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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Robbins
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l’homme. Baissant les yeux, elle vit ce qui l’entourait, les cadavres et la haine, la honte, à découvert maintenant, brillants et propres sous la pluie de ses larmes.
    Il la tint contre lui. Les bras de Zaïtsev étaient des ailes qui la libéraient de la glace, qui la faisaient monter sous l ‘averse, dans le vent giflant les ruines de la ville, trempées de ses pleurs.

21
     
    Le sang avait traversé la mince toile de lin couvrant le corps et dessiné une rosette au-dessus de la tête. Bon Dieu, pensa Zaïtsev, avec le nombre de couvertures qu’on nous parachute, ils pouvaient pas en trouver une un peu plus épaisse pour Morozov ?
    Konstantin Danielovitch Morozov avait été l’un des ours de Viktor et un ami de Zaïtsev au 284 e , un Sibérien comme lui. C’était maintenant un cadavre massif, abattu d’une balle sous l’œil droit, l’arrière du crâne fendu. Le projectile qui l’avait tué avait ricoché sur la lunette de son fusil, qu’elle avait fracassée.
    Zaïtsev s’écarta quand deux hommes chargèrent la civière sur un traîneau. Ils porteraient le corps dans une des grottes du bord de l’eau, là où l’on entreposait les morts en attendant de pouvoir les évacuer et les enterrer sur l’autre rive, une fois le fleuve gelé.
    Lorsque la Volga deviendra solide, on verra tous ces morts former un collier de traîneaux, pensa le Lièvre, comme d’innombrables fourmis noires quittant un pique-nique. Les cadavres traversant dans un sens, les couvertures et la vodka dans l’autre. Mais toujours pas de munitions. Ni de renforts.
    C’est le signe sûr qu’il se passe quelque chose. Depuis août, les Allemands ont lancé dix divisions contre nous.
    Nous avons tenu avec moins de cinq divisions de renforts. Mes tireurs d’élite n’ont pas vraiment reçu en novembre les munitions qu’il leur aurait fallu pour opérer pleinement. Même Ataï Tchebibouline n’a pas réussi dans ses efforts pour nous fournir des balles.
    Les généraux et les zampolit nous serinent qu’il faut tenir. Tenir pour quoi ? On nous a donné comme boulot d’attirer le plus grand nombre possible de Boches dans la ville et de les y bloquer. On pourrait les déloger tout de suite de Stalingrad avec des renforts et des munitions. Les nazis tremblent, ils ont perdu espoir. Ils sont sans force. C’est plus des soldats, juste l’enveloppe molle d’hommes qui ont arrêté de combattre. Mais Staline et ses généraux retardent leur offensive, ils stockent nos munitions, ils nous laissent en échec. Ça veut dire qu’ils préparent une contre-attaque. Sûrement. Ils nous ont pas oubliés.
    Il se prépare quelque chose. C’est pour bientôt.
    Thorvald aussi le sait. Forcément. Il est colonel. Pas un petit sous-off comme moi qui reçoit ses informations par le téléphone arabe ou les articles aseptisés écrits par les collègues de Danilov. On a envoyé Thorvald ici uniquement pour me tuer, moi. Comme il rentrera quand il aura fait son travail, il doit être pressé d’en finir.
    Zaïtsev regarda pardessus la croûte de glace qui se formait au bord du fleuve. Sibérien, il avait vu de nombreux fleuves gelés, il savait que la glace ne serait pas assez épaisse pour permettre le passage de camions et de charrettes tirées par des chevaux avant la mi-décembre. Et Morozov, sibérien lui aussi, ne verrait plus jamais de fleuves ni de ciel ni de vie.
    Le Lièvre détourna les yeux. Un autre ami. Un autre héros transporté sur un traîneau comme un paquet. Un souvenir de plus à préserver et à venger.
    Morozov.
    Ça sent la main de Thorvald. Il me parle. Il m’adresse des messages, il dessine le plan de l’endroit où le rencontrer, il gribouille dans le sang de Baugderis, de Koulikov, de Morozov.
    Et de Shaïkine.
    Ilya avait reçu une balle dans le cou alors qu’il guettait pour Morozov dans le secteur 15, à la lisière sud du centre de la ville. Le secteur courait le long du front, sous l’usine Lazur, dans l’ombre du Mamayev Kourgan, l’après-midi. Dans cette mince bande de terrain, les soldats russes s’étaient retranchés à l’intérieur de plusieurs bâtiments redoutables et bien placés, forteresses inexpugnables sur lesquelles les assauts allemands se brisaient, vague après vague. Ils étaient si obstinément défendus qu’ils étaient devenus des repères sur les cartes de l’Armée rouge. La plupart du temps, ils portaient leur ancien nom — la Maison des Spécialistes, la Banque

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