La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours
arrêter tous en même temps. ª
Au-dessus de l'allée privée, les cimes des arbres formaient une vo˚te presque aussi sombre que la nuit.
Dans le petit véhicule qui franchissait la prairie couverte de neige et l'emmenait vers les énormes portes blindées, le colonel Falkirk ne cessait de réfléchir à la catastrophe que déclencherait la révélation du secret de Thunder Hill.
Du point de vue politique, la nouvelle reléguerait le scandale du Watergate au rang d'aimable plaisanterie.
Un nombre incroyable d'institutions gouvernementales étaient cette fois-ci impliquées dans la couverture
- FBI, CIA, National Security Agency, armée des Etats-Unis, armée de l'air, autant d'organisations ayant eu tout au long de l'histoire l'occasion d'opérer dans la plus grande défiance réciproque. Le fait que tous ces groupes aient pu oeuvrer de concert depuis dix-huit mois et, de surcroît, sans le moindre accident prouvait bien la gravité de la situation. Bien s˚r, très peu d'hommes de chaque organisation savaient ce qui était vraiment arrivé-pas plus de six au FBI, un peu moins à la CIA; la plupart des agents impliqués dans les opérations de couverture ne savaient même pas ce qu'ils couvraient, et c'était pour cela qu'il n'y avait pas eu de fuites. En revanche, les ńuméro un ª de chaque organisation-le directeur du FBI, celui de la CIA, le chef d'état-major de l'armée de terre-étaient au coeur du secret. Au même titre, cela va de soi, que le président du groupe interarmées, le secrétaire d'…tat, le vice-président, le président des Etats-Unis et ses plus proches conseillers. Nombre de personnages importants pourraient perdre tout crédit si cette affaire n'était pas maîtrisée avec la plus extrême fermeté.
La catastrophe politique entraînée par la divulgation du secret ne serait toutefois qu'une infime partie du désastre. Le Cérire-groupe de réflexion au sein duquel se trouvaient pêle-mêle physiciens, biologistes, anthropologues, sociologues, théologiens, économis-tes, éducateurs et autres spécialistes-avait longuement réfléchi sur ce type de crise, plusieurs années avant qu'elle n'éclat‚t au Nevada. Le Cérire avait publié un rapport top secret sur ses conclusions, document de douze cents pages dont la lecture était plutôt troublante. Falkirk le connaissait par coeur: il était en effet représentant de l'armée au sein du Cérire et avait participé à la rédaction d'un certain nombre de textes.
Au sein du Cérire, l'opinion était unanime: le monde ne serait plus jamais le même si un tel événement devait se produire. Toutes les sociétés, toutes les cultures seraient radicalement bouleversées à tout jamais.
Les décès prévus pour les deux premières années se chiffraient par millions.
Le lieutenant Horner freina à une vingtaine de mètres des gigantesques portes blindées installées dans la paroi montagneuse. Il n'attendit pas l'ouverture des barrières, sa destination n'étant pas l'entrepôt de Thunder Hill. Il tourna à droite et se gara sur une aire de stationnement.
Les portes mesuraient chacune plus de dix mètres de haut et sept de large; elles étaient si épaisses qu'on ne pouvait les manoeuvrer que très lentement, créant ainsi un grondement qu'on pouvait entendre à plus d'un kilomètre et sentir sous ses pieds à plusieurs centaines de mètres. quand un camion chargé de munitions, d'armes ou de documents se présentait devant les portes, celles-ci mettaient plus de cinq minutes à
s'écarter. C'est pourquoi il y avait une autre porte, de dimensions plus humaines bien que tout aussi solide, à une douzaine de mètres de là.
Il n'y avait pas au monde de meilleur endroit que Thunder Hill pour abriter le mystère du 6 juillet.
C'était une forteresse inexpugnable.
Falkirk et le lieutenant Horner descendirent de voiture et se dirigèrent à la h‚te vers la petite porte d'acier. Presque aussi résistante que l'énorme portail, elle était pourvue d'une serrure électronique qui ne s'ouvrait que lorsque quatre chiffres donnés étaient composés sur un clavier. Le code changeait toutes les deux semaines et ceux qui le détenaient ne devaient faire appel qu'à leur seule mémoire. Leland Falkirk tapa le code et la porte glissa en une seconde sur le côté malgré son poids énorme et ses trente-cinq centimètres d'épaisseur.
Ils pénétrèrent dans un tunnel de béton de quatre mètres de long et de trois mètres de diamètre.
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