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Elora

Elora

Titel: Elora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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mille autres que lui versait Bayezid.
    Le roi n’entendait pas donner suite à ces exigences, moins encore rendre Djem aux Borgia. Les lettres de Bayezid saisies sur Giorgio Buzardo ne lui avaient laissé aucun doute quant à la connivence du pape avec le sultan. Bayezid redoutant autant la croisade que le retour de son frère, le roi restait persuadé qu’Alexandre VI ferait assassiner Djem dès que la menace française s’éloignerait. Si les motivations du pape à trahir le Latran laissaient perplexe le roi Charles, il lui avait suffi d’entrer dans Rome pour vérifier ce que la rumeur et Julien della Rovere prétendaient. Qui permettait semblable débordement n’était digne ni de Dieu ni des hommes. Certes, de son côté, son armée s’était montrée vile et ravageuse, mais il comprenait aisément qu’une telle débauche l’ait inspirée.
    Lorsqu’il se retira aux alentours de quatre heures du matin, ce fut en promettant au prince qu’il quitterait Rome avec lui pour n’y revenir jamais et qu’une fois sorti d’Italie, il serait libre d’aller où bon lui semblerait. Charles VIII espérait seulement de lui suffisamment de reconnaissance pour l’accompagner au terme de son projet, en foi de quoi il l’aiderait à destituer Bayezid.
    Djem affirma qu’il était l’être le plus droit qui puisse être, Jacques de Sassenage en témoigna, de même qu’Aymar de Grolée et quelques seigneurs, ici présents, que Djem avait côtoyés à Romans, lors de ce grand tournoi pour les épousailles d’Antoine de Montchenu.
    C’est à cette évocation qu’Hélène se souvint enfin de celui qui, par intermittence, continuait de la dévisager. Bel homme d’une quarantaine d’années, les yeux clairs mais vifs, le visage anguleux mais agréable à regarder, il s’agissait de Jacques de Montbel, comte d’Entremont, qui lui avait glissé en aparté à l’époque combien il aurait été heureux de la demander en épousailles si elle n’avait été promise au sire de Montoison. Aymar de Grolée, en la mariant après la mort de ce dernier, lui avait coupé l’herbe sous le pied. Elle ne l’avait jamais revu, mais visiblement Jacques de Montbel ne l’avait pas oubliée puisque, de nouveau, ses traits lui parlaient. Le cœur d’Hélène se mit à battre à tout rompre. Elle fixa ses larges épaules, alors qu’aux côtés du roi, il prenait congé de Djem.
    « Pourvu, songea-t-elle, pourvu qu’il n’imagine rien qu’une passable ressemblance. »
    Rien qui compromette ses projets.

27
     
    La grand-place de Romans était aussi agitée qu’au moment du grand tournoi pour les épousailles d’Antoine de Montchenu, dix ans plus tôt. Certes, d’autres l’avaient animée, des marchés aussi et nombres de fêtes votives, mais rien qui n’ait laissé de souvenir aussi puissant, d’émotion aussi vive. Parce que cette fois comme l’autre, on était venu assister à la mort d’hommes. En ce jourd’hui dix-huit janvier, la corde casserait les nuques. Quarante-deux personnes en tout. Hommes et femmes de mauvaise vie. Deux jours de pendaisons. De quoi attirer les gens de loin, colporteurs, marchands d’oubli, porteurs d’eau et même, oui, même d’autres malandrins. Les trousse-chemises n’officiaient jamais loin de leurs compagnons d’infortune. Provocation morbide ? Défi de vivant ? Nul ne savait ce qui se passait dans leur tête à l’instant où, profitant de l’attention extrême provoquée par le spectacle, du souffle retenu par la main du bourreau, ils plongeaient la leur dans les poches.
    Hugues de Luirieux avait exigé d’une partie de ses hommes qu’ils s’habillent en civil et se mêlent à la masse pour débusquer ceux-là. En vérité, il espérait la venue du Mathieu. Dernier adieu aux siens. C’était de règle chez les brigands. Du moins était-ce ce que Briseur lui avait dit avant de prendre la route vers Choranche. Luirieux n’était pas certain de revoir ces bougres sitôt relâchés dans la nature, alors, pour les convaincre, une fois Petit Pierre hors d’écoute, il les avait menacés de le faire pendre si son père ne se présentait. Mais ce dernier pouvait tout autant profiter de l’occasion pour tenter de le délivrer. Dans le doute, Hugues de Luirieux avait laissé l’enfant sous bonne garde, même si le siège de la prévôté n’était pas un lieu facile à forcer. Lui se tenait face aux douze gibets, construits pour la circonstance, assis sur une estrade

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