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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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est-ce que tu vas
être? — Chez Carole. Elle passe ses journées toute seule.
     
    Son temps
approche. J'aime pas ça qu'elle soit toute seule. Ça m'énerve. J'ai décidé qu'à
partir de demain, je vais aller passer la journée avec elle tant qu'elle aura
pas accouché.
     
    — C'est parfait,
ça, fit son mari, amer. Encourage-la donc à continuer. Comme ça, quand elle en
aura un deuxième et même un troisième bâtard, elle pourra toujours compter sur
sa mère.
     
    — Aïe! Ça va faire!
s'écria-t-elle, hors d'elle. C'est notre fille après toute! Je la laisserai pas
crever comme un chien toute seule dans son coin parce qu'elle nous a fait honte
une fois, bonyeu! Reviens-en! Là, tout le manger
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    est prêt pour les
fêtes et c'est pour ça que j'ai travaillé comme une folle toute la journée. Je
veux pas la laisser toute seule. Il me semble que c'est facile à comprendre,
ça.
     
    La fin de
semaine, Marthe est là, mais la semaine, il y a personne avec elle.
     
    — C'est correct!
C'est correct! Tu feras encore à ta tête, comme d'habitude! dit Gérard sur un
ton sec. Moi, je m'en mêle pas.
     
    — De toute façon,
on soupera pas tellement plus tard que d'habitude. Je vais préparer le souper
d'avance et j'aurai juste à le faire réchauffer en arrivant, expliquât-
    elle.
     
    Le lendemain
matin, la mère de famille se leva encore plus tôt que d'habitude dans un
appartement glacial où le givre avait fait son apparition dans chaque fenêtre
de la maison. Elle se dépêcha de faire sa toilette et Gérard la trouva déjà
habillée quand il entra dans la cuisine.
     
    — Ton déjeuner
est prêt, lui dit-elle. Je pars.
     
    — Pourquoi aussi
de bonne heure? — Je veux arriver là-bas avant que Marthe Paradis soit partie
travailler.
     
    — Et qu'est-ce
que t'as dans ce sac-là? lui demanda-
    t-il, intrigué
par le sac de papier kraft qu'elle avait déposé sur la table.
     
    — Mon dîner. Tu
penses tout de même pas que je vais me faire nourrir par notre fille? Il y a
ben assez qu'elle doit tirer le diable par la queue depuis qu'elle travaille
pas.
     
    Sur ces mots,
Laurette quitta la maison. Il faisait encore noir et le froid était intense.
Elle marcha jusqu'à la rue Sainte-Catherine en longeant le trottoir qui n'avait
pas encore été dégagé de toute la neige tombée l'avant-veille.
    À sept heures
trente, elle sonna à l'appartement de la rue Saint-Denis. Marthe, stupéfaite,
la découvrit sur le pas de sa porte.
     
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    — Mon Dieu!
madame Morin, il y a quelqu'un qui vous a jetée en bas de votre lit à matin,
plaisanta-t-elle en
    la faisant entrer
dans le couloir.
     
    — Je voulais
arriver avant que tu partes, expliqua Laurette, le souffle court d'avoir monté
l'escalier. Je me suis arrangée pour venir passer la journée avec Carole
pendant que tu vas être à l'ouvrage. Je veux faire ça tous les jours, tant
qu'elle aura pas acheté.
     
    — Votre mari a
rien dit? demanda la monitrice.
     
    — C'est des
affaires de femme, trancha Laurette en retirant son manteau. Ça le regarde pas.
     
    — En tout cas, je
vais aller travailler pas mal plus
    tranquille en
vous sachant à la maison, reconnut la jeune femme en la faisant passer dans la
cuisine.
     
    À l'instant même,
la porte de la chambre de Carole s'ouvrit et la future mère entra dans la
pièce, les yeux boursouflés de sommeil.
     
    — M'man! Mais
vous faites vos visites de politesse ben de bonne heure aujourd'hui.
     
    — Je viens passer
la journée avec toi. J'aime mieux être ici dedans avec toi qu'à me ronger les
sangs toute seule à la maison à me demander si t'es correcte.
     
    — Bon. Moi, je
vais finir de me préparer, dit Marthe Paradis en se dirigeant vers la salle de
bain. Je suis pas en avance.
     
    — Pendant que j'y
pense, fit Laurette en déposant son sac de papier sur la table. Je vous ai
apporté une tourtière et une tarte aux raisins pour votre réveillon ou pour
Noël.
     
    Elles sont
congelées toutes les deux.
     
    — Vous êtes ben
fine, madame Morin, dit Marthe. Ma mère m'a montré comment faire du pain et des
beignes, mais pour la pâte à tarte, je suis pas capable.
     
    — Pauvre toi! la
plaignit la visiteuse. T'es comme moi.
     
    J'ai toujours
toute la misère du monde à la réussir.
     
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    Après le départ
de la monitrice pour la banque, Laurette fut surprise d'apprendre de la bouche
même de sa fille que Jean-Louis venait rendre visite aux deux jeunes femmes une
ou deux fois

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