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La grande guerre chimique : 1914-1918

La grande guerre chimique : 1914-1918

Titel: La grande guerre chimique : 1914-1918 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Olivier Lepick
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développer les moyens de défense passive (les masques
respiratoires qui permettraient d’atténuer cet effet de surprise si
potentiellement dévastateur). Ainsi, c’est à peu près à cette date qu’apparurent
les premiers masques respiratoires de protection dignes de ce nom. Ils
permirent de réduire considérablement l’impact physiologique et psychologique
des attaques chimiques, et donc de modifier leur utilisation tactique. Les
hommes allaient bientôt recevoir, de part et d’autre, une formation militaire
spécifique à la guerre des gaz. L’arme chimique ne pouvant plus jusqu’à nouvel
ordre provoquer une percée décisive, elle allait devenir une arme d’appui et
surtout, d’usure de l’ennemi. Surprendre l’adversaire ne signifiait pas
seulement garder secrets le lieu et l’heure de l’offensive chimique, mais aussi
et surtout innover et perfectionner sans cesse les agents chimiques dans le but
de déjouer les protections respiratoires de l’adversaire.
    La presse alliée fut fort discrète sur cette attaque. La
censure veillait et les autorités politiques et militaires jugeaient qu’il
était bien trop tôt pour informer l’opinion de l’adoption des procédés ennemis,
condamnés peu avant de façon énergique. Seul le Times, dans son édition
du 5 octobre, annonçait l’attaque de Loos en des termes très prudents.
Dans son rapport quotidien daté du 15 octobre 1915, soit près de
trois semaines après l’offensive de Loos, le Field Marshal French
écrivait : « En raison de l’utilisation répétée par l’ennemi de gaz
asphyxiants lors d’attaques sur nos positions, j’ai été contraint de recourir à
des méthodes similaires. Des unités ont été constituées pour assurer cette
réplique dans le cadre des opérations qui ont débuté le 25 septembre 1915. » [349] Cette
déclaration sibylline marquait l’entrée officielle de la Grande-Bretagne dans
le conflit chimique. Sous l’influence de Charles Howard Foulkes, les
Britanniques restèrent longtemps, trop longtemps sans doute, fidèles à la
technique des nuées dérivantes et, durant la bataille de la Somme, ils effectuèrent
plus de cent cinquante attaques par nappes de gaz. La guerre chimique venait
ainsi de franchir, à Loos, une nouvelle étape.

CHAPITRE VI

Les vagues gazeuses dérivantes :
1915-1918
    « Avec la vague, la mort
nous a enveloppés, elle a imprégné nos vêtements et nos couvertures, elle a tué
autour de nous tout ce qui vivait, tout ce qui respirait (…) Nous avions tout
vu : les mines, les obus, (…) les blessures les plus affreuses et les
avalanches de fer les plus meurtrières mais tout cela n’était pas comparable à
ce brouillard qui, pendant des heures longues comme des siècles, a voilé à nos
yeux l’éclat du soleil, la lumière du jour, la pureté de la neige. »
    Les gaz, à ceux qui les ont vus, Le Filon, 1917.
    Les nuées dérivantes étaient produites en émettant
directement des tranchées de lourds gaz nocifs que le vent devait porter vers
les lignes ennemies. Cette technique fut inaugurée le 22 avril 1915
par les forces allemandes dans la région d’Ypres. Elle fut ensuite adoptée par
l’ensemble des belligérants. Ce fut là sans doute l’un des modes offensifs les
plus extraordinaires de la guerre et paradoxalement l’un des plus mal connus.
On dénombre près de 409 émissions de gaz à partir de cylindres pressurisés
entre 1915 et 1918 (301 pour la Grande-Bretagne [350] , 51 pour la
France, 50 pour l’Allemagne, 6 pour la Russie, et 1 pour l’Autriche-Hongrie).
Ce chiffre comprend les opérations menées sur l’ensemble des fronts par tous
les protagonistes. On conviendra qu’il est impossible, dans le cadre de cette
étude, de faire une analyse exhaustive de l’ensemble de ces opérations. Nous
nous contenterons donc d’évoquer les plus significatives d’entre elles. Seules
les attaques françaises par nuées dérivantes seront ici intégralement énumérées
dans la mesure où, jusqu’à aujourd’hui, ce recensement n’avait jamais été
effectué, contrairement à ce qui avait été fait pour les émissions allemandes,
britanniques, russes et austro-hongroises. En effet, la plupart des auteurs
évoquent le chiffre d’une vingtaine d’attaques françaises par nappes sans les
énumérer, ni même citer de sources précises. Ce chiffre, on le verra, est
largement en deçà de la réalité.
    Les gaz utilisés pour les opérations de

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