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Crépuscule à Cordoue

Crépuscule à Cordoue

Titel: Crépuscule à Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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bureau, mais son bureau est encombré d’esclaves publics qui restent généralement honnêtes jusqu’à ce qu’une bonne occasion se présente. Et ce dont il voulait m’entretenir représentait peut-être le grand secret qu’ils attendaient depuis longtemps afin de pouvoir le vendre au plus offrant.
    — D’après ton accent, affirmai-je, tu n’es pas originaire de Bétique, tu es romain. Quelle est ton histoire ?
    Il ne parut pas offensé par ma question. Il était fier de son parcours. À juste titre, d’ailleurs.
    — Je suis un ancien esclave impérial. J’ai été affranchi sous Néron, se sentit-il obligé d’ajouter.
    De toute façon, il savait que je lui aurais posé la question. Le critère, pour juger les affranchis du palais, a toujours été le nom de l’empereur qui les a suffisamment appréciés pour les libérer de leur joug.
    — Mais ça n’affecte en rien ma loyauté, précisa-t-il avec dignité.
    — Quiconque a lutté pour servir l’État sous Néron ne peut qu’accueillir Vespasien avec un immense soupir de soulagement, commentai-je. L’empereur le sait.
    — J’effectue mon travail de mon mieux.
    Voilà une déclaration que je croyais sincère.
    — Comment as-tu obtenu cette position ?
    — Après avoir acheté ma liberté, j’ai fait du commerce pendant un certain temps. Et j’ai gagné assez d’argent pour entrer dans l’ordre équestre. J’ai ensuite obtenu plusieurs postes, et finalement on m’a envoyé ici.
    Il possédait le genre de curriculum que j’aurais aimé avoir. Peut-être y serais-je parvenu si j’étais né esclave ? Tandis que mon orgueil et mon obstination s’étaient toujours mis en travers de ma route.
    — Et maintenant, tu as déclenché une controverse. Quelle est donc cette odeur qui t’a incommodé ?
    Il ne répondit pas tout de suite.
    — C’est difficile à expliquer. À tel point que j’ai hésité à établir un rapport.
    — As-tu d’abord parlé du problème avec quelqu’un ?
    — Avec le questeur.
    — Cornelius ?
    Il eut l’air choqué par ma question.
    — Naturellement ! Qui d’autre ?
    De toute évidence, il tenait à ignorer lui aussi son remplaçant de fraîche date.
    — Il était compétent ?
    — Je l’appréciais. Il faisait correctement son travail, sans aucun favoritisme. Ce n’est pas souvent qu’on peut en dire autant !
    — Il s’entendait comment avec le gouverneur ?
    — C’est le proconsul qui l’avait choisi, comme dans le bon vieux temps. Ils avaient déjà travaillé ensemble. Cornelius était tribun militaire quand le vieil homme commandait une légion. Ils sont arrivés ici ensemble. Mais Cornelius devait penser à sa carrière, il voulait se montrer au Sénat. Et le gouverneur a accepté de le laisser partir.
    — Et ensuite, il s’est vu obligé d’accepter celui qu’on lui envoyait pour le remplacer ! Mais j’ai appris que Cornelius n’était pas rentré à Rome directement, qu’il avait entrepris un long voyage.
    Une expression de fureur balaya le visage du vieil homme.
    — Justement ! Qu’il soit en train de voyager fait partie de la mauvaise odeur…
    Voilà qui me paraissait bizarre. Voyant mon expression déconcertée, le procurateur précisa :
    — Oui, s’il était rentré directement à Rome, il aurait pu expliquer la situation lui-même.
    — Qu’es-tu en train de me dire, Placidus ?
    — Cornelius devait rentrer à Rome. Il voulait rentrer à Rome pour faire de la politique et se marier.
    — Un fataliste, hein ? Alors, où est-ce qu’il se trouve en ce moment ? demandai-je, soudain saisi d’une crainte.
    Pour une raison que je n’aurais su expliquer, j’étais persuadé qu’il allait m’annoncer sa mort.
    — Il se trouve à Athènes.
    Je mis quelques instants à assimiler sa réponse inattendue.
    — Qu’est-ce qui a bien pu l’attirer à Athènes ? demandai-je enfin.
    — À part la langue, l’histoire, l’art et la philosophie ? demanda Placidus sans sourire.
    J’eus l’impression qu’il rêvait lui-même depuis longtemps d’aller en Grèce.
    — En réalité ce n’est pas ce qui a poussé Cornelius à se rendre là-bas, expliqua-t-il. C’est tout simplement qu’un ami de son père avait acheté un passage sur un bateau partant de Gades pour aller au Pirée et ne pouvait pas l’utiliser. Alors, il le lui a offert.
    — Très généreux de sa part. Je suppose que le père de Cornelius a accepté avec

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