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Fourier

Fourier

Titel: Fourier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jonathan Beecher
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point et pas sur un autre. [...] Qu’est-ce que le fouriérisme ? Je ne
sais pas. Ma théorie est la continuation de celle de Newton sur l’attraction
[...] Je suis un continuateur et je n’ai jamais accepté le terme de Fouriériste 48 . » Fourier fait ainsi clairement
comprendre à ses disciples que ceux qui souhaitent épouser ses idées en public
le font à leurs risques et périls.
    Le maître n’a jamais été facile à vivre, et l’âge n’arrange pas
les choses. La correspondance qu’échangent ses disciples au fil des années 1830
est émaillée de doléances sur son dogmatisme et sa « nature aride et exclusive
». Bien après sa mort, Considerant n’hésitera pas à dire qu’il lui arrivait de
se montrer « extravagamment injuste envers ceux qui ne pensaient pas comme lui 49 ». Certes, Fourier savait encore à
l’occasion « charmer les yeux et les oreilles », comme le dit Charles Pellarin
:
    Lui demandait-on, par exemple, l’analogie de tel ou tel
animal qui représente quelqu’un de nos travers et de nos ridicules sociaux ? Il
l’expliquait de la façon la plus pittoresque et la plus comique à la fois,
imitant le port, l’allure, le cri, les habitudes des animaux dont il parlait [...]
Il y avait alors chez Fourier du La Fontaine et du Molière 50 .
    D’autres proches de Fourier évoquent un homme délicat, qui ne se
plaint jamais, est toujours prêt à faire son possible pour alléger les
souffrances d’autrui, et paraît « si impassible dans la souffrance qu’on l’eût
dit étranger à sa propre personnalité 51 ». Mais il est indéniable que l’irascibilité du maître ne fait qu’augmenter
avec l’âge et qu’il se met de plus en plus souvent en colère contre ses amis
trop empressés, contre les « Jacobins » qui se font passer pour ses disciples,
voire contre les négociants en vin parisiens dont il est persuadé (peut-être
pas entièrement à tort !) que les alcools frelatés le précipitent droit au
cimetière. Par ailleurs, il devient plus secret et se fait prier quand il
s’agit de discuter sérieusement de sa théorie. Il ne s’est jamais départi de la
peur qu’on lui vole son invention. Souvent, quand quelqu’un vient lui poser des
questions, il les élude brusquement. Albert Brisbane se souvient qu’« il était
exclu de discuter familièrement de théorie... “Voyez mes livres, disait-il,
vous y trouverez les explications que vous cherchez 52 ” ».
    On sait que les échanges intellectuels entre Fourier et ses
disciples ont toujours été limités. Au plus, Fourier répondait à leurs
questions et corrigeait leurs erreurs. Mais ces modestes dialogues tendent eux
aussi à disparaître et les contacts de Fourier avec ses disciples se bornent en
grande partie à quelques occasions mondaines. Ils l’invitent à dîner chez eux,
lui ménagent des entrevues avec de possibles candidats à la fondation ; de
temps en temps, il accepte de se laisser conduire au restaurant ou dans les
salons de leurs amis du beau monde. Mais sa santé, qui décline depuis longtemps
déjà, l’empêche de goûter la bonne chère, et c’est souvent une épreuve pour lui
que de subir la compagnie d’inconnus aux questions importunes.
    Quoique né avec des dispositions affectueuses, écrit
Pellarin, Fourier a toujours beaucoup vécu solitaire. Quand son nom eut
commencé à être connu, pendant les cinq ou six dernières années de sa vie, on
se mit à le rechercher comme on recherche à Paris toute célébrité. Désireux de
l’entendre lui-même parler de sa Théorie, bien des gens essayaient de l’attirer
chez eux en l’engageant à dîner ou à passer la soirée. Mais, jaloux de sa
dignité comme de son indépendance, Fourier n’acceptait qu’avec une extrême
réserve les invitations qui lui étaient faites, et seulement lorsqu’il
connaissait assez intimement les personnes. Du moment où il croyait
s’apercevoir qu’on avait voulu le faire poser, le donner en spectacle à des
curieux, ou qu’on cherchait à lui arracher le secret de quelques-unes de ses
combinaisons théoriques, Fourier se retranchait dans un silence obstiné que
rien ne pouvait vaincre, ou bien il répondait par des défaites à toutes les questions
que l’on continuait à lui adresser 53 .
    Un jour, Fourier et Considerant sont invités à dîner à Neuilly,
dans l’élégante demeure de Benjamin Appert (un philanthrope réformateur de
prisons bien en vue dans les cercles orléanistes), avec des

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