Comment vivaient nos ancêtres
symbole du serment sur la sainte Croix de Jésus. Ceux qui apposent une signature reproduisent souvent plutôt de malhabiles bâtons comme peut en faire aujourd’hui un enfant de classe préparatoire. Seuls les gens lettrés tracent leur nom d’une écriture assez sûre, en le faisant suivre d’un paraphe compliqué qui se voulait décoratif et personnalisé. En effet, dans ces anciennes signatures, le nom est à peu près calligraphié, et c’est le paraphe qui révèle l’individualité. Ainsi on peut connaître le niveau culturel et social de ses ancêtres d’après l’analyse de la signature. Des enquêtes faites sur ce sujet déterminent de larges décalages entre la fréquence des signatures chez les hommes et chez les femmes, mais aussi des différences selon les régions.
Le sexe des lettres
Je n’étonnerai personne en disant que le mot alphabet vient d’alpha et bêta , qui sont les noms des deux premières lettres de l’alphabet grec, et que c’est donc une nouvelle fois par recherche d’érudition qu’on l’a préféré au mot abécédaire, qui avait eu pourtant longtemps cours.
Quoiqu’il en soit, notre alphabet, emprunté à Rome, a évidemment connu, au fil des siècles, quelques accidents de parcours, avec la longue confusion de certaines lettres, comme le U et le V. Jusqu’à ce qu’un imprimeur stras-bourgeois décide de les distinguer, en 1629. La lettre V avait en effet une double identité, étant à la fois voyelle et consonne et il en était de même, pour les lettres I et J, jusqu’à la fin du XVIII e siècle. Voilà, entre autres raisons, pourquoi ces lettres (I et J, comme U et V), se suivent dans notre alphabet.
Savez-vous enfin que si les anges, dit-on, n’ont pas de sexe, nos lettres en ont en revanche bel et bien un, étant soit masculines, soit féminines, ou encore, pour certaines, les deux à la fois ? C’est effectivement le cas de sept d’entre elles, à savoir : f, h, l, m, n, r, s, ce qui devrait nous faire normalement parler d’ une h muette , d’ une l mouillée ou d’ une s finale…
C’est en région parisienne, en Normandie, en Picardie, en Champagne et Lorraine que l’on rencontre les plus forts taux d’alphabétisation (entre 30 et 70 pour 100 des hommes vers 1690, entre 60 et 90 pour 100 un siècle plus tard).
Au XIX e siècle, avec l’aide de l’État, la scolarité va assez nettement évoluer. En 1847, on compte 63 000 écoles publiques ou privées, mais les méthodes d’enseignement restent vétustes et compliquées, et l’assiduité laisse à désirer. Pour les enfants d’alors, l’école est aux antipodes de la vie quotidienne. On y parle français ou latin alors qu’ils s’expriment en patois ; on y enseigne des choses abstraites et, même si l’enseignement est gratuit, la scolarité est compliquée pour les élèves et coûteuse pour les parents. Chaque élève doit, en effet, apporter une bûche pour chauffer la pièce où enseigne le maître en hiver et, en toute saison, du papier – une denrée chère – et deux plumes d’oie. Les plumes d’oie sont taillées selon des normes précises et le type d’écriture souhaité. L’opération compte huit phases et, pour les retailler, il existe des rafraîchissoirs de plumes d’oie. Les différentes manières de les tenir ou de poser la main sont également codifiées. Tout cela fait l’objet de traités aussi complexes que savants et dont les termes ne sont pas toujours compris par leurs jeunes lecteurs.
Les punitions physiques ne sont pas de vaines paroles dans ces anciennes écoles. Plus encore, ce sont les mémoires qui sont soumises à rude épreuve. Ainsi, dans le secondaire comme dans le primaire, tout s’apprend par cœur selon le principe des questions et réponses, comme pour les anciens catéchismes.
De vieux manuels scolaires de collégiens du XIX e siècle, retrouvés récemment dans mon grenier, me fournissent des exemples que je ne résiste pas à donner. Vers 1832, pour un enfant de onze à douze ans, l’étude de l’histoire de France consistait à apprendre les généalogies et les haut faits des soixante-neuf rois ayant régné de Pharamond à Louis XVIII.
Question : « Dites-nous quelque chose des mariages de Philippe Auguste. »
Réponse : « Philippe eut trois femmes. La première fut Isabelle, fille de Baudoin, comte de Flandre et de Hainaut. La seconde fut Ingelburge…» Quatorze lignes de texte sont ainsi à apprendre par
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