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La grande guerre chimique : 1914-1918

La grande guerre chimique : 1914-1918

Titel: La grande guerre chimique : 1914-1918 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Olivier Lepick
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verrons en effet, ce mélange fut probablement inauguré en mai 1915
sur le front oriental, et en octobre sur le front occidental contre des
positions françaises près de Reims [354] .
    L’état-major russe, averti des menaces d’attaques chimiques
qui pesaient sur ses troupes, avait pris des dispositions, certes
rudimentaires, pour protéger les fantassins des premières lignes. Il entreprit
également la fabrication de protections respiratoires. En attendant les
premières livraisons, la protection du fantassin consistait en un dérisoire
morceau de tissu ou de coton imprégné de thiosulfate de soude. Il fallait du
temps pour en équiper la troupe et, au moment de l’attaque allemande, très peu
d’hommes en disposaient. Au milieu du mois d’avril 1915, l’OHL proposa au général Mackensen,
qui commandait le front des Carpates, d’avoir recours, en vue de son offensive
à Gorlice, aux nouvelles unités de guerre chimique fraîchement constituées. À cet
effet, le 36 e  régiment de pionniers, qui n’existait que depuis
quelques jours, fut dépêché sur le front oriental au début du mois de mai. Le P r  Haber
était également du voyage. Mais, en arrivant sur place, ils ne purent que
constater l’impossibilité d’une opération chimique par nuées dérivantes en
raison de la topographie par trop tourmentée des lieux. Il fut donc décidé de
rattacher le 36 e  régiment de pionniers à la IX e  armée
qui opérait en Pologne au sud-ouest de Varsovie. C’est dans cette région que
les forces allemandes menèrent, entre mai et juillet 1915, trois
importantes émissions de gaz [355] . Les pionniers
allemands commencèrent à installer les cylindres à partir de la mi-mai. Le 31 mai 1915 [356] ,
lors d’une offensive générale de la IX e  armée allemande vers
Varsovie, 264 t de chlore additionné de 5 % de phosgène [357] contenues dans 12 000 cylindres pressurisés, furent relâchées dans l’atmosphère
dans le secteur de Bolimòw, plus précisément à Skierniewice, contre deux
divisions d’infanterie de la II e  armée russe. Entre 3 et 5 heures,
sur un front de 12 km de large, un nuage vert-jaunâtre glissa vers les
lignes russes. Malgré les vents favorables, l’opération fut un échec au regard
des espérances de l’état-major allemand. À leur grande surprise, les fantassins
allemands, auxquels on avait pourtant assuré que le nuage de gaz annihilerait
toute résistance, se heurtèrent à une étonnante combativité des forces russes.
L’attaque fut considérée à l’OHL comme un revers. Elle avait cependant coûté
près de 9 000 hommes à l’armée russe, dont 1 200 mortellement
atteints. Le 12 juin, vers 3 h 30, une seconde attaque chimique
eut lieu sur un front de 6 km le long de la rivière Bzura en direction de
son affluent, la Pisia. Malgré un vent changeant, les fantassins allemands
progressèrent de plusieurs kilomètres [358] . Enfin, à l’aube
du 6 juillet 1915, deux dernières émissions de chlore additionné de
phosgène eurent lieu, la première entre les villages de Humin et Borzymow, la
seconde près de Sochaczew. Plus de 180 t de substances délétères furent
utilisées, mais, en changeant de direction subitement, le vent ramena le nuage
vers les lignes allemandes, qui subirent 1 450 pertes dont 138
mortellement gazées [359] .
Dans ces conditions, l’opération, qui n’avait permis à l’infanterie allemande
que de gagner quelques centaines de mètres, fut jugée désastreuse.
    Le P r  Haber parvint à convaincre les
militaires d’expérimenter les nuées dérivantes contre des positions statiques
fortifiées, et plus particulièrement la forteresse russe d’Osowiece au nord-est
de Varsovie. Le 6 août 1915, les conditions idéales semblaient réunies :
temps calme, terrain plat, vent modéré (1 à 2 m/s), et nuit fraîche… Les
fantassins allemands avaient disposé quelque 12 300 cylindres (220 t
d’un mélange de chlore-phosgène) sur un front de 4 km, soit une densité
exceptionnelle de 55 t/km. À 4 heures du matin, l’ensemble du gaz
contenu dans les cylindres fut libéré. Mais il semble que les services de
renseignement russes aient eu vent de la nature de l’attaque qui se tramait.
Dès que le nuage commença sa progression vers les fortifications, de larges
feux furent allumés devant la forteresse, et le courant ascendant ainsi créé
dispersa en partie le nuage toxique, réduisant considérablement

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