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Julie et Salaberry

Julie et Salaberry

Titel: Julie et Salaberry Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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gouverneur vous accorde la permission de mettre sur pied vos Voltigeurs. C’est même un ordre. Vous voyez que votre patience envers Prévost a porté ses fruits.
    â€” Ah! Sir, quelle bonne nouvelle, en effet, vous m’apprenez là! déclara Salaberry. Et que dites-vous de ceci? demanda-t-il en exhibant un document de sa poche.
    Rottenburg examina avec attention et satisfaction la description détaillée du futur régiment des Voltigeurs canadiens.
    â€” Mon cher major, je vois que je n’ai plus rien à vous apprendre, approuva le général. Vous êtes nés pour l’art militaire, vous autres, les Salaberry. Encore récemment, je n’ai entendu que du bien de votre jeune frère, Édouard. Il serait avec l’armée de Wellington?
    â€” Il vient d’achever sa formation d’ingénieur militaire, confirma Salaberry. La campagne d’Espagne sera pour lui une belle occasion de montrer ce qu’il sait faire.
    â€” Dure campagne que celle-là, fit Rottenburg en fronçant des sourcils.
    La guerre ravageait le vieux continent. Les Britanniques se battaient en Espagne contre les Français, mais ces derniers tenaient toujours tête aux armées européennes qui cherchaient à abattre Napoléon, dont les visées expansionnistes semblaient démesurées. Au Portugal, l’armée anglaise et ses alliés portugais luttaient férocement pour empêcher les armées napoléoniennes d’atteindre ce pays par la frontière hispano-portugaise. Les Britanniques tentaient d’entrer en Espagne. L’objectif était Badajoz, une forteresse frontalière occupée par les Français et qu’on prétendait imprenable.
    â€” On dit que Wellington manque d’effectifs, commenta Rottenburg.
    â€” Et si les États-Unis déclarent la guerre à l’Angleterre, au Canada, nous en manquerons encore plus.
    â€” D’où l’importance de vos Voltigeurs, Salaberry.
    Leur conversation s’interrompit: trois messieurs s’approchaient de leur table, visiblement pour les saluer. Salaberry reconnut non sans irritation le notaire Boileau. L’un de ses compagnons, un jeune homme pas très grand aux traits disgracieux, mais au regard vif et intelligent, lui sembla vaguement familier. L’autre était un bel homme à la démarche assurée, vêtu avec une élégance recherchée. «Un authentique dandy», songea Salaberry.
    â€” Ainsi, notaire, il vous arrive de quitter votre village? fit Salaberry. Mon général, permettez que je vous présente le notaire René Boileau, de Chambly. Comment se porte votre famille, monsieur Boileau?
    â€” Fort bien, je vous remercie.
    â€” Et la charmante cousine de mon aide de camp? demanda Rottenburg d’un ton espiègle avec un clin d’œil à Salaberry. Les jeunes filles de Chambly sont des plus avenantes, m’assure-t-on.
    â€” Mademoiselle de Rouville se portait à merveille aux dernières nouvelles, Sir.
    â€” Vous l’avez vue récemment? demanda Salaberry, soudainement suspicieux.
    â€” Pas dans les derniers jours, répondit simplement le notaire, puisque je suis à Montréal pour affaires depuis une semaine, déjà.
    Salaberry s’irritait. Bêtement, le fait que Boileau donne des nouvelles de sa cousine l’exaspérait. Lorsqu’il s’agissait de Julie, le notaire avait le don de réveiller chez lui un sentiment de jalousie inexpliquée.
    Ã€ son tour, le notaire présenta ses compagnons:
    â€” Mon vieil ami, confrère de collège et avocat de Montréal, monsieur Louis-Michel Viger, dit-il en désignant le dandy. Et ce monsieur est son cousin, Jacques Viger.
    Ce dernier, visiblement heureux de rencontrer Salaberry, secouait déjà sa main.
    â€” Major de Salaberry, c’est un honneur et un vif plaisir de serrer la main de l’un des rares Canadiens à s’illustrer dans l’armée britannique, dit Jacques Viger. Admirable, admirable, répétait-il avec ferveur.
    â€” Vous m’en voyez ravi, monsieur Viger.
    â€” J’ai bien connu votre père du temps que je vivais à Québec, il y a trois ans de cela. J’étais alors rédacteur au journal Le Canadien .
    â€” Mon père a en effet évoqué votre nom devant moi, fit Salaberry en se rappelant ses propos élogieux à propos du jeune

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