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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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Hors d’haleine, je leur appris ce qui s’était passé. Bowes sortit aussitôt. Mrs. Odingsell me prit par le bras, me conduisit dans un salon et m’aida à m’asseoir. Avec une compassion inhabituelle, elle m’apporta une coupe de vin.
    — Buvez ceci. Vous êtes bouleversée. Maintenant, redites-moi tout, lentement. Vous avez trouvé Lady Dudley, gisant au pied de son escalier ? Vous êtes sûre qu’elle n’est pas évanouie ?
    — Tout à fait sûre.
    Frissonnant au souvenir de cette vision, j’engloutis la moitié du vin et posai la question évidente, que d’autres soulèveraient même si je m’en abstenais :
    — Mrs. Odingsell, quelqu’un est-il venu, cet après-midi ?
    — Pas que je sache. Je lisais la Bible dans ma chambre, mais je l’aurais entendu, si nous avions eu de la visite. Les chiens auraient aboyé. Or la journée a été très calme.
    Son regard gris et froid rencontra le mien. Elle mentait. Des chevaux étaient passés par là peu auparavant, laissant du crottin à l’entrée du domaine, alors que Forster et les palefreniers étaient à Abingdon. En effet, les chiens avaient dû aboyer. Et de n’importe quelle pièce donnant sur la cour, on entendait le fracas des sabots annonçant l’arrivée d’un cavalier.
    — Je vais vous raccompagner, mais d’abord finissez votre vin, me recommanda-t-elle. Je suis certaine qu’il s’agit d’un épouvantable accident. Lady Dudley a pu tomber, prise de vertiges, ou même… dans un de ses accès de désespoir. Je lui ai conseillé un jour de s’en remettre à Dieu, et elle m’a répondu, sur un ton de colère qui m’a outré, que Dieu l’avait abandonnée. Espérons qu’elle n’a pas commis l’irréparable ! Mais il faut se rappeler qu’il y a pire scandale qu’un suicide. Si des rumeurs vraiment indignes s’attachaient à cette triste fin, ce serait terrible non seulement pour cette maison et Sir Robin, mais dans des sphères beaucoup plus élevées. Me comprenez-vous ?
    Je ne croyais pas alors, et ne crois toujours pas que Mrs. Odingsell eût favorisé un homicide dont elle aurait eu vent au préalable. Mais après coup ? Quoi que l’on fît, les morts ne pouvaient être rendus à la vie. Dans ce cas, Mrs. Odingsell, en ardente protestante, aurait agi de sorte à fermer la porte de la salle du trône au nez de Marie Stuart.
    — Oui, je comprends, dis-je avec lassitude.
     
    Le reste de la maisonnée revint peu à peu d’Abingdon. Mr. Forster, manifestant une vive consternation, envoya aussitôt Bowes à la cour afin d’aviser Dudley. Le pauvre eut à peine le temps de manger un morceau.
    — Allez aussi loin que vous le pourrez cette nuit, lui ordonna Forster, mais demain, trouvez sans faute Sir Robin. La cour est à Windsor.
    Je regrettai de ne pas l’avoir su avant de charger John de sa mission et me demandai avec anxiété quand il reviendrait. Il lui avait fallu rejoindre la cour, puis pousser jusqu’au Sussex. Nous étions dimanche ; il serait peut-être de retour mercredi, au plus tôt. « Je n’aurais pas dû l’envoyer dans le Sussex », me reprochai-je. Cependant, à l’instant où je m’étais servie de Meg comme d’un prétexte pour écrire ma lettre, j’avais ressenti le besoin désespéré d’obtenir de ses nouvelles. J’avais sauté sur l’occasion. Et je doutais qu’Amy eût pu être sauvée même si Cecil avait rendu une réponse immédiate. Peut-être cela n’avait-il fait aucune différence, après tout.
    Pendant ce temps, Forster avait ordonné qu’on emporte la défunte dans sa chambre et qu’on l’allonge sur son lit. Tout le monde était affolé, même l’indolente Mrs. Owen, qui avait déjeuné avec elle puis était retournée dans ses appartements pour dormir tout l’après-midi. Elle avait été réveillée par les cris hystériques de Pinto. Quant à celle-ci, pitoyable, elle ne faisait que pleurer.
    Dale lui reprocha de m’avoir accusée alors que, si seulement on m’avait permis de rester auprès de Lady Dudley, j’aurais empêché cette tragédie. Pinto en convint et s’accrocha à moi, implorant mon pardon, ce qui était presque aussi pénible que ses accusations. J’avais aspiré à les voir cesser, mais pas de cette façon.
    Nous eûmes un souper chaotique que nous laissâmes presque intact, et nous partîmes nous coucher. Je doute qu’aucune de nous ait bien dormi.
     
    Le lendemain matin, nous nous sentions un peu désemparées. Pinto,

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