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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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indiscrète du trésorier fut la cause de sa mort et lui servit
d’excuse. L’empereur, profondément tourmenté par ses propres remords et par les
reproches du public, offrit quelques consolations à la famille d’Ursule, en lui
restituant sa fortune. Avant la fin de l’année dans laquelle ils avaient obtenu
les honneurs de la préfecture et du consulat [2543] , Taurus et
Florentins se virent réduits à implorer la clémence de l’inexorable tribunal de
Chalcédoine, qui bannit le premier à Vercelles en Italie, et porta contre
l’autre une sentence de mort. Un prince sage aurait récompensé le crime que
l’on reprochait à Taurus : ce fidèle ministre, ne pouvant plus résister aux
forces d’un rebelle, s’était réfugié à la cour de son bienfaiteur, de son
légitime souverain. Mais Florentius méritait toute la sévérité de ses juges, et
sa fuite fournit à Julien l’occasion de montrer sa générosité, en imposant
silence au zèle intéressé d’un délateur qui voulait lui indiquer la retraite de
ce misérable fugitif [2544] .
Quelques mois après la suppression du redoutable tribunal de Chalcédoine, le
substitut du préteur d’Afrique, le magistrat Gaudentius et Artemius [2545] , duc d’Égypte,
furent exécutés à Antioche Artemius, tyran cruel et corrompu, avait longtemps
désolé une grande province : Gaudentius, avait longtemps pratiqué l’art
ténébreux de la calomnie contre les innocents, contre les citoyens vertueux et
contre Julien lui-même. Cependant on conduisit si maladroitement leur procès et
leur jugement, que ces hommes pervers passèrent dans l’opinion publique pour
les victimes honorables de l’opiniâtre fidélité avec laquelle ils avaient
soutenu la cause de Constance. Une amnistie générale fut accordée à tous les
autres serviteurs, et ils purent jouir avec impunité des dons qu’ils avaient
obtenus, soit pour défendre ou pour accabler les malheureux. Cette grâce, qui,
considérée politiquement, peut mériter notre approbation, s’exécuta d’une
manière qui semblait dégrader la majesté du trône. Une multitude d’importuns,
la plupart Égyptiens, assiégeaient Julien sans relâche, et redemandaient
hautement des dons obtenus frauduleusement ou accordés par imprudence.
L’empereur, prévoyant une longue suite de procès sans fin, donna aux Égyptiens
sa parole, qui aurait dû toujours être sacrée, que s’ils voulaient se rendre à
Chalcédoine, il irait lui-même écouter et juger leurs demandes ; mais à peine
furent-ils arrivés au rendez-vous, que Julien publia une défense absolue à tous
les mariniers de transporter aucun Égyptien à Constantinople, et laissa en Asie
ses clients trompés, jusqu’au moment où leur bourse et leur patience étant
également épuisées, ils retournèrent dans leur patrie avec des murmures
d’indignation [2546] .
    Julien congédia la nombreuse armée d’espions, d’agents et de
délateurs, que Constance avait enrôlés pour assurer le repos d’un seul homme,
aux dépens de celui de tous les citoyens de l’empire. Son généreux successeur
était lent dans ses soupçons, et modéré dans ses punitions ; un mélange de jugement,
de courage et de vanité, portait Julien à dédaigner les traîtres.
Intérieurement convaincu de la supériorité de son propre mérite, il n’imaginait
pas qu’aucun de ses sujets osai se soulever ouvertement contre lui, attenter à
sa vie en particulier, ni même s’asseoir sur son trône en son absence. Le
philosophe savait excuser les imprudentes saillies du mécontentement, et le
héros méprisait des projets ambitieux qui surpassaient la fortune et l’habileté
des conspirateurs. Un citoyen de la ville d’Ancyre s’était fait faire une robe
pourpre ; l’officieuse importunité d’un de ses ennemis personnels instruisit
Julien de cette indiscrétion, qui, sous le règne de Constance, aurait été
regardée comme un crime capital [2547] .
Le monarque, après s’être informé du rang et du caractère de son rival, lui
envoya, par l’officieux délateur, une paire de pantoufles pourpres, pour
compléter la magnificence de son vêtement impérial. Dix de ses gardes tramèrent
une conspiration plus dangereuse, et firent le projet d’assassiner Julien à
Antioche, dans l’endroit où l’on exerçait les troupes. Ils trahirent leur
secret dans l’ivresse, et furent conduits chargés de chaînes en présence de
l’empereur. Julien, après leur avoir vivement fait

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