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Charly 9

Charly 9

Titel: Charly 9 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Teulé
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reine de Navarre :
    — Grasse à lard !
    Ronds de jupe essorés aux cieux
peints des murs.
    — Vite au charnier, sale
charogne !
    Traînes, rubans, volent. La reine
Marguerite, comme un polichinelle en chiffon n’est bientôt plus qu’un triste
tas. On la voit presque morte, formant une arabesque avec son bras qui se tord.
Je vous laisse à penser si elle aura besoin de consolations. L’autre, fou de
rage, la laisse en larmes et gémissante alors qu’un favori du duc d’Alençon
vient s’accroupir devant la durement rabrouée. Il lui soulève sa tête dépeignée
alors qu’elle le regarde d’un œil tuméfié :
    — Joseph Boniface de La Môle…
    À quarante-quatre ans, ce beau
baladin de Cour, Malcontent réputé pour ses aventures galantes, caresse une
joue de la reine de Navarre tandis que le roi s’en va au bout du couloir,
turbulent, hasardeux, avec l’air, comme dit l’autre, d’en avoir deux. Le
chambellan le hèle :
    — Mais où allez-vous, Sire,
sans chaussures et torse nu ?
    — Boire des chiens !
     

 
31
    Des ambassadeurs, soie et bijoux,
l’un grand sec, l’autre petit ventru, délibèrent avec un troisième et ont l’air
de princes n’ayant plus grand-chose à se dire tellement cela fait longtemps
qu’ils patientent ensemble. L’un des trois retourne voir un huissier qui se
tient devant une porte entrouverte :
    — Cela fait je ne sais combien
d’heures que nous attendons que le roi soit enfin disposé à nous recevoir pour
de doctes entretiens.
    — Je sais, monsieur
l’ambassadeur de Venise, répond l’huissier d’un ton fataliste, mais Sa Majesté,
ce matin, n’a voulu recevoir personne.
    — Pourtant, vous venez bien
d’ouvrir la porte de cette salle à un gros gars rouge qui laissait une odeur de
cheval et de femme après lui.
    — Ah, là, ce n’est pas pareil.
Il s’agit du bourreau de la place de Grève dont le roi s’entiche. Il ne veut
d’ailleurs plus que lui à sa table quand il dîne.
    Le Vénitien indiscret regarde par
l’embrasure :
    — Est-ce le roi, celui qui n’a
pas de souliers mais les pieds bandés de charpie et le torse nu sous une peau
de bête ? Quelle bête d’ailleurs ?
    — C’est du chien, du chien
frais, mais veuillez vous pousser un peu, monsieur l’ambassadeur, que je
referme la porte. Notre monarque, après son lever de table, vous donnera
peut-être audience à tous trois dans un coin de la salle.
    — Ah, il va m’entendre !
promet le petit diplomate ventru à l’accent anglais en s’approchant du
Vénitien.
    — Je serais vous, conseille
l’huissier, je ne l’ennuierais pas trop aujourd’hui… Après s’en être pris dès
le réveil à sa sœur, il a plus tard tiré l’épée devant Anjou qui n’en a
réchappé qu’en demandant grâce à genoux. S’il reçoit, il vous faudra, tous
trois, se tenir un peu loin du roi :
    — Pour ne pas le tuer ?
    — Non, pour que lui ne vous tue
pas. Et pensez qu’il suffirait d’une parole de travers pour mettre tout votre
être en deuil. Craignez qu’il ne vous enlève et fasse sauter fort habilement,
de dessus les épaules, votre tête qu’il mettra ensuite au bout d’une pique en
guise de trophée.
    — Ah mais quand même, il
faudrait qu’il soit plus diplomate, s’offusque le Vénitien.
    — Autant dire au lion :
« Rampe et sois souple sous la trique », répond l’huissier.
    L’ambassadeur anglais se met à
claquer des dents alors qu’on entend trinquer et des éclats de rire derrière la
porte.
    — À la mort, mon compère !
lance Charly 9 au bourreau de la place de Grève en choquant un verre
contre le sien.
    — À la mort itou ! Ainsi
donc, maintenant, vous voudriez faire tuer tout votre peuple, Sire ?
    — Oui, entièrement.
    — Oh, ça aurait de
l’allure ! apprécie en connaisseur l’exécuteur de Grève et Montfaucon.
    — Vous trouvez aussi, mon
compère ? Vous ne dites pas ça pour me faire plaisir ?
    — Ah non ! C’est vrai que
ce n’était déjà pas mal la Saint-Barthélemy mais tout le peuple !
    — Heureusement que vous êtes
là, bourreau, pour me comprendre parce que les autres…
    — Ah, je sais, Majesté… Nous ne
sommes, ni l’un ni l’autre, appréciés à notre juste valeur et pourtant il n’y a
pas de raison que les gens vivent.
    — C’est ce que je me tue à
répéter à tout le monde mais personne n’abonde dans mon sens. Ce n’est pas
facile de régner.
    Dans la grande salle

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