Histoire du Japon
yo no gotogoto
kami ni shi maseba io-e ga shi ta ni
Hi ru wa mo Yoru wa mo Fushi-i nagekedo Akitaranu ka mo Okimi wa Amagumo no Kakuretamainu.
Vos jupes sont trempées.
elles : Lorsque vient le printemps Par le gué de notre maison Le petit poisson surgira Impatient de vous voir.
Il ne s’agit évidemment pas de jeunes filles réelles, mais de créatures de contes de fées, nées de la transe poétique du Tabito déjà nommé, admirateur des hommes de lettres chinois compagnons de l’ivresse. Il était gouverneur du Kyüshü, alors considéré comme une province frontière de première importance. Remplir un tel emploi voulait qu’on fût privé des plaisirs de la bonne société, et le Manyöshü contient par ailleurs maints vers nostalgiques exprimant la solitude des officiers et des gardes-frontières en exil. Quand ces plaintes ont été composées, les provinces de l’Est, qui forment aujourd’hui la région la plus populeuse du Japon, étaient encore incultes et éloignées du Yamato.
Voici l’un de ces poèmes – un dialogue :
Si je vous laisse derrière moi Vous me manquerez. Oh que n’êtes-vous La poignée de l’arc de bouleau Que j’emmène avec moi. Si je reste derrière vous Je souffrirai
Les douleurs de l’attente. Je voudrais bien mieux être l’arc Que vous portez le matin à la chasse.
Et voici le tableau d’un amour clandestin de village :
Viens à moi, mon doux cœur Écartant les rideaux de bambou ! Et si ma mère m’interroge Je dirai : c’était juste un coup de vent.
On en parle comme d’« un vieux poème », et il vient sans doute d’un recueil plus ancien.
Les études confucéennes, qui couvraient presque tout le programme de l’Université – un service gouvernemental du conseil des Rites –, jouèrent un rôle prépondérant dans le Japon du vine siècle. Vu le prestige de la culture chinoise, la chose était inévitable, car à part la poésie l’essentiel de la littérature classique chinoise que les Japonais apprirent à connaître avait plus ou moins trait à l’exposé ou à la réfutation de la doctrine confucéenne. Les doyens du conseil des Rites étaient des érudits confucéens de haut rang, dont les charges devinrent héréditaires dans certaines familles. Le directeur de l’Université était responsable de l’examen des étudiants et de la célébration des fêtes de Confucius et de ses principaux disciples.
Nous avons déjà vu le caractère général de la conception confucéenne du monde telle qu’elle influa sur la vie japonaise, et comment elle fournit une base théorique, ou plutôt conceptuelle, au système de gouvernement, tout en donnant un poids particulier à certaines pratiques de divination et de géomancie. Les idées chinoises de piété et de loyauté convenaient par ailleurs assez bien aux exigences courantes des dirigeants japonais ainsi qu’au sentiment traditionnel concernant la famille et le clan. Le culte des ancêtres pratiqué au Japon doit certainement beaucoup au précepte chinois tel qu’il est exposé dans le Classique de la piété filiale.
Mais il est douteux que la pensée confucéenne ait eu une grande influence créatrice en dehors du domaine institutionnel des environs de l’an 600 à la fin du moyen âge. Quelque mille ans plus tard, l’enseignement confucéen domina, il est vrai, la vie intellectuelle du Japon ; mais il s’agissait d’une forme nouvelle de confucianisme, repensé et reformulé par les philosophes Song avec un fort penchant métaphysique. A partir du vine siècle et pour un temps indéfini – peut-être même jusqu’en 1500 –, la principale influence étrangère que subit la pensée japonaise fut celle du bouddhisme – non les subtilités de sectes érudites, mais une atmosphère générale de vénération et de sainteté, de foi en de sublimes et puissantes essences, qui (combinée aux beautés de l’art religieux) était mieux faite pour plaire au tempérament japonais que l’agnosticisme conservateur du sage chinois. En réalité, il y a certaines raisons de croire que le taoïsme trouva un accueil plus favorable auprès des Japonais dotés d’une tournure d’esprit spéculative.
Voyant que le confucianisme est un système logique d’éthique sociale qui a fait preuve pendant des siècles d’une grande résistance et qui, jadis, a été accepté par l’ensemble de l’Asie orientale (Corée, Japon, Annam, Siam et même certaines régions de Birmanie), on
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