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Gisors et l'énigme des Templiers

Gisors et l'énigme des Templiers

Titel: Gisors et l'énigme des Templiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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Le
problème est que les documents présentés soi-disant par l’Ordre de Sion, et
publiés comme étant des dossiers secrets , paraissent
être d’une authenticité sinon douteuse, du moins totalement incontrôlable [12] .
    Il est toujours délicat de juger des documents qui
surgissent d’un passé lointain et qui apparaissent comme par hasard lorsqu’on a
besoin d’eux. On peut également considérer comme étrange l’attitude d’un
groupement qui, à un certain moment, décide de livrer au public des dossiers secrets , alors que, pendant des siècles, il les a
tenus à l’écart [13] .
Il est évident que de telles découvertes se font de temps à autre et que les
historiens sont très heureux de les mettre à contribution. Mais avant toute
chose, il faut s’assurer de l’origine de ces documents. On ne peut bâtir
valablement une thèse sans s’appuyer sur des bases contrôlables, même si on est
amené à supposer telle ou telle chose parce que l’on manque de certitude.
    L’Histoire est remplie d’exemples de documents fabriqués
après coup pour les besoins de la cause, de chartes antidatées, de témoignages
imaginaires et de « parchemins » habilement vieillis. Au Moyen Âge,
les moines de certaines abbayes étaient spécialistes de ce genre de travail,
soit pour rehausser le prestige de leur abbaye, soit pour y attirer des
pèlerins, soit pour se faire exempter d’impôts, soit pour rendre service à de
nobles protecteurs. À Glastonbury, en Angleterre, sous l’impulsion d’Henry II
Plantagenêt, les moines ont fabriqué de toutes pièces une sorte de
procès-verbal d’exhumation des corps du roi Arthur et de la reine Guenièvre.
Et, à l’heure actuelle, le visiteur peut se recueillir devant la tombe de ces
personnages légendaires. C’est pourquoi il convient d’être extrêmement prudent
vis-à-vis de certains documents qui prétendent apporter une lumière nouvelle à
une énigme historique.
    En dehors de ces dossiers secrets ,
aucun document, aucun ouvrage sur les ordres de chevalerie ne nous parle du
Prieuré de Sion, ce qui est étonnant pour un ordre fondé depuis si longtemps et
qui aurait joué un rôle tellement considérable dans l’Histoire. C’est Godefroy
de Bouillon lui-même qui l’aurait établi à Jérusalem en 1099, et son premier
siège aurait été l’abbaye Notre-Dame du Mont de Sion. Godefroy de Bouillon
n’aurait pas fondé cet ordre par hasard : il aurait été lui-même affilié à
une secte plus ancienne sur laquelle on ne nous donne guère de renseignements.
De plus, Godefroy de Bouillon aurait eu des contacts avec de mystérieux
« Frères de la Croix Rouge ». La Croix Rouge servait d’emblème, nous
dit-on, aux « Sages de la Lumière », fraternité initiatique de
tendances gnostiques qui aurait été établie par un certain Ormus ou Ormessus,
un Alexandrin que saint Marc aurait converti au christianisme.
    Mais ce n’était pas suffisant pour assurer une authentique
filiation initiatique à cet ordre nouveau. Le Prieuré de Sion, nous
assure-t-on, est né de la fusion du groupe de Godefroy de Bouillon, des Frères
de la Croix Rouge et de groupes esséniens. Ainsi rattache-t-on le Prieuré de
Sion au johannisme . Que deviendraient d’ailleurs les
sectes ésotériques, prudemment nommées « cercles philosophiques », si
elles ne pouvaient se placer sous le patronage de saint Jean ? Encore
faudrait-il savoir de quel saint Jean il s’agit : le Baptiste ou
l’Évangéliste ? À moins que ce ne soit un autre Jean, celui de
l’Apocalypse ? On nous assure que cela n’a pas d’importance : de
toute façon, la règle est d’opposer l’Église de Jean, détentrice du véritable
message d’amour, et l’Église de Pierre, la « pervertie », celle qui a
succombé à un diabolique exotérisme en se vulgarisant et en s’incarnant dans le
siècle. C’est d’ailleurs oublier que le véritable et authentique fondateur de
l’Église chrétienne n’est pas saint Pierre, en dépit de la fameuse phrase de l’Évangile,
mais saint Paul, dont les Épîtres, antérieures aux Évangiles, sont le point de
départ absolu de la doctrine catholique romaine. Mais qu’à cela ne tienne. En
supposant qu’il existe des tendances johannites dans le Christianisme médiéval,
notamment au Proche-Orient, on peut très bien admettre que le Prieuré de Sion,
si tant est qu’il ait existé, se soit pourvu d’une solide filiation de ce

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