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La couronne et la tiare

La couronne et la tiare

Titel: La couronne et la tiare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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oui.
    Point de messire.
    – Quelles nouvelles depuis Montaigny ?
    – Aucune.
    – Mathilde vous a laissé partir ?
    – Mathilde est trépassée.
    – Ah ! Je vois…
    Que voyait-il ? N’avait-il pas appris la mort de cette folle ?
    – Que faites-vous là, parmi nous ?
    – J’observe comme à Poitiers et Brignais.
    L’allusion suffisait-elle ? Peut-être, mais le trigaud 142 jouait au sourdaud.
    –  Je suis ici de par la volonté du nouveau roi.
    L’Archiprêtre sentit-il une menace ? Il redressa son torse de fer et releva le viaire 143 de son bassinet, qui tombait un peu.
    –  Ah ! bien. C’est aussi par le vouloir de monseigneur Charles que je suis venu prêter main-forte à Bertrand. Je compte bien que nous mènerons nos gens à la victoire.
    Guesclin émit un ricanement gras et prolongé dont Tristan, s’il le lui avait adressé, se fut senti offensé :
    – Mon compère, dit-il, le commandement me revient, tu le sais. Ce n’est pas le vouloir mais l’exigence du roi. Ne s’avise point de transgresser mes volontés.
    S’il songeait plus que tous à la bataille et aux possibilités de victoire avec la conscience d’un serviteur des lis et la forcennerie d’un malandrin, son cœur n’entraînait pas ses méditations. Sa puissance, sa certitude de vaincre, il les tirait de son sang lourd et de ses muscles le bûcheron.
    – Tiens-le-toi pour dit, Cervole. J’espère te trouver tout près de moi, et sache que…
    L’arrivée de deux autres coureurs interrompit l’avertissement du Breton. Il alla les rejoindre. Ils parlèrent, mais Tristan ne sut rien de ce qu’ils s’étaient dit.
    *
    On repartit, les compagnies espacées de quelques toises sous la conduite d’un capitaine ou d’un chevalier. On atteignit ainsi la Croix-Saint-Lieufroy. Il y avait en ce lieu une abbaye bénédictine du diocèse l ’Évreux qui, si l’on passait la nuit, fournirait un excellent gîte aux nobles hommes. On serait protégé quelque peut sur la dextre par l’Eure, en ces lieux calme et peu profonde (405) . On se hâta d’abreuver les chevaux.
    Les chefs entrèrent dans l’abbaye, s’y désaltérèrent et rafraîchirent. Ils en ressortaient quand un coureur parut, à la recherche de Guesclin.
    – Sire chevalier, par le Dieu sauveur ! Nous ne pouvons trouver manant, loudier (406) , laboureur qui sache nous dire où est le captal… Mais ce qui est sûr, c’est qu’il est sorti d’Évreux, menant avec lui bien treize cents Anglais bons jouteurs… Je vais revenir chercher par le pays et les chemins mais présentement, je ne saurais vous dire où ils se sont mis !
    – Va, Cloarec, et cette fois, trouve-les !
    Puis, s’adressant au comte d’Auxerre :
    – Par ma foi, je suis sûr que ces males gens sont mussés près d’ici, en quelque détour. Ils nous pensent surprendre ainsi que des pasteurs, mais nous leur jouerons quelques tours… Or, tôt, Quéméré : trouve Couzic. Hénaff, Quintric et partez… Soyez prompts. Allez courir les bois et prenez par-devers Cocherel qui est situé sous Évreux : c’est un hameau chétif. Vous nous y retrouverez et nous rapporterez, s’il vous plaît, de quel côté sont le captal et ses hommes. Il nous faut le voir, les combattre et les mettre en déroute. Même s’il nous faut les affronter à trois contre un, nous en viendrons à bout !
    Bertrand fit sonner les cors, et comme il avait avec lui cinq ménestrels dont trois jouaient de la cornemuse, il les fit placer au centre d’un pré, tandis que sur son commandement, l’armée se présentait une nouvelle fois à lui. Quand les cornemuseurs cessèrent leurs miaulements, deux tambours battirent et sur un geste interrompirent leurs roulements.
    A pied, cette fois, Guesclin passa devant les hommes tandis que les seigneurs, derechef, se trouvaient relégués dans un angle du terrain, à l’ombre d’un bouquet d’arbres.
    – Prud’hommes, leur dit-il, n’ayez point cœurs d’agneaux. S’il y a parmi vous des compères qui craignent pour leur peau, je leur donne congé d’aller en leur hôtel, car je le sais nous allons avoir bataille et s’il y a tel, vieil ou jouvenceau qui se mette à fuir – holà ! entends-tu, Cervole ? – je le ferai accrocher par le cou… Et ce que je dis là, je le dis également à vous tous : archers, arbalétriers, guisarmiers, vougiers à pied ou à cheval !
    – Nenni ! répondit un soudoyer. Je parle au nom de mes compagnons : nous

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