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Je n'aurai pas le temps

Je n'aurai pas le temps

Titel: Je n'aurai pas le temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hubert Reeves
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assise nouvelle dans la prise de conscience de notre participation à la saga de la complexité.
    1 .
    Grâce à la compétence informatique de mon fils Gilles et à la diligence de mon amie Nelly Boutinot, j’ai maintenant un site web sur lequel ces chroniques ont été retranscrites. Mes conférences y sont également annoncées, tout comme les spectacles audiovisuels présentés par mon fils Benoît dans lesquels les images sont commentées par ma voix enregistrée. On y trouve aussi des extraits d’articles de journaux écrits autour de ces thèmes et des liens vers d’autres enregistrements. Je profite de l’occasion pour remercier Michel Gonzales et Alain Superbie pour leur précieuse collaboration dans la préparation et la diffusion de ces audiovisuels depuis déjà plus de trente ans (voir mon site www.hubertreeves.info , ainsi que www.roc.asso.fr et www.biodiversite2012.org ).
    2 .
    Bien sûr, il n’y a pas que cela. Il y a aussi la mère crocodile qui transporte délicatement ses nouveau-nés entre ses dents pour les mettre à l’abri. Il y a les parents oiseaux qui s’affairent sans arrêt pour apporter la becquée à leurs oisillons. Il y a des actes de solidarité chez des singes et des attitudes de compassion chez les éléphants.

Chapitre 31
    Les salles de concert sont mes églises
    S ur un sentier de montagne maintes fois parcouru, on se réjouit d’avance à l’approche d’un paysage aimé : pic enneigé, vallée profonde ou torrent sonore qui se dévoilera après quelques tournants du chemin. L’anticipation du moment attendu, et qui arrive, s’ajoute au plaisir que nous procure le paysage déjà présent devant nos yeux.
    Ainsi, quand nous écoutons une musique connue, chaque passage, mélodie ou aria, se prolonge de lui-même dans notre souvenir. Il nous remémore les impressions délicieuses provoquées par lui dans le passé. Nous jouissons à l’avance du retour imminent des phrases musicales aimées que des séquences connues annoncent et promettent déjà. La musique ne se contente pas d’occuper le temps, elle l’organise et nous prend à son bord. « La musique souvent me prend comme une mer », écrivait Baudelaire. Nous sommes en voyage.
    Me promenant un jour dans les vieilles rues de Vienne, je remarque une plaque accolée à un mur : « Dans cet appartement, Mozart a composé Les Noces de Figaro . » Un long escalier, sombre, m’amène dans une pièce à peine meublée. Grâce aux écouteurs mis à la disposition des visiteurs, j’écoute le Voi che sapete . Je marche vers une fenêtre qui donne sur une rue étroite aux pavés inégaux. J’y reste longuement. J’imagine Mozart debout, à cet endroit, composant dans sa tête l’air que j’entends en ce moment. Il m’est difficile de décrire l’intensité de l’émotion que j’airessentie à cet instant. Souvent, en écoutant cet air sublime, je pense à ce moment où l’auteur l’a inventé, l’a fait sortir du néant pour le bonheur des siècles à venir. Je me sens fondre de reconnaissance…
    Je ne sais pas comment j’aurais pu vivre sans la musique. Elle m’habite véritablement. Elle est présente à toutes les époques de mon existence. J’en ai besoin comme d’une drogue. Sans la musique, je sens comme un malaise, une aridité, un vide. Loin de me distraire, une œuvre familière m’aide à me concentrer. Aux premières mesures, l’œuvre en son entier est présente dans ma tête. Dans une délicieuse anticipation, j’en attends tout le déroulement. La promesse sera tenue de tous les beaux moments qui viendront en leur temps, et que mon cœur attend comme autant de bonheurs à venir.
    Aborder une œuvre inconnue, c’est la promesse d’une richesse nouvelle. Je peux y consacrer beaucoup de temps, surtout si sa structure m’est étrangère, voire rébarbative. Il me faut l’écouter plusieurs fois, circuler dans ses méandres, en reconnaître progressivement les thèmes et les divers passages. Je sens alors en moi se creuser et se façonner un réceptacle nouveau, un lieu de plaisir qui pourra l’accueillir encore et encore. À la radio ou à la télévision musicale, j’attends avec impatience le nom des œuvres qu’on va jouer et qui vont peut-être combler de riches souvenirs les prochaines minutes. C’est la surprise ! Et si, à la fin de la soirée, on annonce le Don Giovanni de Mozart ou le Tristan et Isolde de Wagner, oubliant mon projet de me coucher tôt en prévision

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