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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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l’Allemagne et la plus grande
partie de la Pologne, étaient originairement habités par une seule nation,
partagée en différentes tribus; dont les traits, les moeurs, le langage;
attestaient une origine commune, et laissaient apercevoir entre elles une
ressemblance frappante [695] .
Le Rhin bornait à l’occident ces vastes contrées ; et vers le midi, les
provinces illyriennes de l’empire en étaient séparées par le Danube. Depuis ce
fleuve, une chaîne de montagnes, connues sous le nom de monts Krapacks, couvrait la
Germanie du côté de la Hongrie et du pays des Daces. A l’orient, les défiantes
mutuelles des Germains et des Sarmates marquaient légèrement quelques
frontières souvent effacées par lés conquêtes et par les alliances des
différentes tribus de ces deux nations. Le septentrion resta toujours inconnu
aux anciens : ils n’entrevirent qu’imparfaitement un océan glacé au-delà de la
mer Baltique et de la péninsule ou des îles de la Scandinavie [696] .
    Quelques écrivains ingénieux [697] ont soupçonné
que l’Europe était autrefois bien, plus froide qu’elle ne l’est à présent. Les
plus anciennes descriptions de la Germanie tendent singulièrement à confirmer
leur théorie. Il n’est question, en parlant de cette contrée, que de neige, de
frimas et d’un hiver perpétuel. On doit peut-être s’arrêter peu à ces
expressions générales, puisque nous n’ayons aucune méthode pour réduire à la
mesure exacte du thermomètre les sensations ou les expressions d’un orateur né
sous le climat fortuné de la Grèce et de l’Asie. Il existe cependant deux
circonstances remarquables et d’une nature moins équivoque : 1° La glace
arrêtait souvent le cours des deux grands fleuves qui servaient de limites à
l’empire. Pendant l’hiver, le Rhin et le Danube étaient capables de soutenir
les fardeaux les plus énormes. Alors les Barbares qui choisissaient
ordinairement cette saison rigoureuse pour leurs incursions, transportaient,
sans crainte et sans danger , sur une masse d’eau devenue immobile [698] , leurs
nombreuses armées, leur cavalerie et des chariots remplis de provisions de
toute espèce. Les siècles modernes n’ont jamais été témoins d’un pareil
phénomène. 2° Le renne, cet animal utile, dont le sauvage du Nord, condamné à
vivre sous un ciel affreux, tire de si grands avantages, est d’une constitution
qui supporte, qui exige même le froid le plus rigoureux. On le trouve sur le
rocher du Spitzberg, à dix degrés du pôle. Il semble se plaire au milieu des
neiges de la Sibérie et de la Laponie : aujourd’hui il ne peut vivre,
encore moins se reproduire, dans aucune contrée au sud de la mer Baltique [699] . Du temps de
Jules César, le renne, aussi bien que l’élan, et le taureau sauvage, existait
dans la forêt Hercynienne, qui couvrait alors une partie de l’Allemagne et de
la Pologne [700] .
Les travaux des hommes expliquent suffisamment les causes de la diminution du
froid. Ces bois immenses qui dérobaient la terre eux rayons du soleil [701] , ont été
détruits. A mesure que l’on a cultivé les terres et desséché les marais, la
température du climat est devenue plus douce. Le Canada nous présente
maintenant une peinture exacte de l’ancienne Germanie. Quoique située sous la
même latitude que des plus belles provinces de la France et de l’Angleterre,
cette partie du Nouveau Monde, éprouve le froid le plus rigoureux. Le renne y
est commun : la terre reste ensevelie sous une neige profonde et
impénétrable. Le fleuve Saint-Laurent est régulièrement, gelé dans un temps où
les eaux de la Seine et de la Tamise sont ordinairement débarrassées des glaces [702] .
    On a souvent examine, l’influence du climat sur les corps et
sur les esprits des Germains. Il est plus facile d’en exagérer les effets que
de les déterminer avec précision. Quelques écrivains ont supposé, et ils
croyaient tous pour la plupart, quoique peut-être sans aucune preuve
suffisante, que le froid rigoureux du nord contribuait à la longue vie des
habitants, et favorisait la propagation de l’espèce ; que les hommes de ces
contrées étaient plus propres à la génération, et les femmes plus fécondes que
dans les climats chauds et tempérés [703] .
Nous pouvons avancer avec plus d’assurance que les peuples du Septentrion
avaient reçu de la nature de grands corps et une vigueur inépuisable, et qu’ils
avaient en général sur ceux

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