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Histoire du Japon

Titel: Histoire du Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges Sansom
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péchaient par la complexité de leur doctrine ou de leur rituel sans offrir la consolation au commun des mortels. Ainsi, le Tiantai et le Tendai peuvent tous deux être considérés comme présentant un certain caractère national et exprimant la réponse quelque peu prosaïque des esprits extrême-orientaux aux interminables débats des théologiens, qui (semblait-il) ne faisaient que semer des inextricables fourrés de leurs discussions la route des pauvres gens en quête du paradis. Après tout, il était absurde d’enseigner, comme le faisaient les écoles de Nara, que le paradis était inaccessible au profane ignorant. C’était une pensée inadmissible pour un peuple dont la vie terrestre trouvait sa cohérence dans les liens de l’affection familiale. Pourquoi, se demandait-on, nos pères, nos frères, nos femmes, nos fils et nos filles seraient-ils punis de ne pas comprendre ce qu’un moine met une vie à étudier ?
    Cette attitude pratique était très proche des développements ultérieurs du bouddhisme au Japon, car si les Japonais ont toujours été très sensibles aux impressions nouvelles, jamais dans leur histoire – aussi longtemps qu’ils ont été indépendants – ils n’ont abandonné la forteresse secrète de leur propre tradition.
    L’école Tendai se développa jusqu’à atteindre une grande puissance et une grande prospérité. Elle dut son succès à son caractère tolérant, étant si libre dans sa vision que toutes les variantes ultérieures du bouddhisme japonais, aussi loin qu’elles remontent, tirent leur origine de l’Enryakuji, monastère qui, avec le temps, finit par compter quelque trois mille bâtiments construits sur les flancs et au sommet du mont Hiei. Il est vrai que la multiplication de ses doctrines semble avoir éloigné le Tendai de ses grands principes primitifs, mais il garda son influence et son caractère éclectique jusqu’au XVIe siècle, où, pour des raisons de politique plutôt que de religion, il fut abattu par le bras séculier.
    L’homme qui, du point de vue chronologique, est le deuxième grand personnage ecclésiastique du ixe siècle, occupe dans l’histoire du Japon une place plus élevée que Saichô ou que tout autre chef religieux. Il s’agit du moine Kùkai, devenu après sa mort Kôbô Daishi. Comme Saichô, il alla étudier en Chine, et il passa plus de deux ans (804-806) à Chang’an, où, dit-on, il apprit le sanscrit avec un maître indien et fut séduit par une forme de bouddhisme alors très populaire en Chine. Contrairement au Tendai ramené par Saichô, il ne s’agissait pas d’une doctrine d’origine chinoise, mais d’une forme tardive de bouddhisme indien dite mantrayana ou tantrique, connue en Chine sous le nom de Zhenyan et au Japon sous celui de Shingon (« la vraie Parole »). Quoique son système doctrinal fût extrêmement complexe et hautement ésotérique, le Shingon avait un aspect moins philosophique et plus prosaïque, plus populaire, qui avait trait aux charmes et aux formules magiques (« mantra ») en général.
    En Chine à une certaine époque, mais aussi au Tibet et également en Inde, ce côté superstitieux du bouddhisme fut poussé à l’extrême et aboutit à une phase de religion dégénérée, portée à des pratiques extravagantes et parfois immorales. Au Japon toutefois, bien que la plupart des fidèles aient été séduits par les charmes et incantations du Shingon, la pureté de goût inhérente au peuple rejeta – ou plutôt n’autorisa pas – les excès qui, dans d’autres régions de l’Asie, avaient défiguré le mantrayana. Ainsi, tout comme le Tendai, le Shingon a un intérêt historique général en ce sens qu’il montre la réaction des Japonais face à ce qui est monstrueux ou extravagant. D’un point de vue global, l’importance du bouddhisme Shingon dans l’évolution de la civilisation japonaise réside peut-être dans sa remarquable faculté d’inspirer les beaux-arts. Sa doctrine se composait de hautes idées, mais aussi de mystères profonds, qui étaient difficiles à exprimer dans un langage simple, et qui l’amenèrent à recourir au symbolisme et à l’expression picturale. Son influence sur la peinture religieuse du Japon fut extrêmement puissante et bénéfique, et apporta une précieuse contribution à l’art en général. Mais il faut dire aussi que ses principes philosophiques trouvèrent une résonance dans l’esprit japonais et des applications dans

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