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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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la vérité trouvent rarement un accueil aussi favorable
parmi les hommes ? Et puisque la sagesse de la Providence daigne souvent
employer nos passions et les circonstances générales où se trouve le genre
humain, comme des instruments propres à l’exécution de ses vues, il peut aussi
nous être permis de demander, avec toute la soumission convenable, non pas
quelle fut la cause première des progrès rapides de l’Église chrétienne, mais
quelles en ont été les causes secondes. Les cinq suivantes paraissent être
celles qui ont favorisé son établissement de la manière la plus efficace. 1° Le
zèle inflexible, et, s’il nous est permis de le dire, intolérant des chrétiens ;
zèle puisé, il est vrai, dans la religion juive, mais dégagé de cet esprit
étroit et insociable, qui, loin d’inviter les gentils à embrasser la loi de
Moïse, les en avait détournés. 2° La doctrine d’une vie future, perfectionnée
et accompagnée de tout ce qui pouvait donner du poids et de la force à cette
vérité importante. 3° Le don des miracles attribué à l’Église primitive. 4° La
morale pure et austère des fidèles. 5° L’union et la discipline de la
république chrétienne, qui forma par degrés, dans le sein de l’empire romain,
un État libre, dont la force devenait de jour en jour plus considérable.
    I . Nous avons déjà fait connaître l’harmonie
religieuse du monde ancien, et la facilité avec laquelle tant de nations si
différentes, et même ennemies, avaient adopté, ou du moins respecté les
superstitions les unes des autres [1343] .
Un seul peuple refusa de souscrire à cet accord universel du genre humain. Les
Juifs, qui sous la domination des Assyriens et des Perses, avaient langui
pendant plusieurs siècles au rang des plus vils de leurs esclaves [1344] , sortirent tout
à coup de l’obscurité lorsqu’ils furent soumis aux successeurs
d’Alexandre ; et comme leur nombre s’augmenta avec une rapidité étonnante
en Orient, et dans la suite en Occident, ils excitèrent bientôt la surprise et
la curiosité des autres nations [1345] .
Leur opiniâtreté invincible à conserver leurs cérémonies particulières, et
leurs mœurs insociables, semblaient indiquer une espèce d’hommes qui
professaient hardiment ou qui, déguisaient à peine une haine implacable [1346] contre le reste
du genre humain. Ni la violence d’Antiochus, ni les artifices d’Hérode, ni
l’exemple des nations circonvoisines, ne purent jamais engager les Juifs à
joindre aux institutions de Moïse la mythologie élégante des Grecs [1347] . Les Romains, attachés
aux maximes d’une tolérance universelle, protégèrent une superstition qu’ils
méprisaient [1348] .
Auguste, si rempli de condescendance envers tous les sujets de son empire,
daigna ordonner que l’on offrit des prières pour la prospérité de son règne
dans le temple de Jérusalem [1349] ; tandis que le dernier des enfants d’Abraham serait devenu un objet d’horreur
à ses propres yeux et à ceux de ses frères, s’il eût rendu le même hommage au
Jupiter du Capitole. La modération des vainqueurs ne fut pas capable d’apaiser
les préjugés inquiets d’un peuple alarmé et scandalisé à la voie des enseignes
du paganisme qui devaient nécessairement s’introduire dans une province romaine [1350] . En vain
Caligula voulut-il placer sa statue dans le tempe de Jérusalem ; ce projet
insensé fut déjoué par la résolution unanime des habitants, qui redoutaient
bien moins la mort qu’une profanation si impie [1351] . Leur
attachement à la loi de Moïse égalait leur aversion pour tout culte étranger.
Leur zèle pieux, resserré et contrarié dans son cours, acquit la force et
quelquefois l’impétuosité d’un torrent.
    Cette persévérance inflexible, qui paraissait si odieuse ou
si ridicule au monde ancien, prend un caractère plus auguste depuis que la
Providence a daigné nous révéler l’histoire mystérieuse du peuple choisi ;
mais le respect et même le scrupule avec lesquels les Juifs du second temple
conservèrent les institutions de Moïse, paraîtront encore plus étonnants, si
l’on compare cet attachement avec l’incrédulité opiniâtre de leurs ancêtres. Au
temps où la loi avait été donnée sur le mont Sinaï, au milieu des éclats de la
foudre, où les flots de l’Océan étaient devenus immobiles, où les corps
célestes avaient suspendu leur cours pour favoriser les expéditions des
Israélites ;

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