Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
Vom Netzwerk:
fait d’épargner cette beauté.
    La jeune femme se décompose. Ce n’est pas ce à quoi elle s’attendait.
    — C’était vous ? Avec ce masque sur le visage.
    — Eh bien, oui, c’était moi. Et dire que Fortunio essayait de me retenir, il n’aimait pas l’idée que j’aille délivrer une sorcière.
    — Cette sorcière vous a tué, monsieur, dit la jeune femme, d’une voix lasse. Je me nomme Valériane. Je dis l’avenir – le mien comme le vôtre est condamné – et j’ai appris de bonne heure l’art de guérir comme celui de faire mourir. Je vous ai tué sans savoir qui vous étiez, ne sachant qu’une chose et seule cette chose comptait : vous avez dit, tout à l’heure, j’ai tué Fortunio . Son corps est couché dans ce chariot que voilà, je l’aimais, il était à moi, j’étais à lui. Je l’ai vengé avant de boire à mon tour ce poison qui me permettra de le rejoindre. Vous l’avez avalé avec le vin que l’on vous a offert. Ce vin que vous avez réclamé, pour désaltérer votre soif. Soyez sans crainte, ce poison ne vous brûlera pas. Il descend calmement, il endort le corps par degrés, il vous enlève sans souffrance. Nous partirons chacun de notre côté. Dans trois heures au plus tard, tout sera fini. Adieu, monsieur. Adieu. »
    Une dernière visite avant le grand voyage
    Le roi pleure à chaudes larmes.
    La lumière rentre par la fenêtre, éclaire les mains et le visage du conteur.
    Celui-ci tend un mouchoir à l’enfant.
    — Cette fois, Majesté, c’est fini. Personne n’a pu le vaincre, mais la mort est au rendez-vous, elle vient le prendre.
     
    « — Voyez cet endroit, me dit don Juan de Tolède, je ne veux pas mourir ici. Reconnaissez-vous ce lieu ?
    Oui, j’ai reconnu la route. Nous ne sommes plus très loin de la demeure de monsieur de Paris, le bourreau de la Ville.
    — En vérité, dit don Juan, j’aimerais que vous puissiez m’accompagner pour une dernière visite, chevalier.
    Don Juan de Tolède va fouiller le mort. Il trouve une nouvelle bourse, plus lourde que la première, va trouver un jeune luthiste, il lui dit :
    — Tu joues bien. Cette bourse est à toi si tu m’accompagnes pour mes dernières heures.
    Les autres lui donnent rendez-vous sur la route de Bourges.
    Le musicien prendra le cheval de Fabien Delorme. Pour l’heure, don Juan ne ressent guère les troubles successifs à l’empoisonnement. Il peut remonter en selle. Les bohémiens nous regardent partir. Nous les abandonnons là.
    À chacun son voyage.
    Hélas quelques instants plus tard, l’aventurier commence à faiblir. Il manque de tomber de cheval. Je me place au plus près, je l’encourage. Mais combien de temps va-t-il encore pouvoir tenir ?
    — Sommes-nous loin ?
    — Trois lieues…, me dit-il.
    Je le suis, j’ignore encore où il m’emmène, mais je comprends que c’est à moi désormais de prendre les choses en main.
    Je tourne la tête, alerté par un bruit. Un carrosse passe là-bas, sur un chemin de traverse.
    — Attendez-moi ici, dis-je à l’aventurier et à ce musicien qui nous accompagne.
     
    J’aimerais prendre un masque, mais ce masque que don Juan portait avec lui est resté sur le champ de bataille. Soit. Je prends au moins les pistolets rangés dans les fontes de mon compagnon, je les range en travers de mon écharpe, et je pars la main sur la bride, le pied dans l’étrier.
    Un brigand ? Non, un mousquetaire !
    Je ne pourrais rêver plus belle voiture pour ce grand voyage…
    Je tire deux coups en l’air, l’un après l’autre, forçant le cocher à mettre le carrosse à l’arrêt. J’ai rangé ces bouches à feu, toutes fumantes, et j’en tire une autre de mes propres fontes, j’avance vers la cabine, je braque le canon vers l’intérieur.
    — Un brigand ! s’écrie la passagère.
    — Un fou ! rectifie son voisin. Monsieur, comment osez-vous ? Savez-vous qui nous sommes ?
    Je descends de cheval. J’arme le chien et j’ouvre la portière.
    — Mais parfaitement, dis-je en saluant. Pour la circonstance, madame la duchesse, monsieur l’abbé, vous êtes mes obligés. Non, madame, gardez vos bijoux. Et vous, monsieur, rangez votre dague. Je n’en veux ni à votre or, ni à votre vie. Votre voiture suffira. Sortez. Sortez ! dis-je en pointant mon canon vers le ciel, pour faire feu.
    Les passagers doivent obéir.
    — Mais enfin, dit l’abbé. Qui êtes-vous ? Vous n’avez point la mise d’un brigand.
    — Cet homme est un mousquetaire, dit la

Weitere Kostenlose Bücher