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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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faibles, que tous deux soient… soient…
    Nous nous tournâmes, alarmées. Non seulement Amy avait éclaté en sanglots, mais elle martelait le pupitre du siège de ses poings. Ses os paraissaient fragiles comme des brindilles desséchées, pourtant elle frappait si fort qu’un des cierges tomba.
    — Madame !
    — Lady Dudley, je vous en prie !…
    Nous courûmes auprès d’elle. Pinto posa la main sur l’épaule de sa maîtresse, qui tournait la tête d’un côté, puis de l’autre, et haussa la voix :
    —  Si c’est vrai, alors qu’ils soient damnés !
    Elle posa le front sur ses doigts décharnés et se mit à geindre. Unissant nos forces, nous dûmes la porter à moitié pour traverser l’antichambre. Deux servantes accoururent, alertées par le bruit, et Dale surgit de nos appartements, une brosse à habits à la main.
    — Tout va bien, affirmai-je. Que quelqu’un aille chercher une boisson apaisante. La même que d’habitude – dites-le aux cuisines !
    Je les renvoyai toutes d’un signe et, le temps que nous couchions Amy, on nous apporta le breuvage. J’eus soin d’en prendre une cuillerée avant de le donner à Pinto, qui passa son bras autour d’Amy et l’aida à boire, très tendrement. Je me sentais toujours mieux disposée envers Pinto quand j’observais son dévouement, néanmoins elle ne s’adoucissait jamais à mon égard. Dès qu’Amy fut installée, elle appela une servante et lui ordonna de rester au chevet de la malade, puis elle me prit par le bras et me tira presque de force jusqu’au salon.
    — Et maintenant, à nous deux ! commença-t-elle en fermant la porte. Aviez-vous eu vent de cette histoire avant de venir ici ?
    — Quelle histoire ?
    — Que la reine est enceinte, voyons ! Pas difficile de deviner qui est le père, en ce cas ! Étiez-vous informée de ce qu’on raconte ?
    — Non. Et je vous le répète, ce n’est pas vrai. Quel que soit mon rang, je peux affirmer que la vie de la reine est régie de telle sorte que ce serait impossible sans que toute la cour le sache.
    Pinto me toisa de haut en bas, l’air revêche.
    — Pourquoi devrais-je en croire un mot ? C’est lui qui vous envoie. S’il a engrossé la reine, il n’a pas de temps à perdre, pas plus que Sa Très Virginale Majesté.
    — Pinto, si je rapportais ces propos, vous vous retrouveriez devant les magistrats en un rien de temps.
    — Dénoncez-moi ! Brisez le cœur de ma maîtresse ! N’est-ce pas ce que vous cherchez ? Cela pourrait l’aider à partir plus vite. Voilà qui arrangerait fort les affaires de certains, pas vrai ? Ces deux-là n’osent attendre que Dieu la rappelle à Lui. Alors, pourquoi devrais-je croire que vous n’êtes pas là pour hâter sa fin ?
    — Vous en étiez persuadée dès le départ, dis-je d’un ton las. Comment vous convaincre ? La reine et Dudley ne sont pas amants ; il n’y a pas d’enfant ; je suis ici dans le seul dessein de réconforter Lady Dudley. Et pensez-vous donc l’aider, Pinto, en me cherchant querelle ? Pensez-vous que Lady Dudley se trouve au mieux dans une atmosphère d’hostilité et de suspicion ? Stupide que vous êtes !
    Je perdais mon sang-froid. La crise d’Amy, la pire que j’eusse connue, m’avait durement éprouvée.
    — La seule menace envers sa vie est sa maladie, criai-je, et si vous l’aimiez autant que vous le prétendez, vous ne l’encourageriez pas à penser autrement !
    Son regard ne perdit rien de sa dureté. Un grondement de fureur m’échappa et je m’éloignai d’elle, franchissant la porte, dévalant l’escalier vers le grand air. Je sortis d’un pas résolu dans la cour, où John Wilton escortait deux cavaliers qui venaient d’arriver. Depuis peu, l’une des tâches que Mr. Forster lui avait dévolues était de garder l’entrée dans la loge du portier.
    — Voici dame Blanchard, dit John comme je m’approchais d’eux. Très probablement, elle pourra vous renseigner. Madame, ces gentilshommes s’enquièrent de Mr. Forster. Je sais qu’il est parti pour Abingdon, mais quand sera-t-il de retour ?
    — Il dîne avec Mr. Hyde, expliquai-je. Je suppose qu’il reviendra pour le souper. Puis-je savoir vos noms, messieurs ?
    Toutefois, j’avais déjà reconnu l’homme bien vêtu et au profil hautain, sur son alezan superbe – et sans doute fort coûteux. C’était le serviteur de Dudley, Sir Richard Verney. L’autre, qui se présenta comme Peter Holme,

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