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La guerre des rats(1999)

La guerre des rats(1999)

Titel: La guerre des rats(1999) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Robbins
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balai de bouleau, lui aurait recommandé de respecter ces esprits et de les écouter : ils appartiennent au monde des morts, ils savent des choses que nous ignorons.
    Il rangea le bloc et le crayon en se disant qu’il avait suffisamment mémorisé les détails. En outre, c’est pas le genre de bourde que je peux attendre de Thorvald. Le Professeur fera une erreur bien plus audacieuse que déplacer une brique ou allumer une cigarette. Et quand il la commettra, les esprits qui planent au-dessus de ce sang m’aideront à le trouver, à libérer son fantôme pour qu’il hante le dernier lieu qu’il aura occupé.
    Pour la première fois depuis qu’il avait appris la présence du colonel de SS à Stalingrad, Zaïtsev sentit renaître son instinct d’homme des forêts. Les voix murmurantes de son père, de son grand-père et des ancêtres qui avaient vécu dans la taïga étaient restées silencieuses jusqu’à ce qu’il vienne se poster à cet endroit, qu’il savait surveillé par Thorvald. Elles avaient attendu des indices, des similarités, des clefs pour ouvrir la cage d’un savoir plus profond.
    À présent que Thorvald était enfin à sa portée, l’instinct de Zaïtsev reprenait vie. L’Allemand était un homme, comme le Lièvre en avait chassé des centaines, mais il avait des pouvoirs que ne possédait aucun de ceux que Zaïtsev avait affrontés jusque-là. Ce nazi tirait merveilleusement bien ; il pouvait sculpter un visage avec des balles dans un mannequin en quelques secondes, tirant aussi rapidement que deux hommes.
    Il avait tué Morozov et Baugderis, frappés à travers la lunette de leur fusil, tandis que Koulikov et Shaïkine, deux des lièvres les plus aguerris, guettaient pour leurs camarades, avant d’être touchés eux aussi.
    Thorvald est hardi, pensa Zaïtsev. Il s’est glissé dans la tranchée de Koulikov pour prendre son fusil. Il est tordu, enragé, peut-être même. Il tire sur tout, gaspille des balles sur des mannequins et des infirmières. Il est cruel. Il est intelligent. Et comme tout homme de chair et de sang, il a peur d’être à Stalingrad.
    Le Professeur se concentre sur une seule tâche : m’attraper. Il est comme un loup gris devenu fou qui ne boit plus, ne mange plus et ne fait que tuer. Tout ce que fait la bête est dirigé vers ce seul objectif. C’est une faiblesse qui peut le trahir.
    Zaïtsev se leva lentement afin d’inspecter une dernière fois la place pour ce soir. La lumière avait décliné, les ombres s’infiltraient maintenant dans le sol. Il était temps de partir. Il passa son fusil à l’épaule, se baissa pour prendre le périscope. Sur le sol de la tranchée, plus sombre que la nuit qui tombait, il y avait la trace du sang de Morozov.
    — Je reviendrai demain matin, dit-il à ce sang.
    Deux heures plus tard, Zaïtsev entrait dans la casemate des tireurs d’élite.
    — Vasha, fit Koulikov en se levant.
    — Nikolaï !
    Le Lièvre serra son ami contre lui, l’embrassa sur chaque joue, puis le tint à bout de bras.
    — T’es de retour. Comment va la tête ?
    Koulikov inclina le front pour montrer la bande enroulée au-dessus de ses oreilles. Zaïtsev passa doucement un doigt à l’endroit où devaient se trouver les agrafes.
    — Ça tient, dit-il. T’as eu plus de chance que d’autres.
    Le sourire de Koulikov se fana. Tout à la joie des retrouvailles, Zaïtsev avait oublié Baugderis. Il repensa au crâne éclaté du lièvre, à Morozov, à Shaïkine et aux autres.
    — Je vais bien, déclara Koulikov. Ils m’ont viré du lit cet après-midi. J’ai appris ce qui est arrivé à Ilya et à Morozov.
    Zaïtsev posa son fusil et son sac dans son coin.
    — Je l’ai trouvé, Nikolaï, annonça-t-il. Shaïkine m’a envoyé droit vers lui. Je le sens, ce salaud. Je le sens.
    Koulikov regarda son chef dans les yeux. Le petit tireur d’élite déglutit, mais son visage continua d’être un masque impénétrable. Souvent Zaïtsev s’était interrogé sur le silence de cette face, qui ne trahissait rien de ce qui se passait à l’intérieur de l’homme. Ses traits, et jusqu’à ses bras et ses jambes, manifestaient toujours une impassibilité lunaire. C’était sans doute pour cette raison que Koulikov était le moins visible des lièvres en opération. Il portait le silence dans ses os.
    Zaïtsev revit par la pensée la tranchée où, quatre jours plus tôt, Baugderis et Koulikov avaient mis sur pied le stratagème de la boîte de

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