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Excalibur

Excalibur

Titel: Excalibur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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souhaitais pas prolonger son existence, mais il
pouvait aussi nous être utile, alors je tendis la main et le hissai en croupe,
derrière moi. « Je devrais vous laisser là, l’évêque », dis-je tandis
qu’il s’installait. Il ne répondit pas, mais se contenta de m’enlacer fortement.
Taliesin mena le second cheval par la bride jusqu’à la barrière du pré. « Est-ce
que Merlin t’a dit ce que nous devions faire ? demandai-je au barde en
donnant un coup de talons à ma monture pour lui faire franchir l’ouverture.
    — Non,
Seigneur, mais la sagesse suggère que nous gagnions la côte pour prendre un
bateau. Et que nous nous hâtions, Seigneur. Leur sommeil ne durera pas
longtemps et lorsqu’ils aurons découvert votre fuite, ils enverront des hommes
à notre recherche. » Taliesin se servit de la porte comme d’un montoir.
    « Que
faut-il faire ? demanda Sansum paniqué, en s’accrochant frénétiquement à
moi.
    — Vous
tuer ? suggérai-je. Après, Taliesin et moi pourrions aller plus vite.
    — Non,
Seigneur, non ! Je vous en prie, non ! » Taliesin leva les yeux
vers les étoiles voilées par le brouillard. « Chevaucherons-nous vers l’ouest ?
    — Je sais
où il faut aller, dis-je en poussant mon cheval vers le sentier menant à
Lindinis.
    — Où ?
demanda Sansum.
    — Voir
votre femme, l’évêque, voir votre femme. » C’était pour cela que j’avais
épargné sa vie, parce que Morgane était maintenant notre meilleur espoir. Je
doutais qu’elle veuille bien me secourir, et j’étais sûr qu’elle cracherait à
la figure de Taliesin s’il lui demandait son aide, mais pour Sansum, elle
ferait n’importe quoi.
    Alors, nous
nous rendîmes à Ynys Wydryn.
     
    *
     
    Nous tirâmes
Morgane de son sommeil et elle se présenta à la porte de son manoir de fort
mauvaise humeur, ou plutôt d’une humeur pire que d’habitude. Elle ne me
reconnut pas sans ma barbe, et n’aperçut pas son mari qui, tout endolori par la
chevauchée, traînait derrière nous, mais elle vit en Taliesin un druide qui
osait pénétrer dans les confins sacrés de son sanctuaire. « Pécheur ! »
hurla-t-elle. Le fait qu’elle venait d’être réveillée n’adoucissait en rien la
force de ses vitupérations. « Profanateur ! Idolâtre ! Au nom du
Dieu saint et de Sa Mère bénie, je t’ordonne de partir !
    — Morgane ! »
criai-je, mais à l’instant même, elle reconnut la silhouette boitillante,
débraillée, de Sansum ; elle poussa un petit miaulement de joie et se
précipita sur lui. Le quartier de lune scintillait sur le masque doré derrière
lequel elle dissimulait son visage défiguré par le feu,
    « Sansum !
cria-t-elle. Mon bien-aimé !
    — Mon
trésor ! dit Sansum, et tous deux s’étreignirent dans la nuit.
    — Chère
âme, bredouilla Morgane en lui caressant le visage, que t’ont-ils fait ? »
    Taliesin
sourit et même moi, qui détestais Sansum et n’éprouvais aucune affection pour
Morgane, je ne pus m’empêcher de faire de même en voyant leur joie. De toutes
les unions que j’ai jamais connues, c’était bien la plus étrange. L’évêque
était l’homme le plus déloyal que la terre ait porté, et son épouse, la femme
la plus intègre jamais créée, pourtant ils s’adoraient, ou du moins, Morgane
adorait Sansum. Elle était née belle, mais le terrible incendie où mourut son
premier mari avait horriblement estropié son corps et défiguré son visage. Nul
homme n’aurait pu l’aimer pour sa beauté, ni pour son caractère que le feu
avait rendu aussi amer qu’il avait enlaidi son visage, mais on pouvait aimer
Morgane pour sa parenté, car elle était la sœur d’Arthur, et ce fut sans doute
cela qui attira Sansum. Mais s’il ne l’aimait pas pour elle-même, il affichait
néanmoins une affection qui l’avait convaincue et rendue heureuse, et pour cela,
j’étais prêt à pardonner sa dissimulation au Seigneur des Souris. Il l’admirait,
aussi, car Morgane était une femme intelligente, et Sansum prisait cette
qualité ; tous deux y avaient gagné, elle de la tendresse, lui une
protection et des conseils, et comme ils n’y cherchaient pas les plaisirs de la
chair, leur mariage s’avérait meilleur que bien d’autres.
    « Dans
une heure, les hommes de Mordred vont arriver, dis-je en interrompant
brutalement leurs joyeuses retrouvailles. Il vaudra mieux pour nous être loin d’ici,
et vos femmes, Dame, devraient se réfugier

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