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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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auxquels ils avaient si courageusement résisté. Leurs bandes
indisciplinées pillèrent la ville de Trèves, capitale de la Gaule ; et la
faible colonie qu’ils conservaient depuis si longtemps dans le district de la
Toxandrie ou Brabant, s’étendit peu à peu sur les bords de la Meuse et de la
Scheld, et couvrit de leurs tribus indépendantes toute l’étendue de la seconde
ou Basse-Germanie. Ces faits sont suffisamment prouvés par le témoignage de
l’histoire ; mais la fondation de la monarchie française par Pharamond, les
conquêtes, les lieux et même l’existence de ce héros, ont été, avec justice,
révoqués en doute par la sévérité impartiale des critiques modernes [3702] .
    On peut dater la ruine des plus riches provinces Barbares de
la Gaule du moment où elle devint la résidence de ces Barbares, dont
l’alliance, était dangereuse et oppressive, et qui ne respectaient jamais la
paix publique lorsque leur intérêt ou leur caprice les disposaient à la
troubler. Ils exigèrent une forte rançon de tous ceux des habitants du pays qui
avaient échappé aux calamités de la guerre, s’emparèrent des terres les plus
fertiles et des demeures les plus commodes pour leurs familles, leurs esclaves
et leurs troupeaux. Les malheureux habitants s’éloignaient en soupirant, et
cédaient sans résistance à ces avides étrangers leurs biens, et leurs maisons
paternelles. Ces maux particuliers, d’ordinaire épargnés aux peuples vaincus,
n’étaient cependant qu’une répétition de ce qu’avaient tour à tour éprouvé ou
fait souffrir les Romains, non seulement dans ces moments de tyrannie qui
suivent la conquête, mais dans les fureurs de leurs discordes civiles. Les
triumvirs proscrivirent dix-huit colonies florissantes, toutes situées en
Italie, et distribuèrent les terres et les maisons des habitants aux vétérans
qui vengèrent la mort de César et donnèrent des fers à la république. Deux
poètes, dont la réputation est bien différente, ont déploré, dans des
circonstances semblables, la perte de leur patrimoine : mais les légionnaires
d’Auguste semblent avoir surpassé l’injustice et la violence des Barbares qui
envahirent la Gaule sous le règne d’Honorius. Virgile eut bien de la peine à
sauver sa vie des fureurs du centurion qui s’empara de sa ferme de Mantoue [3703] ; et Paulin de
Bordeaux reçut du Goth qui s’établit dans sa maison une somme d’argent qu’il
accepta avec autant de joie que de surprise, quoiqu’elle fût très inférieure au
prix de son bien. La violence, dans cette occasion, chercha du moins à se
déguiser sous le masque de la modération et de l’équité [3704] . A l’odieux nom
de conquérants, on substitua la douce et amicale dénomination d’ hôtes des Romains ; et les Barbares de la Gaule, particulièrement les Goths,
déclarèrent à plusieurs reprises qu’ils étaient attachés aux peuples par les
liens de l’hospitalité, et à l’empereur par ceux du devoir et de l’obéissance
militaire. On reconnaissait, on respectait encore, dans les provinces de la
Gaule cédées aux Barbares, le titre d’Honorius et de ses successeurs, leurs
lois, leurs magistrats civils ; et les rois, en exerçant sur leurs sujets une
autorité suprême et indépendante, sollicitaient, comme un honneur, le rang de
maître général des armées de l’empire [3705] .
Telle était la vénération involontaire que le nom romain inspirait encore aux
farouches guerriers qui avaient emporté en triomphe les dépouilles du Capitole.
    Tandis que les Goths ravageaient l’Italie et que de faibles
usurpateurs opprimaient successivement les provinces au-delà des Alpes, l’île
de la Bretagne secouait le joug du gouvernement, romain. On avait retiré, peu à
peu toutes les forces régulières qui gardaient cette province éloignée, et la
Bretagne se trouvait abandonnée sans défense aux pirates saxons et aux sauvages
de l’Irlande et de la Calédonie. Les Bretons, réduits à cette extrémité,
cessèrent de compter sur les secours tardifs et douteux d’une monarchie
expirante. Ils prirent les armes, repoussèrent les Barbares, et se réjouirent
d’avoir si heureusement éprouvé leurs propres forces [3706] . Les mêmes
calamités inspirèrent le même courage aux provinces de l’Armorique, qui
comprenaient sous cette dénomination les contrées maritimes de la Gaule entre
la Seine et la Loire [3707] .
Les habitants chassèrent les magistrats romains

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