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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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de défendre les opprimés ; et
l’imposition des mains : assurait pour la vie la possession de quelques-uns des
plus précieux privilèges de la société civile. Les empereurs avaient exempté le
corps entier du clergé, plus nombreux peut-être que celui des légions, de tout
service public ou particulier, des offices municipaux [2266] , et de toutes
les taxes ou contributions personnelles qui écrasaient leurs concitoyens d’un
poids intolérable. Les devoirs de leur sainte profession étaient censés remplir
suffisamment toutes leurs obligations envers la république [2267] . Chaque évêque
acquérait un droit indestructible et absolu à l’éternelle obéissance des
prêtres qu’il avait ordonnés. Le clergé de chaque Église épiscopale et des
paroisses dépendantes formait une société régulière et permanente, et celui des
cathédrales de Constantinople [2268] et de Carthage [2269] ,
entretenu à leurs frais, comprenait cinq cents ministres ecclésiastiques. Leur
rang [2270] et leur nombre furent multipliés par la superstition des temps ; elle introduisit
dans l’Église les cérémonies fastueuses des Juifs et des païens. Une longue
suite de prêtres, de diacres, de sous-diacres, d’acolytes, d’exorcistes, de
lecteurs, de chantres et de portiers, contribuèrent, dans leurs différents
postes, à augmenter  la pompe et la régularité du culte religieux. Le nom de
clerc et ses privilèges s’étendirent aux membres de plusieurs confréries
pieuses qui aidaient dévotement au soutient du trône ecclésiastique [2271] . Six cents parabolani ,
ou aventuriers, visitaient, les malades d’Alexandrie, onze cents copiatæ ,
ou fossoyeurs, enterraient les morts à Constantinople ; et les nuées de moines
qui s’élevaient des bords du Nil, couvraient et obscurcissaient la surface du
monde chrétien.
    3° L’édit de Milan assura les revenus aussi bien que la paix
de l’Église [2272] .
Les chrétiens ne recouvrèrent pas seulement les terres et les maisons dont les
avaient dépouillés les lois persécutrices de Dioclétien ; mais ils acquirent un
droit légal à toutes les possessions dont ils ne jouissaient encore que par
l’indulgence du magistrat. Aussitôt que l’empereur et l’empire, eurent embrassé
la religion chrétienne il aurait paru juste de donner au clergé national une
existence décente et honorable. Le paiement d’une taxe annuelle aurait pu
délivrer le peuple des tributs abondants et abusifs que la superstition impose
à ses prosélytes. Mais comme les dépenses et les besoins de l’Église
augmentaient avec sa prospérité, l’ordre ecclésiastique continuât d’être
soutenu et enrichi par les oblations volontaires des fidèles. Huit ans après
l’édit de Milan Constantin permit à tous ses sujets sans restriction de léguer
leur fortune à la sainte Église catholique [2273] ,
et leur dévote libéralité, qui avait été arrêtée pendant leur vie par le luxe
ou par l’aisance se livrait, au moment de leur mort, à l’excès de la
prodigalité. Les chrétiens opulents étaient encouragés par l’exemple de leur
souverain. Un monarque absolu, riche sans patrimoine, peut être charitable sans
mérite ; et Constantin crut trop aisément qu’il obtiendrait la faveur du
ciel en faisant subsister l’oisiveté aux dépens de l’industrie, en répandant
parmi les saints les richesses de ses États. Le même messager qui porta en
Afrique la tête de Maxence, fut chargé d’une lettre de l’empereur à Cécilien,
évêque de Carthage, où  le monarque lui annonce qu’il a donné ordre aux
trésoriers de la province de lui payer trois mille folles ou environ
dix-huit mille livres sterling, et de lui fournir le surplus dont il pourrait
avoir besoin pour secourir les Églises d’Afrique, de Numidie et de Mauritanie [2274] . La libéralité
de Constantin croissait dans une juste proportion avec sa ferveur et avec ses
vices. Il fit faire du clergé de toutes les villes une distribution régulière
de grains, pour suppléer aux fonds de la charité ecclésiastique ; et les
personnes des deux sexes qui embrassaient la vie monastique, acquéraient un
droit particulier à la faveur de leur souverain. Les temples chrétiens
d’Antioche, d’Alexandrie, de Jérusalem, de Constantinople, etc., attestaient la
fastueuse piété d’un prince qui ambitionnait, dans le déclin de son âge,
d’égaler les plus superbes monuments de l’antiquité [2275] . La forme de
ces pieux

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