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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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édifices était d’ordinaire simple et oblongue ; bien que quelquefois
ils s’élevassent en dômes, ou prissent, par des extensions latérales, la figure
d’une croix. On se servait presque toujours des cèdres du Liban pour les bois
de charpente, et de tuiles où peut-être de Mmes de cuivre doré, pour la
couverture, les colonnes, les murs et le pavé étaient incrustés d’une superbe
variété des marbres les plus rares ; les riches ornements consacrés au service
de l’autel étalaient avec profusion la soie, l’or, l’argent et les pierres
précieuses ; et cette magnificence extérieure avait pour base solide et assurée
une vaste propriété de terres. Dans l’espace de deux siècles, depuis le règne
de Constantin jusqu’à celui de Justinien, les dix-huit cents églises de
l’empire romain s’enrichirent des dons multipliés et inaliénables du prince et
de ses sujets. On peut évaluer à six cents livres sterling le revenu des
évêques, placés à une distance égale de l’opulence et de la pauvreté [2276] ; mais, il
augmentait insensiblement eu proportion de la puissance et de la richesse des
villes qu’ils gouvernaient. On trouve dans un registre authentique, mais
imparfait [2277] ,
l’énumération de quelques maisons, boutiques, jardins et fermes situés dans les
provinces d’Italie, d’Afrique et d’Orient, qui dépendaient des trois basiliques
de Rome, Saint-Pierre, Saint-Paul ; et Saint-Jean-de-Latran. Elles
produisaient, outre une réserve d’huile, de toile, de papier et d’aromates, un
revenu net de vingt-deux mille pièces d’or, environ douze mille livres
sterling. Dans le siècle de Constantin et de Justinien, les évêques ne
possédaient plus et peut-être ne méritaient plus la confiance aveugle des
citoyens et du clergé. On divisa les revenus ecclésiastiques de chaque diocèse
en quatre parts ; la première pour l’évêque, la seconde pour le clergé
inférieur, la troisième pour les pauvres, la dernière pour les dépenses du culte
public ; et l’abus qu’on usait de ce dépôt sacré fut souvent et sévèrement
réprimé [2278] .
Le patrimoine de l’Église était encore assujetti à toutes les impositions
publiques [2279] .
Le clergé de Rome, d’Alexandrie et de Thessalonique put solliciter et obtenir
quelques exemptions partielles, mais le fils de Constantin repoussa la
tentative prématurée du concile de Rimini, qui tendait à faire accorder à tous
les biens ecclésiastiques une franchise entière et universelle [2280] .
    Le clergé latin, qui a élevé son autorité sur les ruines du
droit civil et coutumier, a modestement reconnu pour un don de Constantin [2281] la juridiction
indépendante, qui fut pour lui le fruit du temps, du hasard et de l’industrie.
Mais, dès ce temps même, les ecclésiastiques jouissaient déjà légalement, par
la libéralité des empereurs chrétiens, de privilèges honorables qui assuraient
et ennoblissaient les fonctions sacerdotales [2282] . 1° Sous un
gouvernement despotique, les seuls évêques obtinrent et conservèrent le
privilège inestimable de n’être jugés que par leurs pairs et même dans une
accusation capitale, la connaissance de leur crime ou de leur innocence était
réservée à un synode composé de leurs confrères. Devant un tel tribunal, à
moins qu’il ne fût enflammé par un ressentiment personnel ou par la discorde
religieuse, l’ordre ecclésiastique devait trouver de la faveur ou même de la
partialité ; mais Constantin semblait convaincu qu’une impunité secrète était
moins dangereuse qu’un scandale public [2283]  ;
et le concile de  Nicée fut édifié de lui entendre déclarer publiquement que
s’il trouvait un évêque en adultère, il couvrirait le pécheur de son manteau
impérial. 2° La juridiction domestique des évêques servait également de
privilège et de frein à l’ordre ecclésiastique, dont les procès civils étaient
décemment dérobés à la connaissance du juge séculier. Les fautes légères des
prêtres n’entraînaient ni une information ni une punition publique, et la
sévérité mitigée des évêques se mesurait dans leurs douces corrections à la
faiblesse d’un élève châtié par les parents ou le maître  qui dirige sa
jeunesse. Mais lorsqu’un membre du clergé se rendait coupable d’un crime qu’on
ne pouvait suffisamment punir en le dégradant d’une profession honorable et
avantageuse, le magistrat tirait le glaive de la justice,

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