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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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d’État.
    Cecil s’en revint donc, sa mission délicate accomplie avec succès et l’influence catholique presque brisée en Écosse, pour découvrir qu’Élisabeth, loin de le féliciter et de donner des banquets en son honneur, ne lui accordait guère d’attention, pas plus qu’à ses devoirs de souveraine.
    Ce fut alors que l’attirance brûlante entre la reine et Robin Dudley, son Maître des écuries, devint réellement apparente.

CHAPITRE III

Le dilemme de Dudley
     
    « Apparente » était un faible mot. C’était de ces inclinations qui semblent tout embraser chaque fois que les deux êtres épris sont ensemble – or ils l’étaient souvent. Quand la reine dansait, pour son plaisir ou lors de solennités, Dudley était son cavalier. Lorsqu’elle se promenait dans une galerie ou un jardin, Dudley figurait dans l’assistance. Montait-elle à cheval qu’il chevauchait auprès d’elle ; si elle sortait en carrosse, il l’escortait en bavardant avec elle par la fenêtre. En temps normal, elle dînait en privé ou en compagnie de quelques personnes. Le Maître des écuries était choisi neuf fois sur dix. Partout, chacun suivait l’autre des yeux.
    L’unique lieu interdit à Dudley était la chambre d’Élisabeth. Kat Ashley y veillait : deux dames d’honneur couchaient chaque nuit dans l’antichambre. Je savais que Kat n’avait pas toujours été un parangon de vertu et, à mon avis, elle laissait beaucoup trop libre cours aux ragots parmi les dames d’honneur. Cependant, elle ne transigeait pas sur ce chapitre. La reine pouvait tant qu’elle voulait appeler Dudley son « doux Robin », ils n’étaient pas amants.
    Tout au moins, pas encore.
    Chacun pensait que cela ne tarderait guère, et dès avant le retour de Cecil, la plupart des membres du Conseil grinçaient des dents. Dudley n’était pas aimé. Son père avait été pendu pour trahison et lui-même n’était qu’un simple chevalier. Il n’incarnait donc pas le prétendant idéal pour la Couronne.
    Les conseillers ne mâchaient pas leurs mots lorsque la reine et Dudley ne pouvaient les entendre ; quant à Sir Thomas Smith…
    Smith n’était pas membre du Conseil, mais l’un des conseillers juridiques de Cecil. Pour un courtisan doublé d’un homme de loi, il s’exprimait avec une franchise stupéfiante.
    — Une alliance stratégique solide, voilà de quoi l’Angleterre a besoin ! déclara-t-il par une chaude matinée où nous attendions, à cheval dans la cour d’honneur de Richmond, que la reine parût pour une chasse au faucon.
    Le ton caustique et la voix puissante, il ajouta que le pays se passerait bien d’un Maître des écuries vaniteux paradant en hermine.
    — Grâce au ciel, Dudley est déjà marié ! souligna le comte de Derby.
    Edward Stanley de Derby et Sir Thomas étaient proches par l’âge, mais là s’arrêtait la ressemblance : l’un était courtois et l’autre abrupt ; l’un maigre et soigné, l’autre corpulent et débraillé ; l’un catholique et l’autre protestant.
    Des deux, je préférais Sir Thomas. Il y avait de la cruauté dans les lèvres minces de Derby. On disait qu’au temps de la reine Marie, il l’avait encouragée avec ardeur à persécuter les hérétiques, c’est pourquoi désormais il venait peu à la cour. On croyait qu’il ne s’y montrait que pour surveiller le « doux Robin ». Dudley était le seul sujet sur lequel Derby et Smith s’accordaient. Sans doute s’opposaient-ils sur tout le reste, mais cette aversion commune à son égard les rapprochait presque.
    — Évidemment, reprit Derby d’un ton sombre, le fait qu’il soit marié fait craindre un scandale…
    — Et bien pire encore, si sa femme mourait…
    — C’est vrai, on la dit malade ! Mais Cecil lui a rendu visite en revenant d’Écosse et l’a trouvée, paraît-il, en parfaite santé.
    — Dudley en sera fort marri.
    Arundel, qui se trouvait à proximité, souffla un « Chut ! » réprobateur, mais on n’arrêtait pas Thomas Smith, qui continua de sa voix de stentor :
    — Plus tôt la reine sera mariée comme il convient, mieux cela vaudra. En dépit de son sceptre et de sa couronne, ce n’est qu’une femme, or toute femme a besoin d’un homme et d’enfants. Et il faut à ce pays un héritier. Quelqu’un devrait le lui faire comprendre.
    — Le Conseil s’y est efforcé, quoique en termes plus nuancés, indiqua Derby. Aussi longtemps que Dudley est dans les

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