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Julie et Salaberry

Julie et Salaberry

Titel: Julie et Salaberry Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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forte tête. Tu sais ce qu’il en coûte de s’attaquer à un sergent?
    â€” C’est pas un officier maigrelet qui va me faire peur, brava Boucher en se plantant devant lui avec insolence.
    â€” C’est ce que nous allons voir, répondit le major.
    Il attrapa le bras du rebelle pour le tordre jusque dans son dos. L’homme se contorsionna, puis s’agenouilla sous la douleur. Une clameur mêlée d’admiration et d’effroi parcourut miliciens et voltigeurs qui avaient accouru, alertés par les cris.
    â€” Eh bien! chuchota Louis à Godefroi. Mieux vaut pour sa santé ne pas trop se frotter au major.
    â€” Silence! ordonna Salaberry. Et il relâcha celui qu’il maintenait toujours à genoux. Sergents, faites votre travail.
    Vaincu, l’homme se laissa emmener. Salaberry s’adressa à ceux qui observaient la scène.
    â€” J’exige de l’ordre et de la discipline. Nous ne savons pas quand l’ennemi arrivera, mais il faut s’entraîner à pouvoir le jeter hors de nos murs.
    Un nouveau murmure, approbateur cette fois, se répandit parmi les hommes. Voyant qu’il avait regagné leur confiance, Salaberry radoucit le ton.
    â€” Je sais, nous manquons de tout. Mais cette situation ne durera pas. Je vous demande d’être patients. Je n’ai nulle envie de vous voir crever de faim. Entre-temps, mes amis, le gouverneur arrivera dans quelques jours pour la revue et nous allons l’impressionner.
    â€” Hourra pour les Voltigeurs! cria quelqu’un.
    â€” Oui, hourra pour les Voltigeurs et notre major! reprit à son tour Godefroi. Par ma vie, not’ major, c’est quelqu’un, tout de même, ajouta-t-il à l’intention de Louis, une fois que Salaberry et les deux capitaines eurent disparu.
    Rien ne pouvait faire faiblir son admiration pour Salaberry.
    â€” Mouais… Y paraît que de nouvelles compagnies arrivent encore.
    â€” Y’a plus de place nulle part! observa Godefroi en jetant un regard circulaire tout autour de lui, où il n’y avait qu’une forêt de petites tentes blanches réglementaires, semblables à celle qu’il partageait avec Louis. Je me demande où on va loger tout ce monde-là!

    Ã€ Montréal, rue Bonsecours, le capitaine Jacques Viger avait rassemblé son gréement guerrier: le havresac, le fusil et l’impressionnant shako recouvert de poil d’ours. Prêt à partir, il embrassait à pleine bouche l’exquise Marguerite de La Corne, devenue madame Viger, son épouse.
    â€” Mon ami, fit celle-ci en se retirant avec difficulté des bras tendres de son mari, vous allez manquer le bac et faire attendre tous ces hommes que vous avez recrutés et que vous menez à Chambly.
    â€” Je vous enverrai quelque pécune dès que je recevrai ma paye, dit finalement Jacques Viger qui avait largement fait appel à sa bourse pour le recrutement en avançant de l’argent à plusieurs de ses hommes qui en étaient sans ressources. Ma pauvre amie, il ne nous reste plus grand-chose après avoir payé tout ce barda. Je n’ai pas un denier à vous laisser.
    Il apportait également des victuailles – on n’est jamais trop prudent! – et de rares effets personnels.
    â€” Partez tranquille. L’argent finira bien par arriver. Je sais à quel point votre service sera dur et je suis confiante que vous aurez assez de courage et de patience pour aller jusqu’au bout. C’est ainsi qu’on est vraiment un homme.
    Fille de militaire et veuve d’un major de l’armée britannique, madame Viger connaissait sur le bout de ses doigts son rôle d’épouse d’officier.
    â€” Surtout, rappelez-vous de ce que je vous ai confié sur le caractère du major de Salaberry. Il est exigeant et prompt, mais aussi franc que brusque. Si vous lui plaisez, il ne dira que du bien de vous. Et vous avez déjà fait plusieurs pas dans cette direction, puisque c’est lui qui vous a invité à joindre les Voltigeurs.
    â€” Je me rappellerai vos conseils, ma mie. Adieu, ma toute belle!
    â€” Écrivez-moi dès que vous serez arrivé à Chambly.
    â€” Je vous régalerai de si longues épîtres qu’elles occuperont toutes vos soirées. Et faites de même en adressant vos lettres chez le docteur Talham.
    Viger embrassa une

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