    Les corridors semblaient des trompettes qui amplifiaient chaque bruit, chaque hurlement. Le Néorion était une immense conque, et un cri lancé au sommet de la tour tournoyait jusqu’en bas, pénétrait les oreilles et explosait à l’intérieur du crâne si bien que le hurleur mourait dans votre cerveau, s’accrochait à la vie dans le crâne d’un inconnu. Des choses se mirent à ramper hors de la boue, sur ses jambes et sa poitrine, et il fut incapable de les chasser. Elles se mirent à mordre ; était-ce ces mêmes bêtes qui rongeaient aussi ses épaules ? Il pria qu’elles le tuent.
    Le feu explosa dans son visage, et quand ils le relevèrent d’une secousse, il crut qu’ils lui avaient arraché les bras. Il essaya de les voir pour leur lancer un coup de tête, mais ils maintinrent la flamme sur son visage et il sentit ses cheveux brûler. Des démons ! C’était l’enfer de Satan. Les démons lui arrachaient les bras ! Il se jeta de dos contre le mur, pour essayer d’écraser la créature derrière lui. Ils se mirent à crier dans leur langue de démons. Les Petchenègues ! Haraldr continua de projeter son dos contre le mur, et ils le frappèrent sur la tête. Puis les flammes brûlèrent son visage et des dizaines de bras se serrèrent autour de lui. Il comprit alors qu’il n’était pas aveugle. Il pouvait les voir hurler. Puis un éclair, et il ne vit plus rien.
    Quand il s’éveilla de nouveau, il se

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